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Le spectre de la famine plane sur Gaza

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Associated Press
Associated Press

Des agences humanitaires préviennent qu'elles ont dû interrompre les livraisons de nourriture et d'autres produits de première nécessité à Gaza vendredi, mettant en garde contre le risque de famine, un jour après l'interruption des services Internet et téléphoniques dans l'enclave assiégée en raison d'une pénurie de carburant.

La rupture des communications coupe en grande partie les 2,3 millions d'habitants de Gaza les uns des autres et du monde extérieur, et paralyse la coordination de l'aide, que les groupes humanitaires avaient déjà du mal à acheminer en raison de la pénurie de carburant.

Les forces israéliennes, quant à elles, ont indiqué qu'elles pourraient étendre leur offensive vers le sud de la bande de Gaza tout en poursuivant leurs opérations dans le nord. Les troupes ont fouillé le plus grand hôpital du territoire à la recherche de traces d'un centre de commandement du Hamas qui, selon l'armée, se trouverait sous le bâtiment.

Elles ont montré ce qu'elles ont déclaré être l'entrée d'un tunnel et des armes trouvées à l'intérieur du complexe, mais pas encore de preuves du centre de commandement, dont le Hamas et le personnel de l'hôpital Shifa de la ville de Gaza nient l'existence.

La guerre, qui en est à sa sixième semaine, a été déclenchée par l'attaque du Hamas dans le sud d'Israël, le 7 octobre, au cours de laquelle les militants ont tué plus de 1200 personnes, pour la plupart des civils, et capturé quelque 240 hommes, femmes et enfants.

Vendredi, l'armée a annoncé avoir retrouvé le corps d'un autre otage, identifié comme étant le caporal Noa Marciano. Le corps de Noa Marciano a été retrouvé dans un bâtiment adjacent à Shifa, comme celui d'un autre otage retrouvé jeudi, Yehudit Weiss, âgée de 65 ans.

Plus de 11 400 Palestiniens ont été tués au cours de la guerre, dont deux tiers de femmes et de mineurs, selon les autorités sanitaires palestiniennes. Deux mille sept cents autres sont portés disparus, probablement ensevelis sous les décombres. Le décompte ne fait pas de distinction entre les civils et les militants, et Israël affirme avoir tué des milliers de militants.

L'AIDE AUGMENTE

Depuis le début de la guerre, Gaza n'a reçu que 10 % des denrées alimentaires dont elle a besoin chaque jour, et la déshydratation et la malnutrition s'aggravent, la quasi-totalité des habitants ayant besoin de nourriture, a rappelé Abeer Etefa, la porte-parole du Programme alimentaire mondial des Nations unies pour la région du Proche-Orient.

«La production alimentaire s'est presque complètement arrêtée, les marchés se sont effondrés, les pêcheurs ne peuvent pas accéder à la mer, les agriculteurs ne peuvent pas atteindre leurs fermes, a-t-elle déclaré jeudi depuis Le Caire. Les gens sont confrontés à la possibilité immédiate de mourir de faim.»

«C'est un risque important de crime de guerre et de crime humanitaire parce que d'affamé une population civile, même si c'est pour atteindre des combattants ce n'est pas permis. Les hauts responsables de l'ONU parle d'un risque de génocide. C'est vraiment devenu plus qu'une guerre de combattants, Israël est en train d'essayer d'enlever les moyens de subsitances de toute une population», a souligné Maïka Sondarjee, professeure en développement international et mondialisation à l'Université d'Ottawa en entrevue avec Étienne Fortin-Gauthier au bulletin Noovo Info 17.

La panne du réseau de communication n'a fait qu'aggraver la situation. L'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a déclaré qu'aucune aide ne pourrait être acheminée depuis l'Égypte vendredi en raison des difficultés de coordination en l'absence de téléphone ou d'internet.

«Nous avons vu du carburant, de la nourriture, de l'eau et de l'aide humanitaire être utilisés comme arme de guerre», a déclaré Juliette Touma, porte-parole de l'agence. Il est «scandaleux que les agences humanitaires en soient réduites à mendier du carburant».

Le carburant est nécessaire pour les génératrices qui font fonctionner toutes sortes de choses, des systèmes de communication aux pompes à eau et aux égouts.

Israël a interdit les livraisons de carburant à Gaza depuis le début de la guerre, mais a autorisé une livraison limitée à l'UNRWA en début de semaine pour les camions livrant de la nourriture, après que le réservoir de l'agence se soit épuisé.

FRAPPES DANS LE SUD

À la suite de l'attaque surprise du Hamas, Israël a concentré ses attaques aériennes et terrestres sur le nord de la bande de Gaza, promettant de chasser le Hamas du pouvoir et d'écraser ses capacités militaires.

Ces derniers jours, l'armée israélienne a indiqué qu'elle pourrait étendre ses opérations au sud, où la majeure partie de la population s'est réfugiée.

«Nous sommes sur le point de démanteler le système militaire présent dans le nord de la bande de Gaza», a déclaré jeudi le chef d'état-major, le lieutenant-général Herzl Halevi. Les forces israéliennes ont largué des tracts mercredi après-midi pour demander aux Palestiniens des zones proches de la ville méridionale de Khan Younis d'évacuer.

M. Halevi a ajouté que même s'il restait du travail à faire dans le nord, de plus en plus d'endroits seraient ciblés dans le cadre de la lutte contre le Hamas.

Deux maisons situées à l'est de Khan Younis ont été touchées par des frappes israéliennes tard jeudi et tôt vendredi, selon des survivants.

Un journaliste de l'Associated Press a vu trois morts et des dizaines de blessés, dont des bébés et de jeunes enfants, transportés à l'hôpital principal de la ville. L'attaque de jeudi dernier a tué 11 membres d'une famille qui avait fui la principale zone de combat de la ville de Gaza et dont les corps ont également été transportés à l'hôpital principal.

Au total, 35 personnes ont été tuées à Khan Younis et à Rafah, plus au sud, a déclaré Mohamed Zaqout, un responsable du ministère de la Santé de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas.

La majeure partie de la population de Gaza est entassée dans le sud, y compris des centaines de milliers de personnes qui ont répondu aux appels d'Israël à évacuer le nord pour se mettre à l'abri de son offensive terrestre. Au total, quelque 1,5 million de personnes ont été chassées de chez elles.

Si l'assaut se déplace vers le sud, on ne sait pas exactement où les gens iraient, car l'Égypte refuse d'autoriser un transfert massif sur son sol. L'armée israélienne a appelé la population à se rendre dans une «zone de sécurité» à Mawasi, une ville de quelques kilomètres carrés située sur la côte méditerranéenne.

Les responsables de plusieurs agences des Nations unies et organisations caritatives internationales ont rejeté cette proposition jeudi, estimant qu'il était trop dangereux de concentrer des civils dans une zone pendant que les hostilités se poursuivent. Ils ont appelé à un cessez-le-feu et à l'entrée sans entrave de l'aide humanitaire et du carburant.

FOUILLE DE SHIFA

Les troupes israéliennes ont pris d'assaut Shifa mercredi et fouillent le complexe. Le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, a déclaré que les troupes avaient fouillé les niveaux souterrains de l'hôpital jeudi et détenu les techniciens qui gèrent les équipements.

Israël doit prouver que le Hamas a installé son principal centre de commandement à l'intérieur et sous l'hôpital, dont les multiples bâtiments s'étendent sur plusieurs pâtés de maisons. Les États-Unis ont déclaré qu'ils disposaient de renseignements à l'appui de ces affirmations.

Jusqu'à présent, Israël a surtout montré des photos et des vidéos de caches d'armes que ses soldats auraient trouvées dans l'hôpital.

Jeudi, l'armée a publié une vidéo d'un trou dans la cour de l'hôpital qui, selon elle, était l'entrée d'un tunnel. Elle a également montré plusieurs fusils d'assaut et RPG, des grenades et des chargeurs de munitions posés sur une couverture qui, selon elle, ont été trouvés dans une camionnette dans la cour. L'Associated Press n'a pas pu vérifier de manière indépendante les affirmations israéliennes.

Ces allégations s'inscrivent dans le cadre de l'accusation plus générale d'Israël selon laquelle le Hamas utilise les Palestiniens comme boucliers humains dans la bande de Gaza, soutenant que c'est la raison du grand nombre de victimes civiles au cours des semaines de bombardement.

Alors que la guerre continue d'attiser les tensions ailleurs, les troupes israéliennes ont affronté des tireurs palestiniens à Jénine, en Cisjordanie occupée, tuant au moins trois Palestiniens. Les combats ont éclaté jeudi en fin de journée lors d'un raid israélien.

L'armée israélienne a déclaré que cinq militants avaient été tués. Le ministère palestinien de la Santé a déclaré que trois personnes étaient mortes. Le groupe militant du Jihad islamique a revendiqué les trois morts comme étant des membres et a identifié l'un d'entre eux comme étant un commandant local.

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