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Société
Chronique |

La vérité sur les choix de cours au secondaire

«Ça va t’ouvrir des portes.»

«Ça va t’ouvrir des portes.» Bien des parents répètent cette phrase à leurs ados, au moment de faire un choix de cours à la fin de leur secondaire. Selon eux, c’est l’argument ultime pour les inciter à prendre les mathématiques «fortes», la chimie et la physique.  

Ils ont tout faux.

Ces jours-ci, les jeunes en secondaires 3 et 4, de même que ceux qui s’en vont au cégep en septembre prochain, font leurs choix de cours.

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Quel parcours choisir? Quel programme? Quel profil?

La pression est immense. Non seulement les ados de 15, 16, 17 ans ont l’impression de devoir choisir une profession «pour la vie», mais les messages qu’ils reçoivent sont angoissants. Leurs parents, leurs enseignants, les orienteurs et autres adultes de leur entourage aiment leur rappeler qu’en cas de doutes, il vaut mieux aller en sciences.

«Ça va t’ouvrir des portes.»

Pour cela, il faut suivre les cours de mathématiques «fortes», appelées maths SN. Il faut sélectionner chimie et physique en secondaire 5. Et surtout, il faut avoir de bonnes notes pour avoir accès aux programmes de «sciences pures» ou sciences naturelles au cégep.

Campagne de peur

Certaines directions d’écoles secondaires mettent une pression indue sur les épaules des étudiants, déjà stressés et anxieux. «C’est quasiment une campagne de peur!» m’a confié une professeure de niveau collégial de la Rive-Nord de Montréal.

Pourquoi cette survalorisation de certains cheminements? Elle vient renforcer cette idée qu’il est plus noble de devenir une personne de sciences qu’une personne de lettres. Elle vient subtilement enseigner qu’on pense davantage au prestige (et au revenu lié à tel ou tel emploi) qu’à l’intérêt de l’enfant.

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Mais lui, que veut-il? Qu’est-ce qui l’intéresse? En quoi est-il bon? Quels sont ses rêves?

L’orienter dans le sens contraire à ses envies et désirs, c’est aussi prendre le risque qu’il soit moins motivé et que sa moyenne générale en subisse les contrecoups.

Autrement dit, l’adage voulant que cela «ouvre des portes» est trompeur: cela peut en fait avoir l’effet inverse! Flanqué de cours dans lesquels il ne s’investit pas, le jeune verra sa moyenne générale chuter et cela pourrait l’empêcher d’entrer dans le programme qui l’intéresse vraiment, surtout si celui-ci est contingenté.

Se fermer des portes

Une porte peut se fermer en raison d’un choix de cours inapproprié. Et de ça, on ne parle pas assez. Comme on ne parle pas assez de l’idée préconçue, répandue même, qu’un parcours en sciences pures est plus méritoire qu’un parcours en sciences sociales et humaines.

Un exemple? Julien, un jeune montréalais de 17 ans, m’a raconté à quel point il a été difficile d’entrer dans le programme de techniques policières, un programme très contingenté, parce que sa moyenne générale était insuffisante. Pourquoi? Elle a été impactée négativement par ses cours de maths, de chimie, de physique pris pour… faire plaisir à ses parents.

«Je n’ai jamais aimé les mathématiques et je n’ai jamais été très bon là-dedans! Mais on m’a toujours dit de les prendre, au cas… Au cas de quoi?»

Aberration

Je comprends l’exaspération de Julien. C’est un peu ridicule qu’en 2025 on n’écoute pas un peu plus nos jeunes et qu’on ne les encourage pas à choisir ce qui leur plaît — ce qui leur plaît vraiment. Pas besoin d’ajouter les ingrédients de notre propre ambition ou de nos projections parentales.

«Ça va t’ouvrir des portes», ça ne se dit pas, ça ne se dit plus. Quand on sait qu’au fond, 5 à 10 % des professions nécessitent un profil de sciences avec maths fortes, il est aberrant de servir cet argument à nos enfants.

Et s’il change d’idée? La porte n’est ni fermée ni barrée: il existe une foule de solutions pour reprendre un cours de mathématiques ou des cours de sciences qu’on n’aurait pas choisis au secondaire. Rien n’est immuable, rien n’est final!

Soyez donc ce parent qui ouvre la discussion en supportant son ado et en l’aidant à trouver sa voie. Et sa joie.

N’est-ce pas là le plus important?

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