Début du contenu principal.
Le premier ministre du Québec refuse «d’entrer dans le jeu» de Donald Trump.
Il faut «garder la tête froide et refuser d’entrer dans le jeu de Donald Trump», selon François Legault, mais le premier ministre du Québec est l’un des nombreux politiciens qui ont commenté les propos du président élu américain, qui multiplie les appels à l’annexion du Canada.
D’après M. Legault, les propos de M. Trump sur le Canada, mais aussi sur l’annexion du Groenland et la réappropriation américaine du canal de Panama, «doivent être pris au sérieux», même s’il «n’est évidemment pas question que le Canada devienne le 51e État américain», car «M. Trump va utiliser toutes les occasions à sa disposition pour augmenter son rapport de force», a écrit le premier ministre du Québec dans une longue réaction publiée sur X, mercredi.
Gardons la tête froide
— François Legault (@francoislegault) January 8, 2025
Les propos du président élu Donald Trump sur le Canada, le canal de Panama et le Groenland doivent être pris au sérieux. Il n’est évidemment pas question que le Canada devienne le 51e État américain, mais M. Trump va utiliser toutes les occasions à sa…
Contrairement à ce que clame le Parti libéral du Québec (PLQ), qui croit que le gouvernement Legault n’est pas suffisamment proactif face aux multiples menaces économiques de Trump, le premier ministre se dit très actif pour «protéger notre économie de la menace de tarifs» du président élu américain, soit celle d’imposer des tarifs de 25 % sur les exportations canadiennes vers les États-Unis.
D’abord, M. Legault rappelle qu’il a ordonné au ministère de la Sécurité publique d’organiser une surveillance active de la frontière avec les États-Unis pour répondre aux préoccupations de Trump en matière d’immigration et a signifié au gouvernement fédéral qu’il s’attend à un resserrement important de l’octroi de visas.
Le gouvernement du Canada accédera-t-il à la demande de M. Legault en ce qui a trait aux visas? «C’est certain qu’on aimerait avoir moins d’incertitudes au gouvernement fédéral en ce moment», convient-t-il, évoquant l’annonce du départ du premier ministre Justin Trudeau.
Ensuite, M. Legault assure que son gouvernement en est à plaider auprès d’entreprises et d’élus américains que «les États-Unis n’ont pas la capacité de produire l’équivalent de l’aluminium québécois sur leur territoire». «L’imposition de tarifs de 25 % nous ferait mal, mais ça ferait mal aussi aux entreprises américaines qui ont besoin de nos produits, sans parler de la hausse des prix pour les Américains eux-mêmes», dit-il.
Enfin, le premier ministre du Québec a indiqué qu’il allait avoir une rencontre avec les ministres des autres provinces en après-midi mercredi dans un vœu de coordination, «de montrer un front uni» et une volonté de «prendre tous les moyens à notre disposition pour éviter l’imposition de tarifs par les États-Unis».
M. Legault espère aussi que le Canada cessera d’être «à la traîne» en matière de dépenses militaires, un point «régulièrement soulevé par le président Trump», mais pour lequel le pays s’est engagé à atteindre l’objectif de débourser 2% du PIB, comme les autres pays membres de l’OTAN. «Le Québec en tirera d’ailleurs des bénéfices puisque nous avons plusieurs entreprises très performantes dans le domaine de la défense», croit-il.
Malgré tout, le gouvernement Legault devrait se préparer de «façon plus proactive» pour contrer les menaces économiques du président désigné Donald Trump, plaide le chef de l’opposition officielle libérale, Marc Tanguay.
«On ne sent pas qu'il y a une stratégie québécoise qui est en train de s'élaborer», s’inquiète le chef par intérim du PLQ, en entrevue avec La Presse canadienne mercredi.
Trump menace d’imposer des tarifs de 25 % sur les exportations canadiennes vers les États-Unis. Il est même allé jusqu’à évoquer l’annexion du Canada sous la menace de représailles économiques.
M. Tanguay demande au premier ministre François Legault de nommer un négociateur en chef pour le Québec sans tarder afin que le Québec puisse avoir un interlocuteur direct avec l’administration Trump, qui prendra officiellement le pouvoir le 20 janvier.
M. Legault s’était engagé à nommer un négociateur en chef après l’élection de Donald Trump, en novembre dernier.
«Là, on est rendu en janvier, à moins de deux semaines de son assermentation (celle du président Donald Trump), déplore le chef libéral. Le temps passe, la partie est commencée et le Québec, sans négociateur en chef, n'est pas sur la glace.»
M. Tanguay ne s’est pas avancé sur le nom de candidats potentiels, qu’il aimerait voir dans ce rôle. Il a donné l’exemple de l’ancien ministre des Finances Raymond Bachand, qui avait été nommé par Philippe Couillard en 2017 pour la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) lors du premier mandat de Donald Trump.
À VOIR AUSSI | Donald Trump a-t-il précipité le départ de Trudeau?
Il a aussi souligné la nomination de l’ancien premier ministre Pierre Marc Johnson en 2009 par Jean Charest pour représenter le Québec dans les négociations qui ont mené à l’accord de libre-échange avec l’Union européenne.
«Ça prend une personne qui connaît bien l'économie du Québec, qui connaît bien le marché canadien et qui connaît bien les intérêts économiques américains également», résume M. Tanguay.
Le chef libéral suggère également de créer «une cellule de crise» au sein du Conseil de la fédération canadienne pour «parler d’une seule et même voix». Il demande aussi au gouvernement de déployer une offensive diplomatique auprès des États américains avec qui le Québec entretient des relations stratégiques, comme New York ou le Vermont.
Le négociateur en chef du Québec sera nommé «en temps et lieu», répond l’attachée de presse du premier ministre François Legault, Catherine Hamel, dans une déclaration écrite. «Il est important de rappeler que M. Trump n’est pas encore assermenté et qu’aucune négociation commerciale n’a cours.»
Québec se défend de traîner les pieds dans ce dossier, comme le laisse entendre l’opposition officielle. Le gouvernement a créé un groupe ministériel de travail Québec-États-Unis dès le lendemain de l’élection du candidat républicain. M. Legault ainsi que plusieurs ministres participent à ce groupe. «Plusieurs rencontres ont déjà eu lieu et d’autres sont à venir», souligne Mme Hamel.
Elle précise que le Québec a accru ses effectifs de 20 % aux États-Unis en prévision des élections américaines et a rehaussé les représentations de Miami et de Washington au statut de délégation. «Nous défendrons fermement les intérêts économiques du Québec.»