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Société

Les grèves de 2023, de quoi inspirer d'autres travailleurs

«La grande leçon pour les syndicats est que les grèves fonctionnent et qu'elles sont de retour.»

Des grévistes de la FAE en débrayage devant le bureau de François Legault à Montréal, en décembre 2023.
Des grévistes de la FAE en débrayage devant le bureau de François Legault à Montréal, en décembre 2023.
Morgan Lowrie
Morgan Lowrie / La Presse canadienne

Une résolution réussie des grèves massives du secteur public au Québec pourrait servir d'inspiration à d'autres travailleurs dans la province et ailleurs, a déclaré vendredi un chercheur en politique du travail, après que deux groupes syndicaux aient pris des mesures importantes pour conclure des accords avec le gouvernement.

Les récentes grèves québécoises, parmi les plus importantes de l'histoire du Canada, s'inscrivent dans une tendance nord-américaine plus large selon laquelle les travailleurs sont de plus en plus confiants et prêts à se battre pour obtenir de meilleurs salaires et conditions de travail, explique Barry Eidlin, professeur agrégé de sociologie à l'Université McGill.

«La grande leçon pour les syndicats est que les grèves fonctionnent et qu'elles sont de retour», a-t-il déclaré lors d'un entretien téléphonique.

Selon lui, les travailleurs ont dû faire face à 40 ans de baisse des normes de travail, d'inégalités croissantes, d'heures supplémentaires forcées, d'insécurité de l'emploi et de travail à la chaîne, ainsi qu'à l'érosion des pensions et des soins de santé.

«Je pense qu'il est temps pour eux de regagner un peu de ces acquis», a-t-il dit.

Deux groupes syndicaux distincts ont annoncé jeudi qu'ils avaient réalisé des progrès importants en vue de mettre fin au conflit de travail qui a entraîné la fermeture de centaines d'écoles, retardé des opérations chirurgicales et fait descendre un demi-million de travailleurs dans les rues par intermittence depuis novembre.

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Le syndicat des enseignants FAE a déclaré qu'il avait conclu un accord de principe avec le gouvernement et qu'il mettrait fin à sa grève illimitée qui a entraîné la fermeture de 800 écoles depuis la fin du mois de novembre.

Plus tôt dans la journée, une alliance de quatre syndicats représentant 420 000 travailleurs de l'éducation, de la santé et des services sociaux a déclaré avoir conclu un accord potentiel sur les salaires, après en avoir conclu un sur les conditions de travail plus tôt dans la semaine. Les quatre syndicats connus sous le nom de front commun - composé de la FTQ, de la CSN, de l'APTS et de la CSQ - ont déclaré que le dernier accord serait présenté dans les prochains jours à leurs groupes membres, qui décideront s'il convient de soumettre l'accord aux travailleurs pour un vote.

Le seul grand groupe syndical à ne pas avoir conclu d'accord est la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, un syndicat d'infirmières comptant environ 80 000 membres, qui a déclaré jeudi que les négociations se poursuivaient.

M. Eidlin a indiqué qu'il restait plusieurs étapes à franchir avant que le conflit de travail puisse être déclaré terminé, notamment le vote des membres du syndicat sur la ratification des accords. Il existe une possibilité «non négligeable» que les membres rejettent les accords, a-t-il déclaré, d'autant plus que l'ampleur des grèves avait suscité des attentes.

Toutefois, il doute que les syndicats acceptent d'examiner des accords qui ne représentent pas un progrès significatif par rapport à la proposition initiale du gouvernement.

Selon M. Eidlin, le soutien massif de l'opinion publique à l'égard des travailleurs a joué un rôle dans les grèves, contrairement aux conflits précédents au cours desquels les fonctionnaires en grève n'avaient souvent pas réussi à s'attirer beaucoup de sympathie.

«Les grèves du secteur public québécois ont bénéficié d'un soutien massif de la part du public.»
- Barry Eidlin, professeur agrégé de sociologie à l'Université McGill

«Et ce qui est intéressant, c'est que ce soutien est le plus fort parmi les personnes les plus touchées: les parents d'enfants d'âge scolaire.»

Ce soutien et l'ampleur des grèves ont envoyé un message clair au gouvernement du premier ministre François Legault: il doit écouter les syndicats et prendre leurs propositions au sérieux.

D'autres employeurs pourraient vouloir en tenir compte également, a-t-il ajouté, notant que les grandes grèves peuvent parfois créer un «effet de contagion».

Il a ajouté que le récent conflit social au Québec «n'est pas quelque chose qui va être balayé sous le tapis. Je pense que, certainement au Québec, il aura des effets retentissants sur d'autres négociations, même en dehors du secteur public».

Morgan Lowrie
Morgan Lowrie / La Presse canadienne