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Le marché locatif du logement n’a jamais été aussi défavorable aux locataires canadiens depuis les années 1980, selon un rapport publié par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), mercredi.
Les locataires canadiens évoluent dans le pire marché des 35 dernières années. C'est le constat que dresse la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) dans son dernier Rapport sur le marché locatif, publié mercredi.
À 1,5 %, le taux d’inoccupation sur le marché locatif au Canada a en effet atteint son plus bas niveau depuis 1988, selon les données de l’agence fédérale.
«Les locataires au Canada ont plus de difficulté qu'avant à payer leur logement. Les loyers augmentent plus vite que les salaires et la demande est en forte hausse en raison de la croissance de la population et de l'emploi», a écrit la SCHL sur X.
À Québec, le taux d'inoccupation est à son plus bas depuis les 15 dernières années, avec un pourcentage de 0,9 %. Bien qu'un nombre record de logements a été ajouté au marché en 2023, la demande a augmenté considérablement en parallèle.
Le taux d'inoccupation est particulièrement bas dans les logements avec un loyer compris entre 750 $ et 1249 $, alors qu'il atteint 0,4 %.
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À Montréal, le taux d'inoccupation est en adéquation avec la moyenne nationale, avec un taux de 1,5 % pour le marché locatif traditionnel. En 2022, il était plutôt de 2 %.
Il s'agit de l'un des taux d'inoccupation les plus faibles des 20 dernières années pour la métropole québécoise. Si les banlieues présentent un pourcentage similaire, la tendance est inversée pour le centre-ville montréalais, qui mise sur un taux d'inoccupation de 3,2 %.
Une migration record et un accès à la propriété rendu difficile expliquent en partie cet engorgement du marché locatif, selon la SCHL.
Les Régions métropolitaines de recensement (RMR) de Montréal et de Québec ont connu en 2023 les plus hautes augmentations de loyer des dernières décennies, relève la SCHL.
À Montréal, les loyers pour les appartements de deux chambres ont augmenté de 7,9 % comparativement à 2022 et sont maintenant de 1096 $ en moyenne. Les augmentations de salaire moyennes dans la région n'ont pas suivi cette tendance, étant seulement de 4,5 %.
Le taux de roulement des locataires affecte fortement la hausse des loyers, alors que la variation moyenne du loyer d'une année à l'autre dans un logement dont les occupants ont déménagé est de 18,9 % dans la métropole. Dans les unités sans roulement de locataires, la hausse de loyer moyenne entre 2022 et 2023 était plutôt de 5,7 %.
La région de la Capitale-Nationale a de son côté connu la plus grande augmentation de loyer depuis les années 1990, avec une hausse de 4,8 % en 2023. Le loyer moyen pour les logements ayant changé de locataires était de 1128 $ et pour ceux dont le bail a été renouvelé était de 1009 $.
La variation de loyer pour les logements ayant changé de locataires est quant à elle de 13 %, comparativement à 3,9 % pour les unités sans roulement.
De manière générale, le loyer moyen des logements au Québec, à 1042 $, est en deçà de la moyenne canadienne, qui se situe à 1402 $.
L'organisme de défense des droits des personnes locataires de Chicoutimi Loge m'entraide estime que les chiffres de la SCHL sont de mauvais augure.
«Le coût moyen des loyers à Saguenay a littéralement explosé en l’espace d’un an, passant de 686 $ à 745 $, une hausse de 8,6 % équivalente à 59 $ par mois ! Quant au taux d’inoccupation des loyers, bien qu’il ait passé de 0,9 % à 1,3 %, on n’est pas sorti du bois ! La crise du logement continue toujours de faire ses ravages en rendant la vie difficile aux locataires de Saguenay», déplore la coordonnatrice Sonia Côté.
Celle-ci réclame du gouvernement 50 000 nouveaux logements sociaux sur cinq ans, dont 646 à Saguenay et 210 au Lac St-Jean.
De son côté, le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) se dit «consterné» par les données de la SCHL.
Pour faire face à la crise du logement, le regroupement demande donc au gouvernement de ne pas adopter le projet de loi 31 de la ministre de l'Habitation, France-Élaine Duranceau sans y inclure des «mesures de contrôles obligatoires et permanentes, dont un registre de loyer».
«La principale dépense d’un ménage consiste à payer son loyer à chaque mois et cette dépense est devenue insoutenable», insiste le porte-parole du RCLALQ, Cédric Dussault.
L'organisme rappelle d'ailleurs que les hausses de loyer les plus marquées ne se retrouvent pas dans les grands centres. C'est en effet à Granby que l'on retrouve l'augmentation moyenne la plus importante, qui est de l'ordre de 15,23 %.
Selon le RCLALQ, le rapport de la SCHL sous-estime d'ailleurs l'ampleur de l'explosion des loyers, puisque «les loyers moyens de la SCHL ne sont pas représentatifs des loyers mis en location».
Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) estime que la situation du marché locatif mise en lumière par la SCHL tout simplement «catastrophique».
La porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, dénonce un manque d'actions de la part du gouvernement. «Comment peut-il ne pas mettre la crise du logement dans ses grandes priorités, dans un contexte aussi dramatique? Au-delà des chiffres, ce sont de véritables drames humains qui se vivent! », s’indigne-t-elle.
Le porte-parole de Québec solidaire (QS) en matière de logement et d’habitation, Andrés Fontecilla, juge quant à lui que la crise du logement est «pire que jamais au Québec». «Le bilan de ce gouvernement en habitation est simple: incompétence, déconnexion, inaction», assène-t-il.
Voyez le reportage d'Étienne Fortin-Gauthier dans la vidéo.