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Économie

Le Canada est-il confronté à une récession ou à un ralentissement économique?

«Nous pourrions commencer à voir de plus en plus de personnes en difficulté financière [...].»

La Banque du Canada, à Ottawa, le mercredi 16 avril 2025.
La Banque du Canada, à Ottawa, le mercredi 16 avril 2025.
Daniel Otis
Daniel Otis

Les dernières prévisions économiques de la Banque TD, de la BMO, de la Banque Nationale et de Deloitte suggèrent toutes que le Canada pourrait se diriger vers une récession cette année.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

Ces institutions financières prévoient que le produit intérieur brut (PIB) du Canada diminuera au cours des deuxième et troisième trimestres de 2025. Deux trimestres, soit six mois, de croissance économique négative correspondent à la définition traditionnelle d'une récession, bien qu'il existe de nombreux autres indicateurs. Une récession est essentiellement une période temporaire de déclin économique caractérisée par une baisse des dépenses, un ralentissement de l'activité commerciale et une augmentation des pertes d'emplois.

Lars Osberg, professeur d'économie à l'université Dalhousie, affirme que les variations du PIB ne donnent pas une image complète de la situation et que le Canada pourrait déjà être en récession.

«Le taux de chômage augmente depuis un certain temps, la participation au marché du travail est en baisse et le revenu moyen diminue», a déclaré M. Osberg à CTVNews.ca.

«Nous sommes dans cette situation depuis un certain temps. La guerre commerciale vient aggraver considérablement la situation.»
- Lars Osberg, professeur d'économie à l'université Dalhousie

Les droits de douane imposés par le président américain Donald Trump ont bouleversé le commerce international et fait grimper les prix. Mais même si le Canada parvient à conclure rapidement un nouvel accord commercial avec les États-Unis, l'incertitude créée par M. Trump pourrait persister.

«L'impact de l'incertitude tarifaire sur les investissements va freiner l'activité économique à l'avenir, même si nous parvenons à élaborer un nouvel accord, car nous ne savons pas vraiment combien de temps cet accord va durer», a déclaré M. Osberg. «Au cours des derniers mois, nous avons soudainement connu une augmentation massive de l'incertitude.»

Récession et pertes d'emplois

Beata Caranci, économiste en chef de la Banque TD, a récemment averti que les droits de douane conduisent le Canada vers une récession en 2025, qui pourrait entraîner la perte d'environ 100 000 emplois. Selon les dernières données de Statistique Canada, le taux de chômage a continué d'augmenter en avril pour atteindre 6,9 %, ce qui représente environ 1,5 million de personnes.

«Le problème auquel sont confrontés la Banque du Canada et le gouvernement est qu'une guerre commerciale, une guerre des droits de douane, a des répercussions négatives à la fois sur l'inflation et sur le chômage», a déclaré M. Osberg. «Le chômage augmente parce que les investissements diminuent, les exportations baissent et les dépenses de consommation reculent ; et les prix augmentent parce que les droits de douane font bien sûr grimper les prix.»

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Selon les prévisions de la TD, le PIB du Canada reculera de 1 % au deuxième trimestre de 2025 et de 0,2 % au troisième trimestre. BMO table sur un recul de 1 % pour les deux trimestres. La Banque Nationale prévoit le recul le plus important, soit 1,1 % et 1 %. Deloitte prévoit une baisse similaire du PIB, soit 1,1 % et 0,9 %.

Cette évaluation n'est pas partagée par d'autres grandes banques canadiennes comme RBC et Scotiabank, qui prévoient une croissance faible mais positive pour les deux trimestres. La CIBC, quant à elle, ne prévoit qu'un seul trimestre négatif.

Toutes prévoient un retour à une croissance positive du PIB au premier trimestre de 2026.

Ralentissement économique, pas récession

Moshe Lander, maître de conférences en économie à l'Université Concordia, ne prévoit pas non plus que le Canada entrera en récession, mais il affirme que nous sommes en «ralentissement économique».

«Cela ne signifie pas nécessairement deux trimestres consécutifs de baisse du PIB, mais simplement que nous n'allons pas croître aussi rapidement que nous le pourrions, que nous le devrions ou que nous l'avons fait», explique M. Lander.

«Le marché boursier pourrait ralentir, le marché immobilier pourrait ralentir, le marché du travail pourrait ralentir. Nous pourrions commencer à voir de plus en plus de personnes en difficulté financière en raison de pertes d'emploi ou parce que leurs revenus n'augmentent pas aussi rapidement qu'ils le pourraient ou le devraient.»
- Moshe Lander, maître de conférences en économie à l'Université Concordia

Comme M. Osberg, M. Lander affirme que les problèmes économiques du Canada n'ont pas été créés par l'administration Trump.

«Nous aurions probablement connu un ralentissement de toute façon, mais nous connaissons un ralentissement plus grave ou plus soudain en raison des discussions sur les droits de douane», a-t-il déclaré. «C'est donc certainement un facteur important, mais l'économie montrait déjà des signes de tension.»

M. Lander explique que la différence entre les prévisions économiques tient au fait qu'il s'agit d'une «science imparfaite».

«Les économistes se moquent souvent d'avoir réussi à prédire neuf des cinq dernières récessions», dit-il. «Il y aura toujours des variations... par exemple, combien de temps les droits de douane vont-ils durer, ou jusqu'où vont-ils monter ?»


George Georgopoulos, professeur agrégé d'économie à l'Université York, estime que les accords conclus récemment avec des pays comme le Royaume-Uni montrent que les tensions commerciales avec les États-Unis pourraient s'apaiser.

«Même si je m'attends à un ralentissement de la croissance du PIB au Canada au cours des deuxième et troisième trimestres, je ne prévois pas de croissance négative pour l'un ou l'autre de ces trimestres», a déclaré M. Georgopoulos à CTVNews.ca. «Le climat est désormais plus conciliant et propice à une discussion constructive sur la réduction des droits de douane.»

Daniel Otis
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