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Économie

Tarifs douaniers américains sur l'acier et l'aluminium: Ottawa contre-attaque

Cette riposte, qui doit entrer en vigueur demain à 00h01, touchera des milliers de produits américains.

/ Noovo Info

Le Canada a annoncé mercredi des contre-tarifs «réciproques» d'une valeur de 29,8 milliards de dollars canadiens sur les importations américaines après l'entrée en vigueur des tarifs douaniers de 25% sur l'acier et l'aluminium imposés par l'administration de Donald Trump.

Le ministre des Finances et Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie, François-Philippe Champagne, en ont fait l'annonce mercredi matin.

Cette riposte, qui doit entrer en vigueur jeudi à 00h01, touchera des milliers de produits américains. Selon M. LeBlanc, les nouvelles taxes de 25% ciblent 12,6 milliards $ de produits d'acier et 3 milliards $ de produits d'aluminium. Elles s'appliqueront également à d'autres produits, notamment les ordinateurs, les équipements sportifs et les produits en fonte.

«Devant ces tarifs injustifiés, on réplique», a lancé M. Champagne en point de presse à Ottawa. «Le monde entier réagit contre ces tarifs. [...] C'est quelque chose qu'on est obligé de faire afin de protéger notre pays.»

Suivez tous les développements en lien avec la guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis.

«Nous n'avons rien fait pour justifier les attaques de Trump contre notre pays», a lancé Mme Joly. «Nous ferons tout pour y répondre.»

Depuis mercredi à 00h01, tous les pays, y compris le Canada, ont été frappés de droits de douane de 25% sur les importations d'acier et d'aluminium aux États-Unis. Le décret présidentiel supprime les exceptions et exemptions aux droits de douane de 2018 imposés par Trump sur l'acier et l'aluminium, qui excluaient finalement le Canada et d'autres pays de ces droits. 

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Le ministre LeBlanc a affirmé que ces tarifs sont «injustifiés» et que cela engendre d'importantes conséquences sur les travailleurs et entreprises canadiennes. «Le gouvernement continue de prendre ses responsabilités et ce qu'on va continuer de faire», a-t-il ajouté.

Ces mesures pourraient avoir de lourdes conséquences dans les industries des deux côtés de la frontière. Environ un quart de tout l'acier utilisé aux États-Unis est importé, et le Canada en est le principal fournisseur. Le Canada est également la principale source d'aluminium des États-Unis.

La ministre Joly a apporté son soutien aux travailleurs québécois et canadiens qui sont affectés par ces tarifs en vigueur. Elle a réitéré qu'Ottawa fait tout pour les aider et pour mettre de la pression à l'administration Trump. Lors du point de presse, elle a encouragé à soutenir l'économie canadienne en «achetant» des produits canadiens et a appelé tous les pays touchés par ces tarifs de rester unis. 

«On va se battre pour notre pays. [...] Ce n'est pas juste pour l'économie de notre pays, on va se battre pour l'avenir du Canada.»
-Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada

Les nouvelles taxes sont entrées en vigueur quelques heures après que la Maison-Blanche a confirmé mardi que M. Trump ne donnerait pas suite à ses menaces de doubler les droits de douane sur l'acier et l'aluminium canadiens, l'Ontario ayant accepté de suspendre une surtaxe sur les exportations d'électricité vers les États-Unis. 

Jeudi dernier, le président américain avait signé un décret reportant à avril l'application des droits de douane sur les marchandises qui respectent les exigences des règles d'origine de l'ACEUM. Notons que les marchés sont en chute libre depuis que M. Trump a commencé à mettre en place son programme massif de droits de douane.

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Le gouvernement fédéral compte continuer de montrer une réponse «forte» face aux mesures tarifaires et menaces de l'administration Trump, et ce toujours en collaboration avec les provinces canadiennes.

Notons que les ministres Leblanc et Champagne se rendront jeudi à Washington pour discuter avec les représentants américains sur «l'urgence de faire baisser la température» dans la guerre commerciale. Selon le ministre Champagne, l'incertitude entourant les relations commerciales nord-américaines compromet la sécurité économique des deux pays, et «notre sécurité nationale». 

«Ce climat d'incertitude doit cesser», a lancé le ministre fédéral de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie.

Quant à la ministre Joly, cette dernière se rendra en après-midi à la rencontre du G7 où doit se rendre aussi le secrétaire d'État américain, Marco Rubio. Au niveau des négociations, elle soutient que la stratégie reste la même, malgré les derniers développements sur la guerre commerciale. «Pression maximale, diplomatie efficace», a-t-elle dit mercredi en point de presse à Ottawa.

D'ailleurs, cela arrive au même moment où le gouvernement fédéral est en pleine transition de pouvoir entre l'actuel premier ministre Justin Trudeau et le nouveau chef libéral Mark Carney, qui a été élu dimanche par son parti.

Même s'il ne participe pas officiellement aux discussions sur les droits de douane car il n'a pas été assermenté à titre de nouveau premier ministre, M. Carney avait dénoncé mardi la décision du président américain de doubler les droits de douane sur l'acier et l'aluminium — que M. Trump a ensuite ramenée à 25 % — sur ses réseaux sociaux. 

«Mon gouvernement s’assurera que notre réponse a un impact maximal sur les États-Unis et un impact minimal sur le Canada, tout en soutenant nos travailleurs», avait-il écrit sur ses réseaux sociaux, en qualifiant cette décision d'«attaque contre les travailleurs, les familles et les entreprises canadiennes». «Nous maintiendrons nos tarifs jusqu'à ce que les Américains nous montrent du respect et prendre des engagements crédibles et fiables en faveur d'un commerce libre et équitable.»

Lors du point de presse quotidien de la Maison-Blanche mardi, l'attachée de presse de Donald Trump, Karoline Leavittt, avait déclaré qu'il n'avait pas encore parlé à M. Carney, mais que son téléphone était toujours ouvert aux dirigeants mondiaux qui souhaitent s'entretenir avec le président.

En début de semaine, Mark Carney avait également rencontré Kevin Brosseau, l'ancien agent de la GRC nommé par Justin Trudeau pour être le «tsar du fentanyl» du Canada, chargé de superviser les efforts visant à mettre fin à la contrebande de fentanyl vers les États-Unis. 

Donald Trump a cité à plusieurs reprises le fentanyl et les migrants comme raisons des tarifs douaniers imposés au Canada, malgré les preuves accablantes du très faible nombre de ces deux éléments traversant illégalement la frontière nord des États-Unis. À la suite de sa rencontre avec Mme Carignan, M. Carney a déclaré que son gouvernement atteindrait l'objectif de dépenses de 2 % de l'OTAN d'ici 2030, moderniserait le NORAD et renforcerait la présence canadienne dans l'Arctique.

Avec des informations de CTV News, The Associated Press et de La Presse canadienne