Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

International

Des milliers de personnes marchent contre l'antisémitisme à Paris

Les autorités parisiennes ont déployé 3000 policiers le long du parcours de la manifestation, qui avait été organisée à la suite d'appels lancés par des membres du Sénat et de l'Assemblée nationale.

Sylvie Corbet
Sylvie Corbet / Associated Press

Plus de 180 000 personnes à travers la France, dont 100 000 à Paris, ont défilé pacifiquement dimanche pour manifester contre la montée de l'antisémitisme dans le cadre de la guerre qui fait rage entre Israël et le Hamas.

La première ministre Élisabeth Borne, des représentants de plusieurs partis de gauche et la politicienne d'extrême droite Marine Le Pen ont pris part à la marche qui s'est déroulée sous haute surveillance policière dans la capitale française.

Le président Emmanuel Macron n'était pas présent, mais il a tout de même exprimé son soutien à la manifestation, appelant les Français à se soulever contre «l'insupportable résurgence d'un antisémitisme débridé».

Cependant, le chef du parti d'extrême gauche France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, est resté à l'écart de la marche, affirmant la semaine dernière sur X, anciennement Twitter, que la marche serait une réunion des «amis du soutien inconditionnel pour le massacre» à Gaza.

Le ministère de l'Intérieur a indiqué qu'au moins 182 000 personnes ont défilé dans plusieurs villes françaises en réponse à l'appel lancé par les dirigeants des chambres haute et basse du Parlement. Aucun incident majeur n'a été signalé, précise-t-on.

Les autorités parisiennes ont déployé 3000 policiers le long du parcours de la manifestation, qui avait été organisée à la suite d'appels lancés par des membres du Sénat et de l'Assemblée nationale.

La marche s'est déroulée dans un contexte où la France est aux prises avec une augmentation alarmante du nombre d'actes antisémites depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

La France compte la plus grande population juive d'Europe, mais étant donné que certains Français ont collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, les actes antisémites rouvrent de vieilles cicatrices.

Tenant un drapeau français, Robert Fiel a affirmé que, pour lui, manifester contre l'antisémitisme était «plus qu'un devoir».

«C'est une marche contre la violence, contre l'antisémitisme, contre tous les extrêmes politiques qui infiltrent notre société, pour montrer que la majorité silencieuse existe», a souligné l'homme de 67 ans.

Les membres des familles de certains des 40 citoyens français qui ont été tués lors de l'attaque initiale du Hamas, le 7 octobre, ainsi que de ceux portés disparus ou retenus en otages ont également pris part à la marche.

Patrick Klugman, un avocat membre du comité Freethem qui œuvre pour obtenir la libération des personnes détenues par le Hamas et d'autres groupes dans la bande de Gaza, a noté que la forte participation à la marche est significative et symbolique pour rassurer les communautés juives de France.

«Je suis très fier de mon pays grâce à cette mobilisation, a-t-il dit. Je me sens moins seul que ces derniers jours et ces dernières semaines.»

Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), s'est dit encouragé par la manifestation de soutien de dimanche, mais la question demeure, a-t-il déclaré à la chaîne française BFM lors de la marche, «que sera-t-il fait (contre l'antisémitisme) demain ?».

Tomer Sisley, un acteur israélien et français, a insisté sur le fait que cette démonstration massive de solidarité prouve que la majorité des citoyens français sont contre la violence et la haine contre tout groupe religieux ou ethnique.

«Nous ne sommes ni juifs, ni musulmans, ni chrétiens, a dit M. Sisley. Nous sommes français et nous sommes là pour montrer que nous sommes tous ensemble.»

Macron lance un appel au calme

Les corps policiers français ont recensé plus de 1000 actes contre des Juifs dans tout le pays au cours du mois qui s’est écoulé depuis le début des affrontements au Proche-Orient.

Dans une lettre adressée aux Français qui a été publiée dimanche, le président Macron a promis que les auteurs de ces actes seraient poursuivis et punis.

«Une France où nos concitoyens juifs ont peur n’est pas la France. Une France où des Français ont peur en raison de leur religion ou de leur origine n’est pas la France», a soutenu M. Macron dans une lettre ouverte qui a été publiée dans Le Parisien.

Du même souffle, il a appelé la France à rester «unie derrière ses valeurs (…) pour porter son projet et œuvrer à la paix et la sécurité de tous au Proche-Orient».

M. Macron a noté qu'il participerait à la manifestation de dimanche «par le cœur et la pensée», mais pas en personne.

«Mon rôle est de bâtir l'unité du pays et d'être ferme sur les valeurs», a-t-il expliqué samedi en marge des commémorations de l'Armistice, marquant la fin de la Première Guerre mondiale.

La France a largement interdit les manifestations propalestiniennes, même si des partisans ont défilé dans plusieurs villes françaises ces dernières semaines, y compris des milliers de personnes qui ont exigé un cessez-le-feu à Gaza lors d'une manifestation autorisée à Paris dimanche dernier.

Samedi, les autorités ont dénombré 1247 actes antisémites depuis le 7 octobre, soit près de trois fois plus que sur l'ensemble de l'année 2022, selon le ministère de l'Intérieur.

La marche de dimanche à Paris apparaît comme le plus grand rassemblement pour dénoncer l'antisémitisme en France depuis une manifestation de 1990 contre la profanation d'un cimetière juif

Sylvie Corbet
Sylvie Corbet / Associated Press