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Rebel News et d'autres médias de droite ont dominé les séances de questions-réponses avec les chefs des partis fédéraux après le débat francophone de mercredi, même si tous n'ont pas obtenu de réponses à leurs questions.
Le chef libéral Mark Carney a été le premier chef à répondre aux questions des médias pendant 10 minutes après le débat, qui s'est déroulé à CBC/Radio-Canada à Montréal.
Les membres des médias se sont alignés en deux files, une pour les questions en anglais et une pour les questions en français. Les médias de droite ont rempli les longues files et ont réussi à poser des questions à chacun des chefs.
M. Carney a reçu une question d'un journaliste de Juno News qui a déclaré que sa campagne visait à mettre le chef libéral en avant et à «cacher» les proches de l'ancien premier ministre Justin Trudeau.
Dans sa réponse, Mark Carney a qualifié la question d'«assez étrange», mais a précisé que son équipe comprenait à la fois des candidats nouveaux et des expérimentés.
Le chef libéral a également reçu une question d'un représentant de True North, un média conservateur. Le journaliste lui a demandé combien il y avait de genres, ce à quoi il a répondu qu'«en termes de sexe, il y en a deux».
Le journaliste lui a ensuite demandé s'il croyait que les femmes biologiques avaient droit à leur propre espace. M. Carney a indiqué que «de manière générale, oui» et que son gouvernement accordait de l'importance à tous les Canadiens.
Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, qui devait ensuite s'adresser aux journalistes, a refusé de répondre aux questions des représentants de Rebel News, affirmant que l'organisation propageait de la désinformation.
Lorsqu'un deuxième journaliste de la même organisation s'est présenté au micro, il a lancé: «Vous savez où je veux en venir, n'est-ce pas?» avant de répéter qu'il ne répondrait pas aux questions.
Rebel News a publié mercredi sur son site internet qu'elle avait exercé des pressions juridiques sur la Commission des débats des chefs pour obtenir un meilleur accès et poser davantage de questions aux chefs.
Dans une lettre du 11 avril, que Rebel News a partagée sur son site internet, le directeur général de la commission, Michel Cormier, a écrit qu'il autoriserait Rebel News à envoyer cinq journalistes aux points de presse, «plutôt que de consacrer davantage de ressources à répondre à vos lettres et à une éventuelle injonction, ce qui n'est ni nécessaire ni dans l'intérêt public». Les avocats de Rebel News avaient menacé de demander une injonction la veille.
Un camion affichant des publicités anti-Carney sur des écrans est passé devant le site de l'événement à l'arrivée des dirigeants mercredi. Autorisé par ForCanada — qui se présente comme un groupe de campagne tiers enregistré et a été fondé par Ezra Levant, créateur de Rebel Media — le camion affichait des messages suggérant que Mark Carney avait été compromis par la Chine et le Forum économique mondial.
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Pierre Poilevre a bel et bien répondu aux questions de Rebel News.
Il a déclaré que son parti était le seul à vouloir protéger la liberté de la presse, qu'il défendait la liberté d'expression et respectait le droit des Canadiens d'avoir accès aux médias de leur choix.
Il a également promis de couper le financement de CBC.
La disponibilité de M. Poilievre envers les médias pendant la campagne électorale a été scrutée. Les journalistes ont pu poser peu de questions, les membres de son équipe choisissant qui pouvait les poser.
Répondant à une question de Rebel News sur les pipelines, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, lui a fait remarquer qu'il semblait que le journaliste avait déjà la réponse qu'il souhaitait écrire dans son article. Il a également déclaré que le Canada devait réduire sa consommation de pétrole, car l'humanité détruit la planète.
Le représentant de Rebel News lui a posé une deuxième question sur le sujet, affirmant que sa position allait à l'encontre d'un sondage suggérant que les Québécois étaient favorables à la construction de nouveaux pipelines. M. Blanchet, souriant, a répondu: «Vous ne connaissez pas mon amour pour le commentaire de sondages? Bonne soirée.»
Le Parti vert, qui n'avait pas été invité aux débats, a publié sur les réseaux sociaux un message indiquant que quelque chose «ne colle pas» au sujet du grand nombre de questions posées par des organisations de droite.
«La Commission permet à des propagateurs de fausses nouvelles de participer au débat et d’influencer le discours national tout en excluant un parti ayant fait ses preuves au Parlement et comptant deux députés élus», a déclaré le parti.
Dans une autre déclaration jeudi, le parti a déclaré que la commission tournait notre démocratie en dérision.
Le cochef du Parti vert, Jonathan Pedneault, avait initialement été autorisé par la commission à participer aux débats, mais cette invitation a été annulée mercredi matin, environ 11 heures avant le début du débat.
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Les trois conditions de participation sont les suivantes: avoir des candidats dans 90 % des circonscriptions, obtenir au moins 4 % d’appui dans les sondages 28 jours avant le jour du scrutin et avoir au moins un député en exercice au moment de la dissolution.
Quatre semaines avant le jour du scrutin, les Verts bénéficiaient de 3 % d’appui dans les sondages nationaux, mais ils détenaient deux sièges lors de la dissolution du Parlement et ont soumis les noms de 343 candidats qu’ils avaient l’intention de présenter dans chaque circonscription.
Mais lorsque la liste officielle des candidats d’Élections Canada a été publiée la semaine dernière, elle ne comprenait que 232 candidats du Parti vert.
La commission a d’abord défendu la décision d’inclure les Verts après la publication de la liste officielle des candidats, mais a finalement changé d’avis mercredi.
Dimitri Soudas, ancien directeur des communications du Cabinet du premier ministre de Stephen Harper, a affirmé à La Presse canadienne qu’il était temps de démanteler la Commission des débats et de permettre aux radiodiffuseurs de «reprendre le contrôle».
«Ils ne font qu’enfoncer un nouveau clou dans leur cercueil», a lancé M. Soudas, arguant que la Commission a géré la situation du Parti vert de manière non professionnelle.
«Ce soir, je comprends, je compatis et j'accepte que vous souhaitiez permettre aux médias non traditionnels d'intervenir dans la salle de presse, mais ils ont littéralement permis à un seul média de monopoliser la majorité des questions aux chefs. Disons-le franchement: je pense que la Commission des débats a un piètre sens de l'organisation.»
Le débat des chefs en français a été brusquement reporté afin de minimiser un conflit d'horaire avec un match de hockey des Canadiens de Montréal. Dans un communiqué, Radio-Canada et la Commission des débats des chefs ont déclaré qu'elles «reconnaissaient la passion des Canadiens pour le hockey» en décidant de déplacer le débat.
En campagne à Montréal jeudi, on a demandé à Mark Carney s'il estimait que la commission avait une utilité, et il a répondu que le fait qu'un organisme indépendant établisse les règles était utile.
«Certaines décisions, j'en suis sûr, seront remises en question, mais je ne pense pas qu'il appartienne aux dirigeants politiques de prendre ces décisions», a-t-il dit.
La commission n'a pas répondu aux questions de La Presse canadienne.
Les chefs de parti s'affronteront lors d'un débat en anglais jeudi.
— Avec des informations de Kyle Duggan, Sarah Ritchie et David Baxter