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Des projections datant de décembre 2014 évoquaient un montant de quelque 278 millions $.
La Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) a présenté au gouvernement des estimations de coûts environ deux fois inférieures à ce qu'elle avait calculé quelques mois plus tôt pour l'acquisition du logiciel servant notamment à développer SAAQclic.
Des documents présentés à la commission Gallant ces deux derniers jours ont fait état d'évaluations préliminaires de coûts pour l'achat et l'implantation d'un progiciel (PGI).
Des projections préparées par la SAAQ et datant de décembre 2014 évoquaient un montant de quelque 278 millions $.
En avril 2015, la société d'État déposait une demande auprès du Conseil du trésor afin d'obtenir des modalités particulières pour le processus d'appel d'offres.
L'estimation avancée pour mettre en place un PGI s'élevait alors à 125 millions $ sur 10 ans. La société évaluait aussi le coût pour ses ressources internes à hauteur de 75 millions $ pour une facture totale de 200 millions $.
Ces différentes estimations ont été soumises jeudi matin à Alain Dubé, un ancien cadre de la SAAQ. Il a été impliqué dans le processus d'appel d'offres et du positionnement de la société d'État vers un PGI.
Interrogé sur ces chiffres, M. Dubé a affirmé ignorer ce qui explique l'écart entre les projections de la fin 2014 et celles du printemps 2015. À l'époque, l'homme était le directeur général des projets informatiques d'envergure de la SAAQ, sous la vice-présidence en technologies d'information de Karl Malenfant.
«Vous, vous êtes numéro 2. Vous êtes responsable du mandat. On a un processus contractuel spécifique approuvé par le Conseil du trésor, qui inclut le chiffre de l’estimation du projet, et vous ne savez pas comment il a été établi?», a relancé un procureur de la commission, Alexandre Thériault-Marois.
M. Dubé a mentionné ne pas avoir participé à la rédaction de la demande déposée au Conseil du trésor, mais que ce document a «assurément» passé entre les mains de M. Malenfant.
Plus tôt, le commissaire Denis Gallant a exprimé son incompréhension devant l'estimation de 125 millions $ pour «développer quelque chose d'aussi spécifique» devant répondre aux besoins particuliers de la SAAQ. Il a affirmé que «ça n'a mauditement pas d'allure» et que «c'est mission impossible» à ce prix.
Rappelons que le projet de modernisation technologique de la SAAQ pourrait coûter minimalement plus de 1,1 milliard $ d'ici 2027, soit 500 millions $ de plus que prévu, selon les calculs du Vérificateur général (VG).
Malgré les ratés du lancement de la plateforme SAAQclic à l'hiver 2023, M. Dubé défend toujours le choix d'un PGI pour moderniser les systèmes informatiques de la société d'État.
Il demeure «convaincu que la solution la plus adaptée aux besoins de la société» était un PGI.
La première phase du projet déployée pour les ressources humaines et financières a été un succès sur le plan des coûts et des échéanciers, a-t-il soutenu. «La seule ombre au tableau», selon lui, est les efforts insuffisants en termes de planification pour livrer la plateforme SAAQclic.
Plus tôt lundi, Louise Savoie, une ancienne conseillère stratégique qui avait notamment participé à la rédaction des documents d'appel d'offres, a conclu son témoignage. Elle a été questionnée sur son passage rapide vers LGS, l'intégrateur du logiciel, au terme de son mandat avec la SAAQ. Elle a continué de travailler sur le projet informatique CASA/SAAQclic.
Le commissaire Gallant lui a signalé qu’elle avait signé une déclaration d’intérêts. Selon ce document, elle devait laisser écouler deux ans après la fin de son contrat avec la SAAQ avant de déposer une autre soumission en matière de PGI en lien avec le projet CASA.
Mme Savoie a été interrogée à savoir si elle avait obtenu une opinion de la société d'État avant de faire le saut chez l'intégrateur. Elle a dit ne pas avoir eu «en mémoire» cette annexe à son contrat, au moment où on lui offre le mandat de sous-traitante chez LGS en 2021.
Et personne n'a levé de drapeau à la SAAQ. Elle n'a pas reçu d'avis lui demandant de fournir sa carte d'accès et son portable fourni par la société d'État, a affirmé Mme Savoie.
«C'est comme si j'ai passé entre les craques. Et je reconnais que j'avais ma part de responsabilité», a-t-elle déclaré.
Les travaux de la commission se poursuivront vendredi matin.