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La température de l'eau joue un rôle mineur dans le développement des algues bleues, et ce même si les explosions de cyanobactéries surviennent surtout pendant les périodes les plus chaudes de l'été, selon une nouvelle étude.
La température de l'eau joue un rôle mineur dans le développement des algues bleues, et ce même si les explosions de cyanobactéries surviennent surtout pendant les périodes les plus chaudes de l'été, conclut une nouvelle étude internationale à laquelle a participé un chercheur de l'Université Laval.
C'est principalement la concentration dans l'eau de nutriments comme le phosphore et l'azote qui est en cause, écrivent les auteurs dans la revue Harmful Algae. Sans ces nutriments, peu importe la chaleur, il n'y aura pas de floraison de cyanobactéries, précisent-ils.
À l'inverse, les algues bleues peuvent proliférer par temps très froid si elles disposent des bons nutriments. Les chercheurs ont ainsi documenté le cas d’un lac de Resolute, sur l’île de Cornwallis, l’un des endroits habités les plus froids au monde, qui avait connu des proliférations dans le passé, parce que les eaux usées d'un l’aéroport et d'une base militaire apportaient des nutriments.
«Les cyanobactéries, et surtout les formes potentiellement toxiques, sont une menace à la qualité de l'eau et à l'eau potable presque partout dans le monde, a dit le professeur Dermot Antoniades, du Département de géographie et du Centre d’études nordiques de l’Université Laval, qui a discuté des conclusions de l'étude en primeur avec La Presse Canadienne.
«Si on veut protéger les sources d'eau potable et les lacs, c'est un thème de grande importance.»
Les algues bleues peuvent aussi présenter un risque pour la santé humaine. Un contact avec ces algues peut provoquer des symptômes digestifs, des maux de tête, une fièvre et une irritation de la peau et de la gorge.
Des chercheurs de huit pays ont étudié des données provenant de 464 lacs en Amérique du Nord et du Sud.
Alors que les études précédentes sur les algues bleues portaient souvent sur un seul plan d'eau, les plans d’eau de la nouvelle recherche étaient répartis le long d’un gradient nord-sud de 14 000 kilomètres, depuis la Terre de Feu en Argentine jusqu’à l’île d’Ellesmere au Nunavut. Ils sont situés dans des zones où le climat va d’équatorial à polaire.
Les chercheurs ont tenté d’établir des corrélations entre la biomasse des cyanobactéries dans ces lacs et différents facteurs environnementaux. Ils ont ainsi conclu que la température en soi n’influence pas la biomasse des cyanobactéries, mais que le principal facteur responsable des variations dans cette biomasse dans les Amériques est la concentration de nutriments dans les eaux du lac.
Le phosphore joue un rôle prépondérant; l’abondance de l’azote a également un effet, mais elle se manifeste surtout dans les lacs dont la profondeur est de moins de trois mètres, a-t-on précisé.
«Il y a un débat depuis longtemps sur l'importance du phosphore et de l'azote, a dit le professeur Antoniades. D'autres disent que les changements climatiques expliquent pourquoi on a de plus en plus de floraisons de cyanobactéries. Mais ce que nous avons vu, c'est que ce n'est pas la température en soi qui est un problème.»
Le réchauffement planétaire a plutôt un effet secondaire, a-t-il ajouté, comme une stratification plus prononcée des lacs qui peut amplifier le problème. Mais en bout de compte, sans surabondance de nutriments, même avec des températures plus élevées, il n'y aura pas de problème, a dit le chercheur.
Au Québec et sous des latitudes comparables, les floraisons de cyanobactéries surviennent l’été non pas parce qu'il fait particulièrement chaud, mais plutôt parce que c’est le moment de l’année où les apports en nutriments provenant du ruissellement naturel, des sédiments lacustres et des activités humaines sont les plus importants, ont expliqué les auteurs.
C'est donc à cela qu'on doit s'attaquer si on veut espérer régler le problème.
«Si on contrôle les sources de nutriments et les concentrations de nutriments dans les lacs, ça va diminuer les problèmes de floraison et de surabondance des cyanobactéries, même s'il y a des effets secondaires du réchauffement, a conclu le professeur Antoniades. S'il n'y a pas de nutriments, le problème n'apparaîtra pas.»