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Je vais commencer raide, nous sommes tous dans un plus ou moins long processus vers la mort. La vie financière doit tenir compte froidement de cette réalité.
Je vais commencer raide, nous sommes tous dans un plus ou moins long processus vers la mort. On tente de l’oublier souvent, mais comme le chantait Renaud: «Tu ris, tu pleures, tu vis, pis tu meurs.»
La vie financière doit tenir compte froidement de cette réalité.
Chaque chose en son temps, il faut respecter «sa phase». Il est facile de perdre au jeu de la vie financière, mais il est très difficile d’y gagner. C’est un passe-temps inéquitable. Alors, si on joue mal de surcroît, les chances de succès sont limitées. À moins d’hériter ou de profiter d’un gain financier rapide, il est important de ne pas être «déphasé».
En simplifiant notre vie financière, on passe à travers quatre grandes phases de durée variable.
Durant le premier quart de vie, de la naissance à l’âge adulte, on se bâtit une identité.
On définit son champ d’activité. On choisit plus ou moins vers quelle pièce du casse-tête du capitalisme on va se positionner. Comment décide-t-on de jouer? On développe des talents et des aptitudes tout en ayant des compétences sociales et techniques. Au poker, c’est un peu la «main» avec laquelle on joue son jeu. La stratégie dominante durant cette période, c’est d’expérimenter, découvrir, pratiquer, apprendre, étudier, essayer, trébucher et recommencer. Innocemment, on construit la fondation. Les choix de ce premier quart de vie seront primordiaux et partiellement irrévocables.
Durant cette deuxième phase précédant la moitié de la vie, on doit créer une valeur marchande assez forte pour bien afficher son offre de services. Comme «citoyen productif», on monnaye sa valeur de quelle façon? Qu’est-ce qu’on vend et à quel prix? D’ailleurs, cette phase est normalement synonyme de charge de travail importante. Le bout de la vie où l’on s’oublie un peu.
La troisième phase est, en termes financiers, «la meilleure». Ma période préférée. Celle où l’on réussit le mieux à se dégager une certaine aisance financière. Elle se situe quelque part entre 40 et 60 ans. Ce sont les deux décennies où l’on profite du travail et de la réputation passée. À ce moment, la demande est là pour les services. On ne se vend plus au rabais, on choisit davantage son horaire. Que l’on soit salarié ou entrepreneur, la valeur est reconnue chez les clients et les employeurs. À ce moment, le niveau de consommation peut-être plus important, car le patrimoine est en mode consolidation. D’ailleurs, comme on a déjà bénéficié du rendement composé, les dollars dépensés de 40 à 60 ans «coûtent moins cher» que les dollars «mal dépensés» entre 20 et 40.
C’est la dernière phase de la vie. Celle où l’on profite du patrimoine bâti durant les phases 2 et 3 pour «se faire vivre par ses actifs» et protéger la période de vulnérabilité de la fin de vie. Le plus grand ennemi de cette phase demeure l’inflation. Mais l’ennemie cachée demeure la longévité. Une personne qui vivra 10 ans de plus que prévu viendra fragiliser sa capacité à subvenir à ses besoins. Donc, il ne faut pas sous-estimer le coût de la maladie ou de l’amortissement du patrimoine. La démence peut virer à la «définance».
Le problème avec le marketing, c’est qu’il fait croire aux jeunes de la phase 1 qu’ils méritent le même confort que le travailleur de la phase 3. Il n’en est rien. Les phases 1 et 2 sont théoriquement des phases où l’épargne et l’investissement sont rois et maîtres. Alors, avec une surpondération de son budget attribué à la consommation, l’ado est déphasé. Il en va de même pour le jeune adulte de la phase 2. Ils jouent avec les moyens de la phase 3, sans avoir gagné le droit d’y participer. Peut-on leur en vouloir? Dans le fond, le jeune adulte qui sort de l’université avec l’envie d’acheter une voiture de luxe fait fausse route: c’est le «droit financier» des phases 3 et 4.
On comprend le principe, un des problèmes des contribuables n’est pas le niveau, mais le moment des dépenses. Le grand problème est de jouer dans la mauvaise phase. Jouer au déphasé coûte cher et nuit au confort de la prochaine phase. Comme elles sont successives, chaque déphasé laisse une trace négative sur le temps qui passe.
En résumé, invente-toi dans la phase 1, investis et investis-toi dans la phase 2, consolide tes avoirs dans la phase 3 et fais ton dernier tour de piste dans la phase 4. Si tu es déphasé, il est peut-être encore temps de changer de fréquence.