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L’exposition à long terme aux particules fines contribuerait à une part significative des problèmes de santé cardiovasculaire et respiratoire des résidents de la Ville de Québec en général.
La qualité de l’air dans Limoilou, Vanier et la Basse-Ville (LVBV) à Québec «respecte les normes et critères [...] en vigueur» dans la province, mais il existe un risque de cancer qui dépasse le seuil considéré comme négligeable par les autorités sanitaires, conclut la Direction régionale de santé publique (DRSP) du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-nationale dans un rapport publié lundi.
Rien de neuf dans cette conclusion, mais on apprend dans le Portrait des particules en suspension et des métaux dans l’air des quartiers Limoilou, Vanier et Basse-Ville que les particules polluantes dans l'air n'affectent pas seulement les citoyens de LVBV, mais aussi l'ensemble des résidents de Québec.
Voyez le reportage de Mathieu Boivin sur ce sujet dans la vidéo.
La présence de nickel et de cobalt dans l’air du secteur provient, «de source commune», de la manutention de minerai de nickel sur le site du port de Québec, au nord-est de la station Vieux-Limoilou. Ce sont les épisodes de concentration journalière de nickel et de cobalt qui peuvent poser un certain problème pour la santé, même si le risque «demeure toutefois faible», peut-on lire dans le rapport. On parle d’un cas ou moins de cancer du poumon sur 70 ans.
Ceci dit, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’action à prendre, selon la santé publique régionale et son directeur, le Dr André Dontigny, qui relaie l’information suivante de Santé Canada sur les concentrations annuelles de particules fines à Québec: on estime qu’elles entraînent environ 269 décès prématurés, 731 épisodes de bronchites chez les enfants et 543 000 journées de symptômes respiratoires aigus chaque année dans la population de la Ville de Québec.
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En 2021, «l’espérance de vie à Limoilou et dans la Basse-Ville était de 7 à 8 ans inférieure à l’espérance de vie en Haute-Ville», selon le projet RevolvAir. Le projet soulignait d’ailleurs que cette différence pouvait être en lien avec la qualité de l’air.
«La réduction des concentrations de particules fines nécessitera des actions concertées et collectives à l’échelle locale et nationale», recommande-t-on dans le rapport de lundi, vu que les sources de particules en suspension totales (PST) sont multiples et diffuses sur le territoire.
L’exposition à long terme aux particules fines contribuerait à une part significative des problèmes de santé cardiovasculaire et respiratoire des résidents de la ville de Québec en général, souligne le directeur Dontigny.
La DRSP du CIUSSS de la Capitale-nationale croit que de «réduire les concentrations annuelles moyennes de particules fines procurerait les plus grands gains pour la santé de la population de LVBV, et plus largement de la Ville de Québec», note-t-on dans ce qui s’inscrit comme une initiative de la santé publique en partenariat avec des acteurs institutionnels et citoyens, soit le projet Mon environnement, ma santé (MMES). Le projet est financé à hauteur de 400 000 $ par la Ville de Québec.
Le Dr Dontigny et son équipe estiment qu'accélérer l’amélioration de la qualité de l’air sera bénéfique pour l’ensemble de la population de Québec, mais que les efforts devraient être concentrés en premier à Limoilou, Vanier et en basse-ville – quoique les mesures de PST de la DRSP du CIUSSS de la Capitale-nationale sont représentatives d’un «milieu urbain» et leur contenu en métaux «respecte les normes et critères de qualité de l’air en vigueur au Québec». D’ailleurs, les concentrations de PST dans LVBV sont «plus élevées qu’en Haute-Ville et qu’à Sainte-Foy, mais similaires ou inférieures à celles qui sont mesurées à Montréal».
«La science nous confirme une fois de plus l’importance de réaliser des actions concrètes pour atténuer les impacts sur les citoyens», a commenté le maire Bruno Marchand en réaction à la publication du rapport, en après-midi.
Le maire Marchand a également indiqué que le Portrait des particules en suspension et des métaux dans l’air des quartiers Limoilou, Vanier et Basse-Ville s'arrime au priorités et orientations de la Ville de Québec en matière de développement durable, d’aménagement du territoire, de mobilité intégrée, de verdissement et de transition énergétique.
Le nickel qui se retrouve dans l’air qu’on respire et qui vient altérer la qualité des poumons. Certaines formes de nickel sont également reconnues pour être cancérigènes. Et au printemps dernier, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, avait annoncé une nouvelle norme sur la qualité de l’air qui a permis d’augmenter le taux de nickel dans l’air.
Les données sur la présence de nickel, de cobalt, d’arsenic, de cadmium, de plomb, d’antimoine, de manganèse, de fer, de calcium et de particules fines ont été mesurées entre 2018 et 2021. Au début de février 2023, l’initiative citoyenne de vigilance du port de Québec déplorait que le dernier rapport du Groupe de travail sur les contaminants atmosphériques à Limoilou, une brique de 1200 pages, n’était qu’un «collage de tout ce qu’on nous dit depuis 10 ans». Cependant, il s’agissait de la première fois que les activités du port de Québec étaient montrées du doigt pour la présence de nickel dans l’air.
L'administration portuaire de Québec est citée dans les remerciements du Portrait des particules en suspension et des métaux dans l’air des quartiers Limoilou, Vanier et Basse-Ville. Pour sa part, le maire Marchand et la Ville de Québec disent que les résultats de la campagne d’échantillonnage menée entre le 14 octobre et le 9 décembre par la Ville avec la collaboration du Port de Québec et du gouvernement du Québec viendront compléter les données disponibles dans les prochaines semaines.
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Dans son rapport, la santé publique formule neuf recommandations, dont accélérer la transition vers la mobilité durable, réduire la capacité routière et l'adoption d'une réglementation bonifiée sur le chauffage au bois dans les municipalités de la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ).
Consultée par Noovo Info au sujet du rapport du jour, Jackie Smith, cheffe de Transition Québec à l'opposition municipale et conseillère de Limoilou a indiqué que LVBV n'est pas la seule «zone rouge» de la ville, en faisant référence à Champigny, un autre endroit où les particules fines posent problème à Québec. Mme Smith conseille aux citoyens de ne pas s'installer dans les «zones rouges» de la capitale s'ils craignent pour leur santé ou celle de leurs enfants.
Sur la scène politique provinciale, Québec solidaire (QS) a profité de la publication du rapport pour lancer une flèche en direction du gouvernement de François Legault et le projet du troisième lien à Québec.
«En plus de maintenir la pression sur le Port de Québec pour diminuer ses émissions polluantes, le rapport recommande d’éviter tout projet augmentant le débit routier dans la Basse-ville. C’est un clou de plus dans le cercueil du troisième lien», a écrit le député de Jean-Lesage dans un communiqué.
«La [Coalition avenir Québec] CAQ va devoir choisir entre son troisième lien et la santé de la population. Pour nous, c’est clair, l’heure est aux boulevards urbains, pas au troisième lien», a-t-il insisté.
Avec de l'information de Mathieu Boivin et de Denis Langlois pour Noovo Info.