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«Je ne crois pas que l’expansion soit possible pour la multitude de compagnies à bas prix qui sont sur le marché.»
Le président-directeur général de Porter Airlines, Michael Deluce, estime que le marché du voyage est trop petit pour permettre à toutes les compagnies aériennes du Canada de rester à flot pendant encore deux ans, même si plusieurs d'entre elles se lancent dans des plans d'expansion rapide - notamment Porter.
Ces commentaires ont été formulés le jour même où la compagnie a annoncé un accord de partenariat avec Alaska Airlines - 15 jours après en avoir dévoilé un autre avec Air Transat - alors que l'ancien transporteur régional cherche à compléter sa croissance rapide à travers le continent.
Outre les partenariats avec d'autres transporteurs, la compagnie aérienne basée à Toronto a pour objectif de porter sa flotte à 79 avions d'ici 2025, dont les deux tiers seront des jets. Ce chiffre est en augmentation par rapport aux 29 turbopropulseurs de l'année dernière.
Elle a également recruté 300 pilotes au cours de l'année écoulée, ce qui représente «un nombre considérable d'embauches» pour piloter les 25 nouveaux avions Embraer à fuselage étroit qui sont arrivés dans ses hangars depuis le 1er janvier, a affirmé M. Deluce.
Mais en déployant leurs ailes, les compagnies aériennes nationales risquent de se nuire les unes les autres, en particulier chez les nouvelles compagnies à bas prix.
«Je ne crois pas que l’expansion soit possible pour la multitude de compagnies à bas prix qui sont sur le marché», a soutenu M. Deluce en entrevue.
D'ici à la fin de l'année prochaine, Flair Airlines entend également faire passer sa flotte de 21 à 26 appareils, et Lynx Air de 9 à 17 appareils. Toutes deux espèrent atteindre 50 appareils au cours des deux ou trois prochaines années. De son côté, Canada Jetlines prévoit de se doter de 15 avions au cours des 13 prochains mois. Elle possède actuellement trois appareils.
«Je dirais que tous ces projets ne se concrétiseront pas», a affirmé M. Deluce, tout en évitant de désigner une compagnie en particulier.
WestJet a déjà fermé sa filiale économique Swoop, qu'elle a intégrée à sa ligne principale en octobre. Elle prévoit de faire de même avec Sunwing Airlines, qu'elle a acquise en mai.
L'intensification de la concurrence se traduit par une chute des prix des billets. Selon Statistique Canada, les tarifs ont baissé de 19% en octobre par rapport au même mois de l'année précédente.
Ce chiffre survient à la suite d’une baisse d'environ 21% en septembre et à une baisse de 20% en août par rapport aux mêmes mois de l’année précédente, alors que la capacité augmente même si les consommateurs hésitent à voyager dans un monde où les coûts sont plus élevés.
L'espace aérien de plus en plus encombré s'inscrit également dans le contexte d'un retard persistant dans les voyages d'affaires, un marché clé pour les compagnies aériennes non-budgétaires en raison de leurs rendements plus élevés.
Porter s'appuie sur des coûts d'exploitation plus faibles pour ses petits avions Embraer E195-E2 que ceux supportés par les plus gros avions avec lesquels elle est en concurrence, tels que le Boeing 737 Max et l'Airbus A320.
«Cela permet de prendre moins de risques en pénétrant de nouveaux marchés, avec moins de sièges à remplir. En outre, vous pouvez offrir une plus grande fréquence, ce qui est important pour les clients», a mentionné M. Deluce.
«Vous pouvez pénétrer des marchés de taille moyenne avec un service quotidien, ce qu'un avion plus grand de 190 ou 200 sièges ne pourrait pas faire.»
Le transporteur mise également sur une expérience client haut de gamme qui comprend le wifi gratuit, des collations complémentaires, du vin et de la bière, et l'absence de siège du milieu.
«Que l'on voyage en classe économique ou non, une chose est sûre: personne n'aime les sièges du milieu.»
Mercredi, Porter a annoncé un partenariat avec Alaska Airlines qui permet aux voyageurs d'acheter des itinéraires combinés Porter-Alaska directement sur le site web de Porter ou par l'intermédiaire d'agences tierces.
L'accord interligne ouvre l'accès à 18 villes de l'ouest des États-Unis via les plaques tournantes d'Alaska à Los Angeles et San Francisco aux passagers de l'est du Canada, base d'origine de Porter, ont déclaré les compagnies aériennes. Il élargit également l'accès à une grande partie du Canada pour les Américains situés à l'ouest du fleuve Mississippi.
Les vols de Porter au départ de Toronto et à destination de la Californie devraient commencer en janvier, et les correspondances via des aéroports canadiens partagés sont prévues pour le début de l'année 2024, ont indiqué les transporteurs.
Les membres du plan de fidélité d'Alaska Airlines commenceront à gagner des points sur les vols Porter réservés via Alaska Airlines à partir de janvier. Les membres de VIPorter et d'Alaska Mileage Plan gagneront des miles dans le cadre de leurs programmes de points respectifs, quel que soit l'endroit où ils réservent leurs vols, à partir de la fin de l'année prochaine.
Cet accord survient à peine deux semaines après que Porter et Air Transat ont annoncé la création d'une «co-entreprise» - même si les finances resteront séparées - afin d'élargir leur gamme de destinations, d'exploiter leurs marchés respectifs et de se préparer à affronter la plus grande compagnie aérienne du pays, Air Canada.
Pour Porter, cet accord ouvrira la porte à l'Europe et aux escapades ensoleillées du sud actuellement desservies par Air Transat. De son côté, la compagnie québécoise Air Transat, qui propose essentiellement des voyages à forfait, peut bénéficier de l'accès au réseau croissant de Porter au Canada et aux États-Unis.
Jacques Roy, professeur de gestion des transports au HEC, a indiqué que de nombreux marchés nord-américains sont presque saturés. Il y a toutefois davantage de place pour les vols transatlantiques et les voyages vers l'Asie.
«La majeure partie de la croissance que nous observons provient des vols et des destinations internationaux. Je ne vois pas de percée majeure dans le nombre de passagers à l'intérieur du Canada», a-t-il lancé.
Porter a récemment annoncé qu'elle avait passé une commande ferme de 25 jets Embraer supplémentaires, pour un prix catalogue de 2,1 milliards de dollars. Elle avait déjà commandé 50 avions à fuselage étroit E195-E2, dont la moitié est déjà entre ses mains.
La compagnie a des droits d'achat sur 25 autres avions de 132 places, ce qui lui permettrait d'acquérir 100 jets au total d'ici 2027, faisant d'elle de loin la plus grande rivale d'Air Canada sur le marché intérieur à l'est des Prairies.