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L'évaluation environnementale fédérale du projet Bay du Nord n'a pas été réalisée en tenant compte de la quantité de pétrole qui pourrait être extrait de l'océan Atlantique, ce qui constitue une raison supplémentaire d'exiger son retrait, selon Greenpeace
Des groupes environnementaux dénoncent «l'absurdité» de l'évaluation environnementale du projet Bay du Nord alors que la quantité de pétrole qui pourrait être produit est revue à la hausse par le géant pétrolier norvégien Equinor.
L'évaluation environnementale fédérale du projet Bay du Nord n'a pas été réalisée en tenant compte de la quantité de pétrole qui pourrait être extrait de l'océan Atlantique, ce qui constitue une raison supplémentaire d'exiger son retrait, selon Greenpeace et le Sierra Club.
Ce n'est plus «environ 300 millions de barils de pétrole brut» que Bay du Nord pourrait produire, comme il est indiqué dans le résumé du projet présenté par l'entreprise Equinor en juin 2018 à l'Agence d'évaluation d'impact du Canada.
Trois semaines après avoir obtenu l'approbation du ministère de l'Environnement pour le projet pétrolier au large de Terre-Neuve, la porte-parole d'Equinor, Alex Collins, a indiqué à La Presse Canadienne jeudi que l'entreprise estime maintenant qu'elle peut extraire «plus que 500 millions de barils» de pétrole brut.
Cette augmentation de 67 % de la production estimée par l'entreprise a d'abord été rapportée par Radio-Canada jeudi.
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Equinor a confirmé à La Presse Canadienne que ses travaux d'exploration ne sont pas terminés. Elle pourrait donc revoir, encore une fois, ses estimations à la hausse, et de beaucoup si l'on se fie à un communiqué de presse publié par Energy NL, une association d'entreprises du secteur de l'énergie en novembre 2021.
Al Cook, l'un des cadres de l'entreprise, avait alors déclaré à des investisseurs que «Bay du Nord avait le potentiel de devenir plus grand que Bacalhau», un projet pétrolier brésilien qui aurait une réserve «d'un milliard de barils».
Questionné à savoir si l'autorisation du projet par Environnement et Changement climatique Canada donne l'aval à une production illimitée de pétrole par Equinor, le ministère a répondu que «l'évaluation environnementale fédérale» de Bay du Nord était fondée sur «l'emplacement du projet, le nombre d'années, les composantes et les activités» et non sur «la quantité de pétrole que le projet était censé produire».
Dans une déclaration transmise à La Presse Canadienne, le ministère de l'Environnement a précisé que l'évaluation a également pris en compte «la possibilité que le promoteur trouve d'autres réserves de pétrole» et que «les impacts potentiels du développement au-delà des limites de la zone centrale de développement» ont aussi été pris en considération.
«Il faut arrêter ce projet-là, il faut avoir une véritable évaluation qui permet de comprendre quel est l'impact global. C'est complètement absurde d'avoir un projet qui va de l'avant sans avoir eu l'image réelle à quel point ce projet sera catastrophique», a indiqué Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace Canada.
Il juge qu'il est «problématique» que l'on ignore l'estimation de la quantité de gaz à effet de serre que Bay du Nord produira, dans un contexte où «on ne sait pas si c'est 300 millions de barils, 500 millions de barils, voire un milliard de barils» de pétrole qui seront produits.
Même son de cloche pour l'écologiste Gretchen Fitzgerald, du Sierra Club, qui soutient que «les estimations gonflantes de la production pétrolière projetée de Bay du Nord sont alarmantes pour notre climat et montrent l'absurdité de l'évaluation environnementale réalisée pour ce projet».
Selon Equinor, le projet émettra 8 kg de CO2 pour chaque baril de pétrole extrait et le ministère de l'Environnement fait valoir que ce pétrole sera «10 fois moins polluant» que celui tiré des sables bitumineux.
Mais Greenpeace dénonce que le gouvernement omet d'expliquer que l'extraction de ce type de pétrole «représente environ 10 % des émissions de GES liées au pétrole», alors que 90 % surviendront au moment où le pétrole sera brûlé.
La mise en exploitation du projet Bay du Nord, qui devrait durer 30 ans, est prévue pour 2028.
«D'un côté, le Canada prétend vouloir atteindre la carboneutralité en 2050, et là on a une entreprise qui ne cesse de gonfler un projet qui était déjà complètement inacceptable, pour lequel on avait déjà 300 millions de raisons de le rejeter et là, on est rendu à 500 millions de raisons», a résumé Patrick Bonin.
La décision, par le ministère de l'Environnement, de permettre ce mégaprojet pétrolier ne cesse d'être critiquée par les groupes environnementaux, surtout qu'elle est survenue, en avril dernier, quelques jours après la publication du dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a qualifié de «folie morale et économique» les nouveaux investissements dans le secteur des énergies fossiles.
Bay du Nord serait le premier projet en eaux profondes du Canada à produire du pétrole, avec des puits à environ 1200 mètres de profondeur qui pompent des centaines de milliers de barils de pétrole par jour.
Mené par le géant pétrolier Equinor, le projet devrait injecter des milliards de dollars dans les coffres de Terre-Neuve-et-Labrador.