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Si elle pense que le fait d’avoir deux enfants complique sa recherche d’appartement, elle juge aussi que son dossier auprès du Tribunal administratif du logement (TAL), qui date de 2017, joue en sa défaveur.
À l’époque âgée de 18 ans, elle avait remis sa part de loyer à son copain de l’époque, qui a gardé la somme pour lui.
Elle n’est pas la seule dans cette situation. Au Québec, il y a des milliers de locataires qui ont parfois commis une seule erreur, mais qui se retrouvent tout de même sur cette «liste noire» des propriétaires. Et leur nom est là pour de bon.
Voyez le reportage de Véronique Dubé dans la vidéo liée à l’article.
«La moindre trace au tribunal, même quand le locataire était dans ses droits et était victime d’abus ou d’injustice et qu’il n’avait commis aucune faute, quand on voit qu’il y a une décision, il est pratiquement barré», explique l’organisatrice communautaire pour les comités logement Hochelaga-Maisonneuve Annie Lapalme.
Mme Lapalme a bien peu de recours à proposer aux locataires demandant conseil pour ce genre de situation, les estimant impuissants face à ce type de scénario.
«La Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) a un formulaire pour faire une recherche sur les locataires. Là-dessus, on demande des informations qui ne sont pas légales, comme le numéro d’assurance sociale (NAS)», déplore l’organisatrice communautaire.
Pour sa part, la CORPIQ ne juge pas qu’utiliser ces informations soit problématique. «Il y a beaucoup de Martin Tremblay au Québec, alors le NAS facilite la [recherche]», réplique le président de la CORPIQ, Éric Sansoucy.
Concernant les impacts que peut avoir cette «liste noire» sur les locataires, M. Sansoucy estime que ceux-ci ne sont pas sans reproches. «On est dans une société de droit où les adultes ont des responsabilités. Ultimement, c’est sûr que quelqu’un qui a un historique, on va en tenir compte», affirme-t-il.
De son côté, l’avocat militant en droit social Me Manuel Johnson voudrait rendre les jugements rendus au TAL anonymes, afin de «protéger la dignité» des partis impliqués. Selon lui, les informations contenues dans les jugements parfois utilisées à des fins «illégitimes et discriminatoires».
Me Johnson voudrait que le gouvernement de François Legault «arrête de croire que le marché [locatif] peut s’autoréguler». D’après lui, le marché est tout simplement «hors de contrôle» présentement.
Pendant ce temps, Naomy aimerait qu’on puisse «passer à autre chose» afin qu’elle puisse trouver un logement pour ses enfants et elle. «J’avais 18 ans, j’ai fait une erreur. À un moment donné, le pardon, ça se donne», juge-t-elle.
Depuis quelques jours, elle est en contact avec un HLM. Elle croise les doigts pour y avoir accès.
Pour le reportage intégral, voyez la vidéo.