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«La mort de la reine du Royaume-Uni continue de faire parler. C’est un décès qui divise : d’un côté, les éloges affluent et de l’autre côté, de nombreuses personnes dénoncent la monarchie, et ce, avec raison.»
C’est un décès qui divise, malgré que cela ne transparaît pas trop sur les grandes chaînes de télévision. La mort de la reine du Royaume-Uni, Élisabeth II, survenue le 8 septembre dernier, à l’âge de 96 ans, continue de faire parler.
D’un côté, les éloges affluent. À cet égard, une délégation canadienne — qui comprend le premier ministre du Canada Justin Trudeau — s’est rendue à Londres dans le but de rendre un dernier hommage à celle qui aura régné pendant un peu plus de 70 ans.
De l’autre côté, de nombreuses personnes, surtout issues des communautés racisées, qui dénoncent la monarchie, et ce, avec raison. Ces personnes sont surtout vocales sur le web considérant la sous-représentation des personnes racisées au sein des grands médias d’information. Si sur le plan individuel, on ne peut se réjouir de la mort d’une personne, le droit de pouvoir critiquer ce qu’elle représentait au plan symbolique et institutionnel est plus que légitime.
Pour de nombreuses personnes descendantes de peuples ayant été colonisés, et qui continuent de subir les conséquences de cet héritage à ce jour, la mort de la Reine éveille en eux des sentiments complexes. On n’a qu’à penser à des pays comme l’Inde, aux peuples autochtones en Australie ou encore à de nombreuses nations sur le continent africain. Lors de la prise du pouvoir de la Reine en 1952, on estime qu’un quart de la population mondiale était sous son règne, soit près de 700 millions de personnes.
La mort de la Reine fait également de l’ombre à d’autres drames ayant lieu actuellement et qui n’ont reçu que très peu de couverture médiatique et d’attention politique dans les pays occidentaux.
À l’heure où j’écris ces lignes, le Tigré vit la pire catastrophe humanitaire du monde selon le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. Dans cette région de l’Éthiopie, plus de six millions de personnes sont privées de nourriture, de médicaments et d’autres services essentiels en raison d’une guerre entre le gouvernement et des rebelles. Six millions de personnes, c’est plusieurs fois la taille de la population de la Ville de Montréal. C’est donc dans ce contexte que l’OMS sonnait l’alarme en août dernier, en vain.
J’estime qu’il est important de parler de manière honnête et sincère de l’histoire de celles et ceux que l’on place aisément sur des piédestaux. La monarchie peine encore, à ce jour, à se regarder dans le miroir pour faire face à son héritage colonial dont les ramifications sont encore très actuelles. Le traitement raciste qu’a subi Meghan Markle en raison de ses origines afro-américaines au sein de la monarchie après son mariage avec le prince Harry en est un éloquent exemple.
Si la Reine demeure un symbole de grandeur et de prestige pour les uns, ce n’est pas forcément le cas pour les autres. Séparer la femme de ce qu’elle représente et incarne est illusoire. On devrait donc saisir l’occasion que présente le décès d’Élisabeth II pour discuter de ces vérités difficiles, mais qui devraient néanmoins être (re) dites et entendues.