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Personne ne se fait tout seul, personne ne part de rien. Le «self-made» est un conte pour tous, la réalité diverge: ça prend beaucoup de «C».
Personne ne se fait tout seul. Personne ne part de rien. Sur les réseaux sociaux, je tombe parfois dans un vortex de personnes, majoritairement des hommes qui «flexent» leur réussite comme dirait les plus jeunes. Les discours, parfois agressifs, parfois gonflés par les accomplissements, viennent surpondérer la «valeur» d’une personne.
On y parle fort, vite et avec conviction. L’état d’esprit de la personne qui écoute les propos peut passer de l’envie, à la peur de manquer le bateau, à l’anxiété, à l’indifférence ou au déni. Pourtant, personne ne se fait tout seul, personne ne part de rien. Le «self-made» est un conte pour tous, la réalité diverge: ça prend beaucoup de «C».
Il est facile de parler de réussite entrepreneuriale sans parler de contexte. Plusieurs modèles entrepreneuriaux n’existeraient pas dans un contexte différent. Parfois, on vend une entreprise à fort prix, puis elle perd de sa valeur par la suite (Fan-O-Web, ça vous dit quelque chose ?). Question de contexte.
À l’opposé, il arrive que l’on soit «trop en avance» sur son temps et que le marché arrive des années plus tard. Comme on dit en affaires, ça prend du timing. La bulle techno du début du siècle est un exemple relativement récent qu’un modèle d’affaires n’est pas toujours en concordance avec son temps.
La plus grande qualité d’un leader demeure pour moi l’humilité. L’humilité de dire « j’ai eu de la chance, j’ai été à la bonne place au bon moment. J’ai travaillé fort oui, mais la chance m’a permis un succès entrepreneurial que je ne peux pas répéter.»
Il y a parfois une question de chance. Être né au bon endroit, dans la bonne famille, avec les bons contacts, un bon réseau, etc. La chance peut se présenter sous plusieurs formes: une rencontre, une opportunité inattendue, le hasard, etc.
Ce qui discrimine les entreprises, ça demeure l’accès au capital. Dans un contexte de croissance du taux directeur, le coût d’emprunt des entreprises augmente. Une entreprise qui peut bénéficier de capital accessible rapidement et à faible coût peut assurer sa croissance même en contexte difficile.
Amazon, Uber et Tesla sont des exemples parfaits: sans le capital des investisseurs «croyants», ces entreprises seraient mortes au feuilleton dans la phase d’introduction ou de croissance. Les années de pertes financières et de développement ont été financées par du capital fortement exposé au risque.
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Même chose avec David’s Tea. Malgré les déboires financiers de l’entreprise, le capital et la réputation d’Herschel Segal (fondateur de Le Château) ont dû peser dans la croissance de l’entreprise à ses débuts. La suite de l’histoire est évidemment moins reluisante.
Pour arriver à tirer son épingle du jeu dans un marché, ça prend des connaissances acquises comme street smart à force de travailler dans une industrie ou à l’aide d’une formation certifiée. La connaissance est un actif majeur pour comprendre comment jouer au jeu de la concurrence.
La confiance en affaires est nécessaire sous plusieurs angles. On doit obtenir la confiance de clients qui échangent leurs précieux dollars gagnés durement contre un bien ou un service. On doit aussi avoir la confiance des partenaires d’affaires, des investisseurs, des fournisseurs, etc.
Finalement, il faut inspirer assez confiance pour qu’un employé se dise «je vais consacrer une partie de ma vie à cette entreprise où je vais trouver une valeur suffisante pour rester plus que deux semaines» (tout ça dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre).
Il arrive qu’un succès entrepreneurial se pointe pour une question de vitesse. Le genre de situation où une capacité de production permet de fournir un produit ou un service plus rapidement. Être le premier à répondre à l’appel peut dans certaines circonstances faire tourner la chance de son côté.
Ce n’est pas tout d’avoir une bonne idée, il faut avoir la capacité de croître. Parfois, on est limité par la main-d’œuvre, par l’espace, par un besoin de certification, par des clauses réglementaires, mais aussi par le manque de liquidités. On en revient donc à la disponibilité du capital.
On pourrait continuer longtemps.
On a beau se bomber le torse durant un podcast et faire des liens avec la volonté, l’intelligence et le travail, le succès d’un entrepreneur ou d’une entreprise repose sur une série de C. Personne ne se fait tout seul et toute entreprise utilise les ressources collectives pour faire son chemin. L’entreprise n’existe pas sans eau, sans routes, sans énergie, sans réseau de communication, etc.
L’entrepreneur part d’un point pour se rendre à un autre, mais c’est toute l’évolution technologique passée qui lui permet de partir d’un point favorable pour atteindre un autre niveau. La société aide l’entrepreneur. Elle lui pousse dans le dos quand il décide de jouer le jeu dans certaines circonstances plus ou moins heureuses.
S’il faut tout un village pour élever un enfant, il faut toute une société actuelle et passée pour élever un entrepreneur. Le prochain qui affirme qu’il s’est fait tout seul, rappelons-lui qu’il n’y a pas de C dans Seul.