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Prioriser les deux est possible, mais peut s'avérer difficile.
Après que le président américain Donald Trump a menacé d'imposer des droits de douane sur les produits canadiens, Cassandra Juradinho s'est retrouvée au rayon fruits et légumes de son épicerie, incapable de trouver de la laitue romaine cultivée localement.
Plutôt que de se passer de salade pour la semaine, cette Torontoise a fait preuve de créativité en choisissant des concombres cultivés localement pour remplacer la laitue.
L'échange était moins coûteux et lui a permis d'acheter des produits canadiens, illustrant ainsi la façon dont les consommateurs peuvent contribuer au désir croissant de soutenir les entreprises nationales tout en faisant face à des budgets serrés.
Prioriser les deux est possible, mais peut s'avérer difficile.
«Cette guerre tarifaire survient en pleine crise d'accessibilité au pays, a raconté Mme Juradinho dans un courriel. Je comprends l'idée que de ne pas tenir compte du coût dans ses décisions d'achat s'accompagne d'un certain niveau de privilège.»
Pour équilibrer prix et patriotisme, les experts s'accordent à dire que les consommateurs devraient d'abord évaluer le montant qu'ils peuvent dépenser sans se ruiner, puis réfléchir à leur engagement à acheter des produits canadiens.
Certains produits peuvent ne pas répondre aux critères d'obtention de l'étiquette «Produit du Canada» de premier ordre, qui exige que la totalité, ou la quasi-totalité, des matières premières, des ingrédients, de la transformation et de la main-d'œuvre soient canadiens, mais conservent néanmoins un lien avec le pays.
Par exemple, leurs ingrédients peuvent être cultivés dans une région au climat plus clément, moins chère ou plus abondante, mais la majeure partie de la fabrication ou de l'emballage est réalisée ici. Dans d'autres cas, une entreprise a son siège social au Canada, mais fait fabriquer ses produits à l'étranger, ou est établie ailleurs, mais réalise la majeure partie de sa fabrication ici.
Mme Juradinho privilégie les produits d'entreprises qui soutiennent l'emploi canadien, même si elles n'appartiennent pas à des Canadiens, mais recommande de ne pas être trop strict quant aux exigences qu'on se fixe, car, si l'on est «trop rigide, il est peu probable que cela tienne».
La fermeté avec laquelle on souhaite définir ce qui est considéré comme canadien est une décision personnelle, a indiqué Mike von Massow, professeur et économiste alimentaire à l'Université de Guelph.
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«Nous devrions faire ce qui nous convient, individuellement, en tant que foyer ou en tant que famille, a-t-il expliqué. Je ne jugerai personne pour ses choix, tout comme j'espère que personne ne me jugera pour les miens.»
Pour savoir où un produit a été fabriqué, il recommande de consulter les étiquettes et, en cas de doute, de contacter le fabricant.
Cassandra Juradinho a aussi testé des applications comme MapleScan ou Shop Canadian, qui fournissent des informations sur l'origine des produits, et utilise des groupes Facebook conçus pour échanger des conseils sur la façon d'acheter des produits canadiens et en savoir plus sur les marques locales.
Bien que ces deux méthodes puissent être imparfaites, «il m'est souvent arrivée, au rayon épicerie, de ne pas trouver de produit de remplacement non américain adéquat. J'ouvrais alors le groupe Facebook sur-le-champ, tapais "jus d'orange" par exemple, et j'obtenais une recommandation de marque canadienne qui importait des oranges du Brésil plutôt que de Floride», a-t-elle précisé.
Taneesha Greaves, créatrice de contenu établie à Toronto et animatrice d'une série de recettes abordables intitulée Tariff Takeback, recommande de ne pas se contenter de faire ses recherches en magasin.
Elle suggère à ceux qui souhaitent acheter des produits canadiens tout en respectant leur budget de consulter les circulaires pour savoir à l'avance quels produits locaux sont en promotion.
«Lorsque je planifie mes recettes, je consulte le site web de l'épicerie, je regarde les étiquettes, les prix et je construis mon plan en conséquence», a-t-elle expliqué.
Lorsqu'elle trouve un ingrédient canadien qu'elle souhaite utiliser, elle compare les circulaires de différentes épiceries pour découvrir lequel le vend au prix le plus bas. Cette pratique peut aider les consommateurs à aligner leurs prix, lorsque certains magasins s'alignent sur leurs concurrents pour les mêmes articles.
Les mêmes méthodes peuvent être utilisées pour les produits non alimentaires, a souligné Jenna Jacobson, professeure agrégée spécialisée en commerce de détail à l'Université métropolitaine de Toronto.
Elle recommande également de s'abonner aux infolettres des marques canadiennes pour être informé des promotions et des soldes, ou de visiter les marchés fermiers, les foires artisanales et les petites boutiques locales pour trouver des articles fabriqués au pays.
Bien que beaucoup de gens croient qu'acheter au Canada est souvent plus cher, car la main-d'œuvre peut être plus coûteuse ici qu'ailleurs, Mme Jacobson a affirmé que c'est souvent faux. Certains produits canadiens ne sont pas plus chers que leurs concurrents.
Dans les cas où les produits canadiens sont plus chers, la spécialiste invite les acheteurs à réfléchir à la qualité de fabrication de leurs options.
«Investir dans des articles canadiens de meilleure qualité qui dureront plus longtemps est une stratégie écologique, mais aussi économique», a-t-elle ajouté.
Si vous n'avez pas les moyens d'acheter des articles neufs de haute qualité, elle recommande de rechercher des produits canadiens dans des friperies ou sur des sites web vendant des articles d'occasion.
Le succès des consommateurs qui essaient d'acheter au Canada tout en respectant un budget varie considérablement en fonction de ce qu'ils recherchent.
Mme Juradinho a expliqué qu'il est beaucoup plus difficile de trouver des produits de soins personnels et de beauté canadiens, mais recommande d'essayer des marques canadiennes comme e11ement, Vivier, Di Morelli, Cheekbone Beauty, Ilia, Skinfix, Nudestix, Cake et Three Ships.
Elle a constaté que l'approvisionnement en produits laitiers, œufs, viande, fromage et pain canadiens est beaucoup plus facile.
C'est parce que la grande majorité des produits laitiers vendus en épicerie sont fabriqués au pays, a indiqué M. von Massow, ce qui offre aux consommateurs souhaitant acheter au Canada plus de choix parmi les marques maison et les soldes pour respecter leur budget.
La marge de manœuvre est réduite pour les produits frais, car la saison de croissance du pays est très limitée. C'est pourquoi il serait difficile de trouver du brocoli et du chou-fleur cultivés au pays à cette période de l'année, à moins qu'ils ne proviennent d'une serre, selon le professeur.
«La meilleure façon d'économiser en achetant au Canada est de penser aux saisons et de faire preuve de flexibilité», a-t-il suggéré.
Chez lui, cela signifiait parfois troquer la salade contre une salade de chou frisé et de carottes canadiens, jusqu'à ce que l'été facilite la recherche de laitues cultivées ici.
Si vous hésitez à trouver un légume cultivé localement, essayez le rayon des surgelés, où l'on trouve de nombreuses options canadiennes, a-t-il expliqué.
«Grâce à la surgélation, ils conservent maintenant très bien leur texture et, si vous êtes prêt à changer (…) vous pouvez probablement le faire à moindre coût», a soutenu M. von Massow.