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Les maires des municipalités défusionnées voulaient pourtant étendre la fluoration.
L’eau du robinet des banlieues de l’ouest de l’île de Montréal ne sera plus traitée au fluor lorsque les usines de traitement seront épuisées.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News
L’eau du robinet des banlieues de l’ouest de l’île de Montréal ne sera plus traitée au fluor lorsque les usines de traitement seront épuisées.
La Ville de Montréal, qui domine le conseil d’agglomération, a déjà voté la fin de la fluoration mardi. Les maires des municipalités défusionnées voulaient étendre la fluoration, mais ils se sont heurtés à une fin de non-recevoir lors d’une réunion du conseil représentant Montréal et les municipalités de banlieue de l’île.
Des citoyens inquiets ont pris le micro, affirmant que leur eau contenait du fluor depuis des décennies et qu’ils ne voulaient pas qu’on l’enlève simplement parce que le reste de Montréal l’enlève».
Le sujet a occupé la majeure partie de la réunion du conseil de l’agglomération de Montréal.
Bien que les responsables de la santé publique affirment que la fluoration est un moyen efficace de réduire les caries dentaires, le service des eaux de la ville a recommandé de mettre fin à cette pratique, en partie pour réduire les coûts. Seules deux des six usines de traitement des eaux de Montréal utilisent du fluor, à Dorval et à Pointe-Claire, qui desservent l’ouest de l’île. Une autre municipalité du Québec ajoute du fluor à son eau.
La mairesse de Lachine, Maja Vodanovic, a affirmé que l’usine de Pointe-Claire devait être rénovée, ce qui a soulevé la question de savoir si l’usine devait continuer à fluorer l’eau.
«Nous envisagions de mettre du fluor partout ou de l’enlever partout. Nous devons être cohérents, alors nous avons choisi de l’enlever comme le reste du Québec.»
Dominic Ryan a expliqué que la Ville aurait dû choisir d’ajouter du fluor à toute l’eau de l’île, «étant donné la disparité en matière de santé dentaire entre ceux qui ont du fluor dans leur eau et ceux qui n’en ont pas».
«Il s’agit d’une mesure de santé publique simple et efficace qui peut être appliquée directement à tous les citoyens, quels que soient leurs besoins», a-t-il ajouté.
Selon le service des eaux, la fluoration de l’eau dans les deux usines coûte environ 100 000$ par an. On estime que l’extension de la fluoration coûterait à la Ville 20 millions de $, selon Mme Vodanovic.
Clifford Lincoln a dit à la ville qu’elle aurait dû consulter les autres municipalités et les résidents avant de prendre cette décision, un sentiment partagé par de nombreuses personnes dans la salle.
«Nous entendons parler des avantages économiques de l’arrêt de la fluoration, mais pas des problèmes de santé», a précisé Clifford Lincoln. «Dorval fluorise son eau depuis 70 ans.»
Certains ont cité en exemple la Ville de Calgary, qui a cessé la fluoration pour la remettre en place à grands frais. D’autres ont demandé pourquoi on ajoute du chlore à l’eau et pas du fluor.
«La plupart de l’eau que nous utilisons n’est pas consommée et finit dans la rivière. Nous ne connaissons pas les effets du fluor sur l’eau», a affirmé Mme Vodanovic. «Le système de filtration de l’eau ne devrait pas être utilisé à d’autres fins que celle de fournir une eau de la meilleure qualité possible.»
Dans une lettre obtenue par CTV News, la direction de la santé publique soutient que c'est une «intervention de santé publique soutenue par la communauté scientifique internationale et inscrite dans les orientations gouvernementales». «À l’échelle populationnelle, il s’agit d’un programme efficace, coût bénéfique, sécuritaire et pouvant générer des gains considérables dans la lutte aux inégalités sociales de santé», indique-t-on.
Dans sa lettre, la Dre Mylène Drouin indique qu'ils ont recommandé de «poursuivre l’application du PQFEP et d’évaluer la faisabilité d’élargir la fluoration dans l’ensemble de la région montréalaise». «Le Service de l’eau de la ville de Montréal a pris connaissance de la position de la DRSP et a privilégié des arguments d’ordre technique, opérationnel et économique dans la recommandation de cesser de fluorer l’eau», a-t-elle poursuivi.
Dans un rapport datant de mars, le service des eaux indique qu’il a commencé à reconsidérer l’utilisation du fluorure dans l’approvisionnement en eau après avoir reçu une «pétition citoyenne» en 2020. Cette pétition a été lancée par le résident Ray Coelho, qui affirme que sa campagne a été soutenue par Robert F. Kennedy Jr.
«Je me demande vraiment quel type de diligence raisonnable Montréal fait lorsqu’elle reçoit des pétitions», a affirmé Heidi Ektvedt, mairesse de Baie d’Urfé. Selon elle, M. Coelho semble être «inspiré par des théories de conspiration».
«Ce qui se passe aux États-Unis ne devrait pas s’immiscer dans le processus décisionnel de notre pays», a-t-elle dit, soulignant que sa municipalité serait touchée par le changement.
D’autres ont qualifié M. Coelho d’«extrémiste de droite».
Les représentants des six banlieues de l’ouest de l’île, dont Dorval et Kirkland, ont mentionné qu’ils auraient dû être consultés et que nombre d’entre eux avaient adopté des résolutions au sein de leur propre conseil municipal pour demander à Montréal de reconsidérer son projet de mettre fin à la fluoration de l’eau.
Le maire de Dorval, Marc Doret, s’est dit «déçu» par le manque de transparence et a mentionné qu’il «ne devrait pas s’agir d’une discussion politique» étant donné les bienfaits du fluor pour la santé.
Mme Ektvedt a souligné que le débat sur la fluoration n’aurait pas dû avoir lieu «entre politiciens dans cette salle» et que le sujet n’aurait pas pris autant de temps au conseil «si la population avait été consultée et si le processus avait été bien mené».
Mme Vodanovic a déclaré qu’elle savait que le sujet était «polarisant» et qu’il l’était «depuis les années 1950». Elle a ajouté que des rapports contradictoires ont été publiés sur les avantages du fluor et que les consultations publiques n’auraient pas été fructueuses.
Toutefois, le rapport indique que les principales organisations de santé, notamment l’Organisation mondiale de la santé, les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis et Santé Canada, approuvent l’ajout de fluorure dans l’eau potable.
Elle a nié que la décision était politique et a ajouté qu’elle était entièrement basée sur un rapport du département de l’eau. «Nous avons voté démocratiquement.»
Le rapport indique également que la Ville a rencontré des problèmes d’approvisionnement en produits de fluoration, ce qui a entraîné des fermetures dans les deux usines et des problèmes de santé pour les personnes qui manipulent les produits chimiques.