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Des militants de la communauté LGBTQ+ au Canada estiment que le gouvernement fédéral devrait en faire davantage pour lutter contre un mouvement qui s'organise en Afrique pour réprimer les droits des minorités sexuelles et de genre, tout en demeurant prudent au moment d'aborder ces questions en public.
«Nous sommes réduits au silence», a déploré le fondateur de l'organisme LGBT+ Rights Ghana, Alex Kofi Donkor, lors d'une récente visite à Ottawa.
Le Ghana interdit tout acte homosexuel depuis la domination britannique. Human Rights Watch affirme que les personnes LGBTQ+ de ce pays sont confrontées à un climat de peur et de violence.
M. Donkor, âgé de 33 ans, a tenté de changer cette réalité il y a quelques années en lançant un blogue. Son but: documenter les problèmes liés aux droits de la personne.
Un peu plus tard, le chercheur médical a voulu aller encore plus loin en lançant son organisme afin de sensibiliser les médias et les politiciens sur les enjeux de la communauté LGBTQ+. Il a ouvert un premier bureau physique en janvier 2021, mais la police l'a perquisitionné un mois plus tard et a ordonné sa fermeture.
En août 2021, les politiciens du Ghana ont commencé à débattre d'un projet de loi visant à interdire les soins affirmant le genre et à permettre l'emprisonnement des personnes qui font la promotion d'activités de la communauté LGBTQ+.
Plus tôt ce mois-ci, le premier ministre Justin Trudeau a rencontré le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, mais il n'a pas évoqué ce projet de loi.
M. Donkor estime cependant que M. Trudeau a fait le bon choix. Il a rappelé qu'une prise de position trop forte aurait pu nourrir l'idée que l'Occident impose ses valeurs à l'Afrique.
«Il y a des moments où nous avons besoin de soutien extérieur, mais d'autres ou ce n'est pas le cas», a-t-il soutenu.
En mars, le palais présidentiel du Ghana a été illuminé aux couleurs des drapeaux ghanéen et américain pour marquer la visite de la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris.
Toutefois, la combinaison des couleurs des deux drapeaux a poussé certains opposants aux droits des personnes LGBTQ+ à prévenir que les États-Unis essayaient ainsi d'imposer leur vision des choses.
Puis, lors d'une conférence de presse, Mme Harris a été invitée à commenter le projet de loi par un journaliste américain. Elle l'a qualifié de «problème de droits de la personne».
«Ça a poussé des gens à dire qu'il fallait aller encore plus vite pour adopter le projet de loi, parce que les États-Unis étaient venus nous dicter leurs valeurs», a mentionné M. Donkor.
«Aujourd'hui, nous devons encore réparer les pots cassés», a-t-il déploré.
De nombreux nouveaux arrivants au Canada soutiennent qu'ils ont un rôle clé à jouer dans la lutte contre la répression des droits des personnes LGBTQ+ dans leur pays d'origine, parce qu'ils comprennent la culture et la politique locales. Ce faisant, ils s'exposent toutefois à des réactions négatives de la part de leurs proches.
Lors d'un panel à ce sujet, cette semaine à Ottawa, plusieurs organismes sont venus présenter leurs idées de façon de faire pour les pays occidentaux de défendre les droits des personnes LGBTQ+ à l'étranger, sans risquer de nuire involontairement à la cause.
L'une de ces façons serait notamment de prendre acte du fait que certains groupes opposés à cette communauté en Afrique reçoivent du financement depuis les pays occidentaux, notamment les États-Unis.
«Nous avons affaire à un mouvement international bien financé et bien coordonné contre les droits des personnes 2SLGBTQ+, des femmes et de toutes les autres personnes opprimées. Il va falloir mettre en place ce même niveau de coordination et de financement pour répondre à cet enjeu», a souligné la directrice du Centre canadien pour la diversité des genres et de la sexualité, Debbie Owusu-Akyeeah.
Quant à M. Donkor, il rentre ce samedi au Ghana, malgré des menaces de mort qui lui donneraient probablement une chance de demander le statut de réfugié au Canada. Il espère toutefois que son pays saura accueillir la diversité.
M. Donkor croit que le Canada pourra jouer un rôle pour améliorer la situation des personnes LGBTQ+ dans son pays, mais qu'il faudra que les Ghanéens fassent les premiers pas.
«On va vous dire de quoi nous avons besoin», a-t-il fait savoir.