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Si lorsque vous pensez aux anglophones du Québec, la première image qui vous vient en tête est celle des riches habitants de Westmount, il y a de fortes chances que votre perception soit un peu datée.
Si lorsque vous pensez aux anglophones du Québec, la première image qui vous vient en tête est celle des riches habitants de Westmount, il y a de fortes chances que votre perception soit faussée.
Ce texte est la traduction d'un article de CTV News.
Une nouvelle étude donne un tout autre aperçu de la situation, qui est radicalement différente de ce à quoi beaucoup pourraient s'attendre. Il est démontré que les anglophones ont des difficultés financières par rapport aux francophones.
«Ce que nous avons découvert, c'est que les anglophones ont un taux de chômage supérieur de deux pour cent à celui des francophones et qu'ils ont environ 2800 $ de moins en revenus médians», a déclaré Nick Salter du groupe de réflexion PERT financé par Québec, qui a rédigé le rapport.
Plus précisément, les anglophones ont un taux de chômage moyen de 8,9 % au Québec, tandis que les francophones ont un taux de chômage de 6,9 %.
Cet écart est beaucoup plus significatif dans certaines régions, comme sur la Côte-Nord, où plus du quart des anglophones, soit 25,5 %, sont au chômage.
Le taux de chômage des anglophones est inférieur à celui des francophones dans seulement deux régions administratives du Québec : le Bas-Saint-Laurent et le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Celles-ci n’ont toutefois qu’une très petite population anglophone de 1000 à 2000 personnes.
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Le revenu des anglophones est quant à lui plus faible dans toutes les régions administratives à l’exception de trois : le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la Mauricie et Chaudière-Appalaches.
Dans quatre autres régions, dont les Cantons-de-l‘Est, les anglophones gagnent en moyenne 4000 $ de moins que les francophones.
Les données de l'étude proviennent du recensement national de 2016 et de l’Institut de la statistique du Québec.
Le PERT, aussi appelé Table ronde provinciale sur l’emploi, est une initiative axée sur la participation au travail des anglophones. L’étude a été financée par le Secrétariat aux relations avec les Québécois d’expression anglaise, ou SRQEA.
«Autrefois considérée comme une élite homogène, la communauté anglophone du Québec a subi des changements considérables au cours des quatre dernières décennies», concluent les auteurs du rapport.
En 2022, les anglophones du Québec ne sont pas seulement un «groupe de communautés» varié selon les normes passées, mais aussi selon les normes nationales. «Il s'agit de la communauté minoritaire de langue officielle la plus diversifiée sur le plan ethnoculturel au Canada», indique le rapport.
«Le quart de la population anglophone du Québec appartient à une minorité visible, dont la majorité est noire ou sud-asiatique.»
Dans l'ensemble, les anglophones sont également confrontés à de nombreux changements démographiques, notamment une population vieillissante en même temps qu'un «niveau élevé de chômage des jeunes».
Les chercheurs du PERT ont constaté dans l'ensemble que les Québécois anglophones se sentent particulièrement punis par le projet de loi 96, le projet de loi linguistique sur le point d'être adopté, car il arrive à un moment où beaucoup accusent déjà un retard dans le monde du travail ou en matière de revenus.
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Les anglophones constituent une importante minorité au Québec, représentant 13,8 % de la population québécoise et 14,3 % de la population active. Environ la moitié d'entre eux vivent à Montréal.
Entre les deux groupes linguistiques, les différences semblent encore plus marquées si l'on tient compte de l'âge.
Les anglophones sont en moyenne plus jeunes que les francophones. Pour les francophones, le plus grand groupe d'âge est celui des 45 à 64 ans. Parmi les anglophones, le plus grand groupe est plus jeune – 25 à 44 ans.
C'est ce groupe plus jeune qui constitue la plus grande part de la population active dans les deux groupes linguistiques.
Chez les jeunes de moins de 25 ans, les anglophones ont un taux de chômage de 16,3 % alors que leurs contreparties francophones ont un taux de 11,9 %.
Bien que les deux groupes linguistiques aient tendance à travailler dans les mêmes grandes industries, il existe de légères différences, les emplois dans les soins de santé et l'assistance sociale étant les plus répandus parmi les Québécois dans l'ensemble, mais le commerce de détail étant le principal employeur d'anglophones.
D'un autre côté, les anglophones ont tendance à avoir du mal à s'adapter et à avoir plus de mal dans les régions où les industries manufacturières et «axées sur les ressources» sont les principaux employeurs locaux, selon le rapport.
Ces régions «ont tendance à avoir une participation au marché du travail plus faible chez les anglophones», a-t-il déclaré.
Certains francophones influents ont publiquement pris position contre le projet de loi ces derniers jours, notamment Yves Boisvert, dans une chronique de La Presse cette fin de semaine. «Il y a des parties de ce projet de loi qui n'aideront pas à protéger la langue française mais ne feront qu'agacer la communauté anglophone», a-t-il écrit.
Les sondages montrent que les deux tiers des francophones soutiennent le projet de loi, mais ce soutien se concentre chez des groupes spécifiques : les personnes de plus de 55 ans et dans les régions, plutôt que dans les métropoles.
«Ils s'inquiètent que la place du français à Montréal diminue pour une myriade de raisons, mais ils ne vivent même pas à Montréal», a déclaré Christian Bourque de Léger Marketing.
«Mais on a déjà vu ça au Québec, a-t-il souligné. C'est la même chose avec l'immigration : plus vous êtes éloigné des personnes récemment immigrées, plus vous pensez que l'immigration est une menace.»