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La population a fait preuve d'une résilience insoupçonnée et surtout inattendue pendant la pandémie, démontre une nouvelle méta-analyse gigantesque à laquelle ont participé des chercheurs de l'Université McGill.
La population a fait preuve d'une résilience insoupçonnée et surtout inattendue pendant la pandémie, démontre une nouvelle méta-analyse gigantesque à laquelle ont participé des chercheurs de l'Université McGill.
Si on ne peut pas nier que la pandémie a malmené la santé mentale de certains, il semblerait que la situation n'ait pas été aussi catastrophique qu'on pourrait le croire, révèle cette étude qui est présentée comme étant «la plus complète au monde sur la santé mentale liée à la COVID-19».
La perception bien répandue de l'impact dévastateur qu'aurait eu la pandémie sur la santé mentale découle apparemment des questions qui ont été posées pendant la crise, mais qui n'établissaient aucune comparaison avec la situation qui prévalait avant.
Voyez les explications de Fanny Lachance-Paquette dans la vidéo.
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«La conclusion est tout simplement qu'il n'y a pas eu ce tsunami (de problèmes de santé mentale) qu'on suppose, a résumé l'auteur principal de l'étude, le professeur Brett Thombs du département de psychiatrie de l'Université McGill. Les gens ont été résilients de plusieurs manières différentes.»
L'équipe a épluché les données de 137 études réalisées dans différentes langues et portant sur 134 cohortes de personnes du monde entier. La plupart des études provenaient de pays à revenu élevé ou intermédiaire. Environ 75 % des participants étaient des adultes et 25 % des enfants et des adolescents âgés de 10 à 19 ans.
L'ampleur des changements dans les symptômes de santé mentale, quand changements il y avait, était essentiellement minime quand on comparait la situation pendant la pandémie à ce qui prévalait avant la crise sanitaire.
Ce constat s'est avéré peu importe qu'on examine la population dans son ensemble ou des segments plus précis comme les personnes d'un certain âge, d'un sexe ou d'un genre particulier. Le constat s'appliquait aussi aux gens qui présentaient des problèmes pré-existants de santé mentale ou physique.
«Quand on examine les études, il n'y a tout simplement pas de preuves d'un grand changement en ce moment», a précisé le professeur Thombs, qui est aussi chercheur principal à l'Institut Lady Davis de l'Hôpital général juif.
La pandémie semble toutefois avoir eu un impact démesuré sur les femmes. Les chercheurs ont constaté que plusieurs d'entre elles ont vu leur santé mentale se détériorer pendant la crise, possiblement en raison de leurs multiples responsabilités familiales; parce qu'elles travaillaient dans le domaine des soins de santé ou des soins aux personnes âgées; ou encore parce qu'elles étaient victimes de violence familiale.
Mais dans certains cas, a dit le professeur Thombs, les changements mesurés par les chercheurs étaient «tellement minimes qu'une personne moyenne ne les remarquerait peut-être même pas».
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Les symptômes de dépression se sont aussi aggravés, mais dans des proportions allant de minimes à faibles, chez les adultes plus âgés, les étudiants universitaires et les personnes s'identifiant comme appartenant à une minorité sexuelle ou de genre, mais pas chez les autres groupes.
Les nouvelles sont en revanche positives du côté du suicide, puisque des données officielles sur les cas de suicide de 21 pays entre le 1er janvier 2019 ou avant et le 31 juillet 2020 n'ont trouvé aucune preuve d'une augmentation statistiquement significative dans un pays ou une région. Des diminutions statistiquement significatives ont toutefois été mesurées dans 12 pays ou régions.
«C'est très surprenant, et encore une fois on aurait pu supposer qu'il y avait eu un changement», a dit le professeur Thombs.
Cette étude, a conclu le professeur Thombs, met en lumière l'importance de disposer de bons systèmes de surveillance pour intervenir au bon moment et de la bonne manière quand c'est nécessaire, mais aussi pour éviter de gaspiller des ressources quand ce ne l'est pas.
Le but n'est pas de minimiser ce qui s'est passé pendant la pandémie et ce que plusieurs ont vécu, a-t-il précisé. On parle après tout d'une crise qui a fait des millions de morts et qui a chamboulé la vie de millions de personnes, parfois de manière dramatique.
«Plusieurs gens ont souffert (pendant la pandémie) et il est important de répondre à leurs besoins, a-t-il dit. Mais c'est aussi une histoire de résilience, et on ne doit pas l'oublier.»
Des chercheurs des universités de Toronto et McMaster ont aussi participé à ces travaux, dont les conclusions ont été publiées par le réputé journal médical BMJ.