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Trois victimes alléguées ont témoigné mercredi, devant un paravent pour éviter que leur regard ne croise celui de l’accusé.
Le procès pour agression sexuelle de l’ex-moniteur scout Raphaël Bélisle a débuté mercredi matin, au palais de justice de Sherbrooke. Trois victimes alléguées ont témoigné mercredi, devant un paravent pour éviter que leur regard ne croise celui de l’accusé.
Étant donné que les victimes sont encore mineures, des mesures sont en place pour faciliter leurs témoignages derrière la barre.
«C'est quelque chose qui est très éprouvant notamment par rapport au lien qu'elles entretenaient avec l'accusé et les membres de sa famille», a souligné la procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Laïla Belgharras aux médias.
Visiblement nerveux, l'accusé a assisté aux audiences avec des proches, tapant du pied de manière frénétique.
La première jeune fille, présentement âgée de 15 ans, a raconté s’être retrouvée dans un chalet en Estrie à l’été 2022 avec plusieurs autres membres des scouts, dont le moniteur Bélisle. Certaines personnes présentes lors de cette fin de semaine auraient dormi à la belle étoile sur le toit du chalet, le vendredi soir.
Alors qu’elle s’apprêtait à s’endormir, la victime alléguée aurait été prise en cuillère par l’accusé. Ce dernier aurait glissé sa main sur son ventre, avant de lui demander si elle était endormie.
«Je me sentais comme dans un film d’horreur. J’étais sous le choc et je ne comprenais vraiment pas», a-t-elle expliqué, lorsque Me Belgharras lui a demandé de décrire ses sentiments au moment des faits. Après avoir tenté de se défaire de cette emprise, la victime alléguée a raconté que Bélisle était revenu à la charge en revenant à nouveau en position de cuillère avec elle.
«J’ai essayé de le tasser et il m’a ramené. Il met ses jambes par-dessus les miennes […] Je ne pouvais comme plus bouger, j’étais prise […] J’ai fini par réussir à dormir. Le matin, j’étais réveillée de bonne heure. J’attendais qu’il se réveille pour pouvoir me tasser », a raconté la jeune fille.
Plus tôt dans la matinée, l’enquêtrice Christina Jacques avait rapporté que le père de la jeune fille avait appelé la police le 26 août 2022. Après que la jeune victime ait raconté l’histoire à des amies, ces dernières ont effectivement alerté son père. Une première rencontre avec la présumée victime a permis d’en identifier une deuxième et de procéder à l'arrestation de Bélisle, le 6 septembre 2022
«J’ai l’information à ce moment qu’il est animateur scout, très impliqué dans le mouvement. Il est aussi enseignant à l’école primaire et famille d’accueil pour la Direction de la Protection de la Jeunesse (DPJ).»
Au fait des nombreuses implications de l’accusé, elle demandera qu’un communiqué soit publié dans les médias. Une autre présumée victime décidera alors de porter plainte deux jours plus tard.
Les deux autres victimes ont donc témoigné mercredi, l’une racontant avoir dormi «au moins cinq fois» au domicile de l’accusé lors de l’été 2022. Elle dit avoir subi des attouchements à plusieurs reprises de sa part.
«Pour la première victime, on parle d'un seul événement qui s'est déroulé au cours d'un même week-end. Et pour les autres victimes, on parle d'autres événements qui se sont déroulés à d'autres endroits et d,autres occasions», a résumé la procureure aux médias, mercredi.
En mêlée de presse sur l’heure du dîner, l’avocate de Bélisle, Me Kim Dingman, a confirmé que son client avait l’intention de témoigner à son procès et de nier les faits. Elle a noté plusieurs contradictions dans les témoignages des jeunes victimes.
«Il y a des contradictions dans les détails qu’elles donnent, dans les positions dans lesquelles elles se sont placées, dans les gestes qui ont été posés, par le fait qu’elles se sont parlées entre elles aussi des faits et des événements. Elles témoignent parfois sur des choses qu’elles se sont fait dire et non pas dont elles ont été témoins directement. Ça affecte leur crédibilité», a argué Me Dingman.
Appelé à la barre par la défense, le meilleur ami de l’accusé, qui était aussi présent lors de la fin de semaine dans un chalet estrien, a expliqué ne pas avoir entendu de propos à connotation sexuelle pendant le séjour. Il dormait dans le dortoir avec un autre groupe de jeunes, tandis que Bélisle dormait sur le toit, selon lui.
D'autres personnes, qui étaient également sur place lors des événements, pourraient témoigner en sa défense.
Au départ, Bélisle devait subir deux procès distincts, mais ses trois victimes alléguées témoignent finalement dans le cadre d’un seul procès, après qu’une requête de la Couronne en faits similaires ait été acceptée par le juge Serge Champoux. L’objectif avoué de la procureure Laïla Belgharras était alors de «rehausser la crédibilité des victimes et contrer une défense de somnambulisme, d’accident ou de geste involontaire», avait-elle expliqué en septembre à Noovo Info.
Selon la théorie de la Couronne, Bélisle aurait effectivement utilisé le même modus operandi avec les trois jeunes filles. «Il va dormir avec les victimes et les assoit sur lui, alors qu’il est en érection», avait rapporté Me Belgharras. Les trois victimes alléguées avaient moins de 16 ans au moment des gestes reprochés.
Pour les plus récentes nouvelles touchant l'Estrie, consultez le Noovo.Info.