Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

Environnement

La santé de plusieurs lacs du Québec se détériore prématurément

Le vieillissement prématuré de plusieurs lacs au Québec suscite des inquiétudes chez des experts. Ceux-ci sonnent l’alarme sur l’état de santé de ces étendues d’eau, alors que s’ouvre mercredi le 4e forum national sur les lacs.

Le lac Maskinongé, situé près du Mont-Tremblant dans les Laurentides, est devenu le premier lac eutrophe connu de la région en raison du «cocktail parfait» qui l’a fait vieillir de manière précoce.
Le lac Maskinongé, situé près du Mont-Tremblant dans les Laurentides, est devenu le premier lac eutrophe connu de la région en raison du «cocktail parfait» qui l’a fait vieillir de manière précoce.
/ Noovo Info

Le vieillissement prématuré de plusieurs lacs au Québec suscite des inquiétudes chez des experts. Ceux-ci sonnent l’alarme sur l’état de santé de ces étendues d’eau, alors que s’ouvrait mercredi le quatrième Forum national sur les lacs.

On estime que 10% des lacs (environ 80) habités qui se retrouvent au sud du 47e parallèle, soit approximativement à partir de La Tuque en Haute-Mauricie, «ont un statut trophique avancé».

L'eutrophisation est un phénomène qui s’étale sur des milliers d’années. Mais l’activité humaine, notamment en agriculture, en foresterie et en villégiature peut l'accélérer.

Résultat: l’écosystème du plan d’eau est en proie plus rapidement à des dommages qui peuvent avoir des répercussions sérieuses sur la vie aquatique ainsi que sur l’utilisation du lac par les citoyens. 

Le vieillissement d’un lac, ou eutrophisation, est le processus naturel provoqué lorsque l’enrichissement en matière nutritive (comme le phosphore et l’azote) d’un lac augmente, indique le ministère de l’Environnement. Cet apport a comme effet de hausser la production biologique (algues microscopiques et autres plantes aquatiques) pour finalement faire diminuer l’oxygène dans l’eau.

C’est ce qu’a évoqué Anne Léger, directrice générale du Conseil régional de l’environnement (CRE) des Laurentides, lors d’un entretien avec Noovo Info.

«La condition des lacs est très reliée aux activités humaines […] Ce que l’on constate, c’est que là où il y a beaucoup d’agriculture, la situation est plus grave en raison des fertilisants et des engrais ajoutés aux terres agricoles qui s’écoulent dans les ruisseaux», explique Mme Léger. 

Notons que les données sur l’état de santé des lacs sont recueillies par un réseau de surveillance volontaire qui est chapeauté par le Ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). On recense à ce jour plus de 8oo lacs surveillés par le réseau.

Le lac Maskinongé, «l'exemple catastrophique par excellence au Québec»

Le lac Maskinongé, situé près du Mont-Tremblant dans les Laurentides, est devenu le premier lac eutrophe connu de la région en raison du «cocktail parfait» qui l’a fait vieillir de manière précoce.

«C’est un lac qui était dans un bassin versant où il y avait de l’agriculture intensive. Dans les années 50, il y avait quatre ou cinq hôtels. À cette époque, l’efficacité des installations septiques était plus faible. Il y avait aussi beaucoup de bateaux à moteur», mentionne Anne Léger, qui a grandi tout près du lac.

«C’est l’exemple catastrophique par excellence au Québec de tout ce qu’on ne doit pas faire.»
- Anne Léger, DG du CRE des Laurentides

Mme Léger mentionne qu'il est de la responsabilité de tout un chacun de protéger «ces joyaux et ces trésors».

Mention importante: un lac considéré eutrophe n’entraine pas nécessairement de danger pour la santé humaine. «Ce qui est le plus dangereux, c’est au niveau bactériologique», spécifie Mme Léger qui soutient que des tests sont régulièrement effectués dans ce plan d’eau.

Les espèces envahissantes, un autre danger

La prolifération d’espèces exotiques fait également partie des menaces qui guettent la santé des lacs. Parmi les responsables, le myriophylle à épis, cette plante aquatique envahissante dont la propagation affecte désormais 200 lacs et autres cours d’eau au Québec.

«Il n’y a pas nécessairement de relation de cause à effet», note Anne Léger. «Il y a des lacs en bonne santé qui ont des espèces aquatiques envahissantes. Il s’agit d’un autre fléau que nous avons au Québec.»

Les effets des changements climatiques pourraient bien exacerber ce problème. L’augmentation des périodes libre de glace et le réchauffement des lacs favorisent l’arrivée de nouvelles espèces.

Pour contrer l’arrivée de ces espèces, des municipalités sont «de plus en plus engagées» afin de limiter le transport de ces plantes d’un lac à l’autre, comme des stations de lavage d’embarcation nautique.

C’est notamment le cas de la municipalité de St-Donat qui a rendu obligatoire le lavage des bateaux provenant de l’extérieur. Des contraventions salées peuvent être remises aux contrevenants. C’est entre autres grâce à cette mesure que St-Donat a été en mesure d’éviter que le myriophylle à épis s’introduise dans ses lacs.

 

«Malheureusement, il n’y a pas de règlement [comme à St-Donat] partout et c’est une chose qui est peu couteuse à mettre en place», se désole Mme Léger qui ajoute que certains endroits ont criminalisé le transport de plante exotique envahissante d’un lac à l’autre.