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«Nous ne pouvons pas absorber nous-mêmes les tarifs douaniers de 25%. Nous fermerions en quelques semaines.»
Les propriétaires de librairies indépendantes du Québec et du Canada tirent la sonnette d'alarme face aux projets du gouvernement fédéral d'imposer de nouveaux droits de douane de rétorsion sur les produits américains, dont les livres.
À la librairie Pulp Books and Cafe de Verdun, le copropriétaire Alex Nierenhausen se prépare à l'impact.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
«Les marges des librairies indépendantes, des librairies en général, sont parmi les plus faibles du secteur de la vente au détail», a-t-il expliqué. «Nous ne pouvons vraiment pas nous permettre de subir le moindre revers.»
Mais un revers important est attendu le 2 avril, lorsque les livres seront inclus dans la liste canadienne des droits de douane de 25%.
Selon M. Nierenhausen, il s'agit d'une mesure sans précédent qui affectera plus de la moitié des livres de Pulp, ajoutant qu'elle dévastera l'industrie littéraire canadienne et n'aura que peu d'impact sur l'économie américaine.
«Nous ne pouvons pas absorber nous-mêmes les tarifs douaniers de 25%. Nous fermerions en quelques semaines.»
Face à des livres inabordables coûtant de 5 à 15 dollars de plus, M. Nierenhausen craint que les lecteurs n'aient d'autre choix que de se tourner vers des sites comme Amazon, qui, selon lui, peuvent se permettre d'absorber les droits de douane.
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Les livres américains ne seront pas les seuls à être touchés, car certains livres canadiens en langue anglaise sont imprimés aux États-Unis, y sont entreposés, puis expédiés au Canada, surtout s'ils sont publiés par une grande maison d'édition.
Le livre du premier ministre canadien, Mark Carney, Value(s) fait partie de ces livres imprimés au sud de la frontière.
C'est une question complexe, et la solution n'est pas aussi simple que de choisir d'acheter des livres canadiens, explique Rebecca West de l'Association des éditeurs anglophones du Québec.
«Où le livre a-t-il été écrit? D'où provient le papier? Où le livre est-il réellement imprimé? Où est-il ensuite entreposé et distribué, et où est-il finalement vendu? Donc, vous savez, dans le processus de création d'un livre canadien, c'est souvent un processus multinational, voire mondial», a-t-elle mentionné.
Mme West affirme que par le passé, les livres et autres produits culturels ont été exemptés de droits de douane.
«Les livres ne devraient pas devenir une arme. Et dans cette guerre commerciale vraiment complexe et permanente, ce serait sans précédent», a-t-elle ajouté.
Si les États-Unis réagissent en taxant les livres en provenance du Canada, beaucoup craignent que cela ne porte un coup dévastateur aux auteurs et éditeurs canadiens qui dépendent fortement des ventes aux États-Unis.
«Nous ne voulons pas que nos grands livres canadiens soient dissuadés d'être achetés par les librairies ou les bibliothèques américaines», a mentionné Mme West.
À l'approche de la date limite, les librairies indépendantes de tout le pays se sont tournées vers les médias sociaux, appelant les amateurs de livres à écrire à leur député, dans l'espoir qu'une pression suffisante incite le gouvernement à retirer les livres de la liste tarifaire.
«Nous devons rallier les troupes, nous devons commencer à faire du bruit», a lancé Alex Nierenhausen.