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La vérificatrice générale (VG) du Canada conclut que le gouvernement n'a pas réussi à gérer correctement le développement coûteux de l'application ArriveCan.
La vérificatrice générale (VG) du Canada conclut que le gouvernement n'a pas réussi à gérer correctement le développement coûteux de l'application ArriveCan.
Karen Hogan affirme qu'Ottawa n'a pas tenu compte de ses propres politiques et a fait grimper le coût du projet en s'appuyant sur des sous-traitants externes, alors que ces coûts n'étaient pas correctement suivis.
Voyez le compte-rendu de Sabrina Rivet dans la vidéo liée à l'article.
«Je considère que l'audit d'ArriveCan démontre un non-respect flagrant des pratiques de gestion élémentaire, de sorte que bien des questions que posent les parlementaires et la population canadienne au sujet de cette application restent sans réponses», a déclaré Mme Hogan en présentant son rapport devant le Comité permanent des comptes publics, lundi matin à Ottawa.
«Le manque de renseignements pour appuyer les dépenses et les décisions liées à ArriveCan a compromis la reddition de comptes.»
Le gouvernement fédéral avait lancé l'application en avril 2020 afin de suivre les informations de santé et de contact des personnes arrivant au Canada pendant la pandémie de COVID-19, et de numériser les déclarations de douane et d'immigration.
Mme Hogan estime que l'application a coûté environ 59,5 millions $, mais elle soutient que la gestion du projet a été si mauvaise qu'il est impossible de connaître avec certitude le montant final.
La vérificatrice générale a découvert que le premier contrat ArriveCan était initialement évalué à seulement 2,35 millions $. Mais elle souligne que le gouvernement n'a pas documenté les discussions initiales avec les entrepreneurs ni la raison pour laquelle il n'a pas eu recours à un processus d'appel d'offres dans ce dossier.
«Une situation d'urgence ne veut pas dire qu'on peut soudainement ignorer toutes les règles établies ou que les ministères et organismes ne sont plus tenus de documenter leurs décisions ou de tenir des dossiers complets et exacts», a indiqué Mme Hogan lundi devant le comité des Communes.
Son rapport indique aussi qu'il y avait peu de preuves que les mises à jour de l'application avaient été testées avant leur lancement – et c'est peut-être la raison pour laquelle un problème a amené plus de 10 000 personnes à être inutilement placées en quarantaine pendant 14 jours en 2022, même si ces voyageurs avaient bel et bien fourni une preuve de vaccination.
«Dans l’ensemble, l’Agence des services frontaliers du Canada, l’Agence de la santé publique du Canada et Services publics et Approvisionnement Canada ont omis, à plusieurs reprises, d’adopter de bonnes pratiques de gestion lors de la passation de marchés liés à l’application ArriveCAN et lors de la conception et de la mise en œuvre de l’application», écrit d'entrée de jeu Mme Hogan dans son rapport.
L’application avait été mise en place comme mesure obligatoire de santé publique au début de la pandémie, en avril 2020, lorsque le gouvernement a fermé les frontières dans le but d’arrêter la propagation de la COVID-19.
Les Canadiens et les autres personnes autorisées à entrer au pays ont dû fournir des informations personnelles au gouvernement à des fins de quarantaine.
À mesure que la réponse à la pandémie évoluait, l’application a évolué elle aussi. La VG a ainsi découvert qu'ArriveCan avait été mise à jour 177 fois entre son lancement et le moment où l'utilisation de l'application est devenue volontaire, en octobre 2022.
Le gouvernement n'avait aucune preuve que l'Agence des services frontaliers du Canada avait effectué des «essais par utilisateurs» sur 25 mises à jour substantielles de l'application pour s'assurer qu'elle fonctionnait réellement.
Seules trois mises à jour semblent avoir été entièrement testées et documentées. «Sans assurance de l’achèvement des essais, les agences risquaient de déployer une application qui ne fonctionnerait pas comme prévu», lit-on dans le rapport de la VG.