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Le secrétaire général de l'OTAN a averti dimanche que Donald Trump mettait en danger la sécurité des troupes américaines et de leurs alliés.
Le secrétaire général de l'OTAN a averti dimanche que Donald Trump mettait en danger la sécurité des troupes américaines et de leurs alliés après que le candidat républicain à la présidence eut déclaré que la Russie devrait pouvoir faire «ce qu'elle veut» aux membres de l'alliance qui n'atteignent pas leurs objectifs en matière de dépenses de défense.
«Toute suggestion selon laquelle les alliés ne se défendront pas compromet notre sécurité dans son ensemble, y compris celle des États-Unis, et expose les soldats américains et européens à un risque accru», a affirmé le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, dans un communiqué.
S’exprimant samedi lors d’un rassemblement à Conway, en Caroline du Sud, Trump a rappelé comment, en tant que président, il avait déclaré à un membre non identifié de l’OTAN qu’il «encouragerait» la Russie à faire ce qu’elle souhaite dans le cas d’alliés de l’OTAN qui seraient «délinquants».
«Tu n’as pas payé ? Vous êtes un délinquant ?, a raconté Trump. Non, je ne te protégerais pas. En fait, je les encouragerais à faire ce qu’ils veulent. Tu dois payer. Tu dois payer tes factures.»
Les remarques de Trump ont suscité une profonde inquiétude en Pologne où on se préoccupe vivement de la guerre que mène la Russie en Ukraine.
«Nous avons une guerre chaude à notre frontière», a déclaré dimanche le premier ministre polonais Donald Tusk, exprimant ses inquiétudes quant à la capacité des États-Unis à faire preuve de «pleine solidarité avec les autres pays de l'OTAN dans cette confrontation qui promet de durer longtemps avec la Russie».
«Nous devons comprendre que l’Union européenne ne peut pas être un géant économique et civilisationnel ainsi qu'un nain en matière de défense, car le monde a changé», a-t-il soutenu dans un discours prononcé à l’occasion du début de la campagne de son parti pour les élections locales du printemps.
En 2014, les alliés de l’OTAN se sont engagés à consacrer 2 % de leur PIB à la défense d’ici 2024. Selon les estimations de l’OTAN au début de 2023, 10 de ses 30 États membres à l’époque étaient proches ou supérieurs à la barre des 2 %, tandis que 13 dépensaient 1,5% ou moins.
Aucun pays n’est endetté envers un autre ou envers l’OTAN.
M. Stoltenberg a indiqué qu’il s’attend à ce que «quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle, les États-Unis restent un allié fort et engagé au sein de l’OTAN».
Le gouvernement allemand n’a pas officiellement commenté les propos de Trump, mais son ministère des Affaires étrangères a souligné le principe de solidarité de l’OTAN dans une déclaration sur le réseau social X.
«"Un pour tous et tous pour un." Ce credo de l'OTAN assure la sécurité de plus de 950 millions de personnes», indique le communiqué.
Les commentaires de Trump ont particulièrement préoccupé les pays de première ligne de l'OTAN, comme la Pologne et les États baltes de Lituanie, de Lettonie et d'Estonie, qui étaient soit sous le contrôle de Moscou, soit pleinement intégrés à l'Union soviétique pendant la guerre froide. Les craintes y sont particulièrement vives compte tenu de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Le président polonais Andrzej Duda, qui est allié à l'opposition de droite et qui était considéré comme amical envers Trump pendant sa présidence, a écrit sur X que l'alliance polono-américaine devait être forte «indépendamment de qui est actuellement au pouvoir en Pologne et aux États-Unis».
Il a prévenu : «Offenser la moitié de la scène politique américaine ne sert ni nos intérêts économiques ni la sécurité de la Pologne».
Dans un éditorial publié dimanche, le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung a également appelé les pays européens à dépenser davantage dans la défense.
Il a soutenu que si Trump remporte à nouveau la présidence, des déclarations comme celle qu'il a faite samedi soir «augmenteront le risque que Poutine étende sa guerre. Les Européens ne peuvent faire qu'une chose pour contrer cela : investir enfin dans leur sécurité militaire conformément à la gravité de la situation».
Le mandat de Trump, marqué par son admiration ouverte pour le président russe Vladimir Poutine, est devenu un défi quasi existentiel pour l’OTAN, une organisation largement contrôlée par les États-Unis. La perspective d’un retour de Trump au pouvoir reste une profonde préoccupation parmi les alliés.
M. Stoltenberg a été félicité pour ses compétences diplomatiques qui ont permis de maintenir l’unité de l’OTAN pendant les années Trump, mais l’ancien premier ministre norvégien démissionne. Son successeur sera probablement annoncé au moment où les dirigeants alliés se réuniront à Washington pour le sommet du 75e anniversaire de l’OTAN en juillet.
En vertu de la clause de défense mutuelle de l’OTAN, l’article 5 de son traité fondateur, tous les alliés s’engagent à aider tout membre attaqué. L’article n’a été activé qu’une seule fois – par les États-Unis à la suite des attentats du 11 septembre 2001.
L’OTAN a entrepris son plus grand renforcement militaire depuis la guerre froide, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022.