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Une vigile est prévue dès midi à Montréal, devant le bureau de circonscription du premier ministre Justin Trudeau, dans la circonscription de Papineau.
Une coalition de groupes communautaires venant en aide aux demandeurs d'asile fustige la décision du Canada et des États-Unis de revoir l'Entente sur les tiers pays sûrs et de fermer le chemin Roxham. Les membres du regroupement estiment que la mesure brime les droits humains fondamentaux des plus vulnérables, qui cognent à la porte du pays pour demander de l'aide.
Le choix du 4 avril pour tenir une conférence de presse pour condamner cette décision ne relève pas du hasard; la date marque en effet la Journée des droits des réfugiés.
Malgré la fermeture «officielle» du chemin Roxham, des demandeurs d'asile tenteront tout de même de traverser la frontière, de manière plus périlleuse.
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«Certains politiciens disent que le problème est réglé maintenant que Roxham est fermé, mais en vérité, les gens continuent d'y passer; ils sont simplement traités différemment», a fait savoir Stephan Reichhold, directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées immigrantes.
«Les gens sont vraiment désespérés: ils sont prêts à prendre des risques absolument immenses pour venir ici, et c'est ce qu'on va voir dans les prochaines semaines et les prochains mois», a-t-il ajouté.
Voyez le récapitulatif de Louis-Philippe Bourdeau dans la vidéo qui accompagne ce texte.
En refusant d'accueillir les demandeurs d'asile dignement, comme il s'était engagé à le faire en adhérant à la Convention de Genève, le Canada met ces personnes en danger, soutient pour sa part Sylvie Guyon, du comité de rapprochement interculturel de Ville-Émard/Côte-Saint-Paul.
«On les oblige à prendre des chemins plus périlleux. On ouvre la porte aux passeurs qui vont en profiter», craint-elle.
«Les droits fondamentaux des demandeurs d'asile sont bafoués, parce qu'on les refoule à la frontière alors que le Canada s'était engagé, avec la Convention de Genève, à ne pas refuser ceux qui demandent l'asile», a renchéri M. Reichhold, ajoutant qu'en vertu d'une décision de la Cour suprême datant de 1985, les demandeurs d'asile sont considérés comme étant couverts par la Charte canadienne des droits et libertés.
La situation n'est pas une question d'une capacité d'accueil insuffisante; le Canada a été capable de bien accueillir et d'intégrer quelque 190 000 ressortissants ukrainiens, a rappelé Mme Guyon.
Pour rappeler les obligations du Canada envers les demandeurs d'asile, le regroupement d'organismes a lancé mardi la campagne Accueillons dignement. Celle-ci se déploiera sur les réseaux sociaux et via de l'affichage.
Le regroupement d'organismes avait déjà tiré la sonnette d'alarme, le 24 janvier dernier. Ses membres faisaient valoir le manque criant de ressources humaines et financières pour bien accompagner les demandeurs d'asile, qui font face à une longue période d'attente pour obtenir le peu de services auxquels ils ont droit. Le tout a pour effet de retarder leur intégration à la société et de coûter plus cher à la communauté.
La ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, Christine Fréchette, et sa collègue responsable de la Solidarité sociale et de l'Action communautaire, Chantal Rouleau, avaient annoncé environ deux semaines plus tard une aide d'urgence de 3,5 millions $ pour soutenir les organismes.
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Or, selon plusieurs représentants, cette aide n'a pas suffi. «Depuis le 24 janvier, il n'y a pas vraiment eu d'amélioration en termes de soutien et d'accompagnement des demandeurs d'asile. Les ressources manquent encore de manière importante», a indiqué M. Reichhold.
La directrice générale du centre de pédiatrie sociale en communauté Au coeur de l'enfance, Christine Durocher, qualifie pour sa part l'aide d'urgence octroyée par Québec de «mini pansement sur une plaie béante». «Cette aide n'est pas récurrente et ne s'attaque pas aux problèmes fondamentaux qu'on observe', a-t-elle déploré.
Pour endiguer la crise et soutenir de façon pérenne les demandeurs d'asile et les réfugiés, les organismes ont réitéré cinq demandes phares.
Ils réclament d'abord un meilleur financement à leur mission, puis de rendre les demandeurs d'asile admissibles au Programme d'accompagnement et de soutien à l'intégration (PASI), dont ont notamment bénéficié les ressortissants ukrainiens et qui confère l'accès à certains services, notamment des services de garde en milieu subventionné et du soutien à l'employabilité.
Ces services sont refusés aux demandeurs d'asile en vertu d'une décision du conseil des ministres datant de 1996, une décision que les organismes demandent au gouvernement de renverser pour maximiser les chances d'intégrer ces nouveaux arrivants vulnérables.
Le renforcement du soutien juridique offert aux demandeurs d'asile ainsi que la mise en place d'un programme d'hébergement transitoire figurent aussi parmi leurs demandes.
Une vigile était prévue dès midi à Montréal, devant le bureau de circonscription du premier ministre Justin Trudeau, dans la circonscription de Papineau.
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