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La Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-SIDA) interpelle le gouvernement Legault pour que cet acte médical ne soit plus réservé seulement aux professionnels de la santé.
Un regroupement d'organismes de lutte contre le sida souhaite que Québec emboîte le pas à l'Ontario et la France, et autorise les intervenants communautaires à dépister le VIH à l'aide de tests rapides.
La Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-SIDA) interpelle le gouvernement Legault pour que cet acte médical ne soit plus réservé seulement aux professionnels de la santé.
Élargir cette pratique à des intervenants communautaires pourrait, selon la COCQ-SIDA, contribuer à atteindre l'une des cibles de l'Organisation des Nations unies pour éradiquer l’épidémie de VIH d’ici 2030, soit que 95 % de personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut.
La pandémie de COVID-19 a ralenti les efforts de dépistage du VIH au Québec. Le nombre de tests effectués est passé de 413 197 à 337 158, entre 2019 et 2020, soit une baisse de 18,4 %, avance la Coalition.
En 2021, le dépistage a connu un certain regain, mais sans retrouver son niveau prépandémique. Les chiffres pour l'an dernier ne sont pas encore connus.
«Toutes les ressources infirmières qui étaient auparavant engagées dans les actions de dépistage à proximité, en tandem avec les intervenants communautaires, ont été retirées de cette action et mises sur la COVID», relate Ken Monteith, directeur général de la COCQ-SIDA.
«On peut comprendre ça, mais on ne peut pas annuler réellement le dépistage du VIH», dit-il en entrevue.
Selon lui, les intervenants communautaires auraient pu représenter un plan de rechange durant la crise sanitaire s'ils avaient été habiletés à utiliser les trousses de détection rapide (TDR).
«Nous savons qu'il y a des intervenants communautaires qui sont formés et accrédités pour réaliser ces tests rapides. On a des partenaires en Ontario, en France, au Maroc et en Équateur qui le font», soutient M. Monteith.
Il croit que l'initiative pourrait aussi s'avérer une façon d'alléger la pression sur le réseau de la santé. Un outil de dépistage rapide requiert uniquement un test de confirmation d'un professionnel de la santé à la suite d'un résultat réactif.
L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) s'est penché sur l'approche communautaire dans ses derniers travaux portant sur l'optimisation du VIH dans la province, publiés en 2019.
L'INSPQ considère que l’ajout des intervenants communautaires aux professionnels de la santé «pourrait optimiser le dépistage du VIH au Québec, (...) en particulier auprès des communautés vulnérables n’ayant pas facilement accès à des services de dépistage dans les milieux cliniques».
Il souligne que «les expériences françaises et américaines sont positives».
«Les intervenants communautaires connaissent bien les besoins des clientèles et ont des horaires de travail adaptés à la réalité de ces dernières, peut-on lire dans le rapport de l'INSPQ. Les études montrent qu’ils sont aptes à développer les connaissances et les habiletés pour utiliser la TDR.»
L'analyse de l'INSPQ est partagée par M. Monteith. Le milieu communautaire est bien placé pour rejoindre des personnes ne fréquentant pas le réseau de la santé, soit par crainte ou en raison de mauvaises expériences.
Toutefois, l'INSPQ note certains «enjeux importants, mais non insurmontables» avec le dépistage communautaire, comme un lien aux soins plus difficile qu'en milieu clinique pour la confirmation des cas réactifs.
Au cabinet du ministre de la Santé, on dit être «très sensibles aux demandes» de la COCQ-SIDA.
«Nous avons tous le même objectif, améliorer l'accès à des soins de qualité pour tous les Québécois et nous sommes prêts à évaluer les différentes solutions pour y arriver. Nous avons demandé au ministère et à la Santé publique de nous revenir avec différentes propositions», a indiqué un attaché de presse du ministre Christian Dubé, dans une déclaration écrite.
En attendant un élargissement du dépistage par trousse de détection rapide, les organismes communautaires du Québec peuvent bénéficier depuis quelques mois d'un programme fédéral qui donne accès à des trousses d'autodépistage.
Ottawa a annoncé l'été dernier un financement de 8 millions $, permettant à différents organismes de distribuer ces autotests.
Au contraire des trousses de détection rapide, l'autotest ne peut être administré par un intervenant communautaire. Celui-ci peut seulement fournir des explications sur son utilisation.
Vers la fin mars, au moins 54 335 trousses d'autodépistage avaient été remises au milieu communautaire au pays, dont plus de 4000 au Québec, selon Santé Canada.
De ces trousses, 6717 avaient été distribuées à des individus au Canada, dont 548 au Québec.
La COCQ-SIDA indique que les autotests dans la province avaient notamment été distribués lors d’interventions individuelles ou d’événements consacrés à leur promotion.
On espère que le déploiement de ces trousses aidera à rejoindre une partie du 10 % de Canadiens vivant avec le VIH qui ne connaissaient pas leur statut, selon les estimations à la fin de 2020 de l'Agence de santé publique du Canada.
«On sait que quand une personne connaît son statut, est reliée aux soins et est sous traitement antirétroviral, elle ne transmet plus le VIH», fait valoir M. Monteith.
«Donc, au lieu d'avoir un bassin de personnes qui ignorent leur statut et qui peuvent transmettre le VIH, on veut le plus possible que les personnes connaissent leur statut et puissent avoir accès aux soins nécessaires, pour leur santé, mais aussi pour la santé publique», poursuit-il.
Jusqu'à maintenant, le tiers des personnes ayant reçu un autotest au pays depuis le début de l'initiative fédérale n'avait jamais été dépisté, mentionne M. Monteith.
Le programme d'Ottawa est toutefois ponctuel jusqu'à la fin de l'année financière 2023-2024. La COCQ-SIDA croit que les résultats des prochains mois sauront montrer la pertinence de pérenniser l'initiative.