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La judoka Christa Deguchi remporte la première médaille d'or canadienne aux Jeux olympiques de Paris.
Le sport est souvent cruel. On a eu une autre démonstration lundi, à l'Aréna Champ-de-Mars, alors que Christa Deguchi est devenue la championne des Jeux olympiques de Paris chez les 57 kg, tandis qu'un manque d'attention d'une demi-seconde a coûté une chance de médaille à Arthur Margelidon chez les 73 kg.
Deguchi, qui a vaincu la Sud-Coréenne et championne du monde en titre Mimi Huh en finale, a ainsi procuré au pays sa première médaille d'or olympique en judo de son histoire, sa huitième au total.
«La première médaille pour les dames?, a-t-elle d'abord demandé quand on lui a parlé de ce moment historique. Oh! Bravo pour moi!», s'est-elle ensuite exclamée, visiblement ravie d'apprendre ce fait historique.
«Je suis la no 1», a ajouté Deguchi en réalisant qu'il s'agissait également de la première médaille d'or canadienne à Paris, des réactions tout en contraste avec son côté méthodique et calculateur sur les tatamis.
«La route a été longue jusqu'à cette médaille», a rappelé celle qui s'est exilée de son Japon natal pour venir défendre les couleurs du Canada après avoir été rejetée par la fédération nippone, en 2017. Il a fallu qu'elle soit dans la même division que Jessica Klimkait. Les deux se partagent les deux premières positions au classement mondial depuis. C'est Klimkait qui occupait le haut du pavé en 2021, excluant ainsi Deguchi des Jeux olympiques de Tokyo, où elle s'entraîne toujours.
«Ça a été dur. Je n'ai pas regardé ces Jeux olympiques», a-t-elle admis.
La double championne du monde, en 2019 et 2023, s'était inclinée devant Huh en finale des derniers Mondiaux. Elle n'aurait pas pu trouver plus grande scène que le tatami de l'Aréna Champ-de-Mars pour prendre sa revanche, elle qui disputait ainsi à 28 ans ses premiers Jeux olympiques.
Le combat n'a pas été des plus excitants, les deux judokas semblant plus portées sur la défensive que sur l'attaque. Le combat s'est terminé en prolongation, au «Golden Score», quand Huh a écopé de sa troisième pénalité de la rencontre. Une fin identique à sa demi-finale contre la Française Sarah Léonie Cysique, l'une des deux médaillées de bronze en compagnie de la Japonaise Haruka Funakubo.
«J'ai été chanceuse de gagner de cette façon. Ce n'est pas de la façon dont j'aurais voulu gagner — j'aurais aimé une belle projection claire et nette —, mais je suis quand même championne. Je vais le prouver dans le futur. Je vais célébrer brièvement cette victoire et reprendre l'entraînement en vue de la compétition par équipe.»
«Je ne suis pas d'accord avec elle: elle n'a pas été chanceuse, a affirmé Antoine Valois-Fortier, l'entraîneur-chef de l'équipe nationale. C'est elle qui a démontré la meilleure attitude. En étant du même pays que Jessica, tu n'es pas chanceuse en partant! Elle a trouvé en elle la force d'aller chercher ses combats serrés-là. (...) Tous les athlètes souhaitent l'ippon du tournoi en 15 secondes. Mais au final, c'est elle qui a le mieux géré les jeux de pieds et les mains de ses adversaires. Elle n'est pas tombée dans le jeu de ses adversaires et ne s'est pas empressée à attaquer.»
De son côté, Margelidon a vu son rêve de médaille olympique prendre fin après 50 secondes en repêchage.
Une toute petite erreur face à l'Italien Manuel Lombardo a permis à ce dernier de réussir un ippon, sonnant le glas du parcours olympique du Québécois.
C'est un peu ce qui s'était également passé dans son quart de finale, face au no 1 mondial, l'Azerbaïdjanais Hidayat Heydarov. Après 6:03 de prolongation, Margelidon s'est fait passer un ippon par Heydarov, qui s'est immédiatement empressé d'aller relever son adversaire, le félicitant chaleureusement pour l'éreintant combat qu'il venait de lui livrer. Heyradov a poursuivi sa route jusque sur la plus haute marche du podium.
Margelidon termine ainsi en septième place, après s'être classé cinquième à Tokyo.
«Ce dont je peux être fier, c’est que j’ai tout donné. Les erreurs arrivent dans le sport.
«Dès que la médaille d’or n’est plus à notre portée, on a comme une petite baisse de régime. Antoine m’en a parlé; il m’a dit que je ne voulais pas me réveiller dans 10 ans en pensant que je n’ai pas tout donné. Ce n’est pas le cas, [Lombardo] m’a surpris dans un mauvais moment.»
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Ce lundi, il a connu un parcours taxant, devant disputer la prolongation à chacun de ses combats de la première séance. D'abord face au judoka du Tadjikistan Behruzi Khojazoda, 11e mondial, qu'il a finalement battu par waza-ari après 5:19 supplémentaires.
Scénario semblable face à l'Allemand classé 25e Igor Wandtke, qui a finalement reçu sa troisième pénalité pour non-combativité après 4:03 de prolongation.
Ces longues minutes à attaquer et se défendre contre les meilleurs de la discipline ont probablement contribué à cette légère perte de concentration contre Lombardo.
«J’ai de la misère à dire que ce n’est pas à cause de ça, mais j’ai fait huit combats [lundi] en comptant ces prolongations. Je ne veux pas m’en servir comme d’une excuse: c’est une erreur que j’ai commise au repêchage», a indiqué Margelidon.
«J’ai de la misère quand j’arrive proche de la médaille. Il y a un déclic qui ne se fait pas, a-t-il analysé plus à fond. Mais en même temps, j’ai livré tout un combat contre le meilleur au monde [en quarts] et tu mets un autre arbitre dans un autre moment et je gagne ce combat.»
«Il a été phénoménal, l'a défendu Valois-Fortier. Il est passé à un cheveu en quarts contre celui qui quitte l'aréna avec la médaille d'or. Je suis persuadé qu'il est très déçu en ce moment, mais il n'a pas à rougir de sa performance. Je ne sais pas s'il avait encore la tête en quarts dans son combat contre l'Italien. (...) Pour l'avoir vécu, c'est très difficile de ne pas se demander qu'est-ce qu'on fait là alors qu'on devrait se battre pour l'or. Ça sonne bien quand je le dis, mais c'est très difficile à faire.»
Le Français Joan Benjamin Gaba a récolté la médaille d'argent. Celles de bronze sont allées au Moldave Odil Osmanov et au Japonais Soichi Hashimoto.
Mardi, les Québécois Catherine Beauchemin-Pinard, médaillée de bronze des 63 kg à Tokyo, et François Gauthier-Drapeau (81 kg) seront en action.