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«Qu’est-ce qu’ils font pour éviter que n’importe qui puisse louer les piscines de ses voisins?»
Une femme de Repentigny a eu toute une surprise dimanche en tombant nez à nez avec une famille qui se baignait dans sa piscine. Le couple et leurs trois enfants avaient loué la piscine sur la plateforme Swimply, où elle était affichée à l'insu des occupants de la résidence.
«On est arrivé et il y avait une voiture dans le stationnement», raconte Maryse Chaussé, en entrevue à Noovo Info. «Il y avait une petite famille qui se baignait dans la piscine, avec trois petites filles toutes mignonnes.»
Les visiteurs impromptus – eux aussi sous le choc – ont expliqué à Mme Chaussé qu’ils avaient payé quelque 35$ pour louer sa piscine pendant une heure, sur la plateforme Swimply. «Ils nous ont montré l’application», raconte-t-elle.
Semblable à AirBnb, la plateforme Swimply permet à des particuliers d'offrir leur piscine en location à l'heure, pour permettre à des inconnus de s'y rafraîchir le temps d'une saucette. Lancée en 2018 aux États-Unis, l'application permet de trouver des piscines à louer dans plusieurs villes du Québec.
En consultant le profil de la personne qui a affiché sa piscine sur la plateforme, Mme Chaussé dit avoir reconnu une femme qui louait la propriété avant qu'elle n'y emménage. L’ancienne locataire n’y vit toutefois plus depuis 2022.
«Je ne connais pas cette personne-là, je n’ai aucune idée de comment elle a su qu’on n’était pas là», explique Mme Chaussé. «Est-ce que c’est la première fois qu’elle fait ça? Je ne peux pas dire, on n’est pas toujours à la maison.»
La personne qui a mis la piscine de Mme Chaussé à louer sur Swimply indique qu’il est permis de faire jouer de la «musique forte», de fumer et de consommer de l’alcool pendant la période de location. «C’est vraiment le fun pour mes voisins», ironise la femme au téléphone. La présence d’animaux est aussi permise sur la propriété, mais on n’indique qu’ils «ne sont pas admis dans la piscine» et que leurs excréments «doivent être ramassés».
L’annonce a disparu de la plateforme depuis que Mme Chaussé l’a signalée, mais elle ignore si c’est son signalement ou les démarches de la famille qui a loué la piscine qui ont provoqué le retrait par Swimply.
Encore «un peu sous le choc», la Repentignoise tente d’obtenir des réponses de la part de la plateforme. «Est-ce qu’ils demandent des preuves que la piscine appartient bien à la personne? Qu’est-ce qu’ils font pour éviter que n’importe qui puisse louer les piscines de ses voisins?»
Dans un courriel à Noovo Info, l'entreprise assure avoir «un système robuste en place pour prévenir, détecter et répondre aux tentatives de fraude». «Comme sur toutes les plateformes en ligne, des acteurs mal intentionnés tentent parfois d'utiliser notre plateforme de façon abusive», admet Swimply.
«Lorsqu'une annonce frauduleuse nous est signalée, notre équipe réagit immédiatement, assure l'entreprise. Cela peut inclure de retirer l'annonce de notre plateforme, de suspendre ou de bannir l'hôte, et d'offrir du soutien aux invités touchés, incluant des remboursements et de l'assistance pour trouver une expérience alternative sur Swimply.»
Pour afficher une piscine sur la plateforme, les hôtes doivent fournir une pièce d'identité ainsi qu'une photo d'eux. Toutefois, une preuve d'adresse n'est exigée que lorsque l'hôte est identifié comme «suspect» par le système, indique le porte-parole de Swimply.
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Si, somme toute, l’incident a eu peu de conséquences, Maryse Chaussé estime que la situation aurait pu rapidement dégénérer. «L’échelle était enlevée parce que je venais de faire un gros ménage dans la piscine et ils l’ont remise», témoigne-t-elle.
«J’aurais pu faire des traitements chimiques ce matin-là et ils ne l’auraient pas su. Ça aurait pu être beaucoup plus grave.» Elle se questionne aussi sur sa responsabilité civile, si un accident était survenu pendant la baignade. «Mes assurances ne couvrent pas ça, c’est certain», souligne Mme Chaussé. «On a été chanceux qu’il ne se passe rien.»
La Repentignoise a aussi contacté le Service de police de Repentigny pour connaître ses recours, mais on lui aurait indiqué qu’il n’y a pas eu de crime, puisqu’il n’y avait pas d’intention criminelle de la part des personnes qui ont pénétré sur son terrain.
«De toute façon, je n’aurais pas voulu engager quoi que ce soit contre la famille, ils sont aussi victimes que nous», souligne Mme Chaussé. Mais elle aimerait voir «un suivi» fait auprès de la personne qui a mis l’annonce en ligne.
Après cette expérience désagréable, Mme Chaussé songe à installer une clôture barrée pour empêcher complètement l’accès à sa cour. «C’est assez privé, on ne s’imaginait pas que des gens arriveraient comme ça.»