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La querelle diplomatique fait la une du Times of India ainsi que de l'Indian Express.
Alors que la décision du Canada d'expulser le plus haut émissaire indien et cinq autres diplomates de New Delhi fait la une des journaux en Inde, la ministre du Commerce international, Mary Ng, tente de rassurer les entreprises canadiennes qui ont des liens avec ce pays.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a voulu prévenir les Canadiens lundi que des agents du gouvernement indien étaient impliqués dans une série de crimes, notamment des homicides, de l'extorsion et de la coercition.
Ces allégations de la GRC ont immédiatement déclenché des représailles diplomatiques: après que le Canada a déclaré six diplomates indiens persona non grata, l'Inde a ordonné à six diplomates canadiens de quitter le pays d'ici samedi.
La ministre Ng a publié lundi soir une déclaration reconnaissant l'«incertitude» que pourraient ressentir les entreprises et les investisseurs canadiens. Elle a assuré que le gouvernement continuerait à soutenir les liens commerciaux et économiques entre les deux pays.
«Toutefois, nous devons concilier nos intérêts économiques avec la nécessité de protéger les Canadiens et de faire respecter l’État de droit», écrit la ministre Ng.
«Nous ne tolérerons pas qu’un gouvernement étranger menace, extorque ou blesse des citoyens canadiens sur notre territoire. Nous exhortons le gouvernement de l’Inde à respecter les mêmes principes de droit et de justice qui guident nos actions.»
La ministre Ng ajoute que le gouvernement canadien «demeure ouvert au dialogue» avec l’Inde et est «impatient» de poursuivre une «précieuse relation» avec ce pays.
La GRC et d'autres responsables canadiens ont présenté des preuves à l'Inde en fin de semaine dernière, mais ils affirment que New Delhi a refusé de coopérer aux enquêtes policières.
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a expliqué lundi que c'est la raison pour laquelle le Canada avait déclaré les six diplomates indiens persona non grata — l'une des sanctions les plus sévères que le Canada puisse imposer en vertu de la Convention de Vienne.
L'Inde insiste sur le fait qu'elle n'a reçu aucune preuve d'une quelconque implication du gouvernement dans des crimes commis au Canada. New Delhi a à son tour ordonné à six diplomates canadiens de quitter le pays.
La vice-présidente de la recherche à la Fondation Asie-Pacifique, Vina Nadjibulla, observera particulièrement comment les alliés du Canada réagiront à cette nouvelle «sans précédent et exceptionnelle».
Cela pourrait se traduire par des démarches diplomatiques en coulisses et peut-être des déclarations publiques de soutien au Canada. «La réaction des États-Unis sera celle à laquelle tout le monde prêtera attention», a-t-elle soutenu.
«Il faudrait que l'Inde ressente une certaine pression pour que le Canada, à ce stade-ci, obtienne une forme quelconque de coopération de la part de l'Inde et obtienne des comptes pour ce qui s'est passé. Il faudrait que l'Inde ait une raison de coopérer», a-t-elle avancé.
Selon Mme Nadjibulla, il était inédit de voir Mme Joly accuser des diplomates en poste d'être impliqués dans des activités criminelles et d'apprendre que la violence liée au gouvernement indien n'avait fait qu'augmenter depuis que le Canada a rendu ses inquiétudes publiques l'année dernière.
En septembre 2023, le premier ministre Justin Trudeau avait annoncé en Chambre que les services de renseignement canadiens enquêtaient sur des informations «crédibles» concernant un «lien potentiel» entre le gouvernement indien et le meurtre du leader sikh Hardeep Singh Nijjar, en Colombie-Britannique en juin 2023.
De l'avis de Mme Nadjibulla, Ottawa a maintenant «très clairement et avec assurance» fait valoir ses arguments en dépêchant de hauts fonctionnaires, en fin de semaine dernière, présenter des preuves à leurs homologues indiens.
«Le Canada a fait ce qu'il pensait être nécessaire, a-t-elle souligné. Nous sommes en territoire inconnu, avec des implications pour les relations diplomatiques ainsi que pour la sécurité publique et nationale du Canada.»
Selon Mme Nadjibulla, il est rare que des diplomates soient expulsés dans la foulée d'accusations liées à des actes criminels. «Nous n'avons pas affaire ici à un État voyou, nous avons affaire ici à un acteur international très important», a-t-elle souligné.