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Avant le couronnement de la reine Elizabeth en 1953, la classe de 2e année de Kenneth Munro avait étudié l'histoire de la monarchie et monté une pièce de théâtre sur la famille royale, et les 700 élèves de son école du nord de l'Ontario avaient écouté en direct à la radio pendant que la jeune souveraine prêtait serment à Londres.
Mais alors que le roi Charles doit être officiellement couronné le 6 mai, les conseils scolaires de tout le pays contactés par La Presse canadienne ont déclaré qu'ils n'avaient pas de projets spéciaux ou de programme particulier pour marquer l'occasion — autre indication de l'indifférence croissante envers la monarchie au Canada.
M. Munro, professeur d'histoire à la retraite de l'Université de l'Alberta, a rappelé la robe en papier crépon – avec boules de coton et banderoles – qu'il portait à l'âge de sept ans lorsqu'il a été choisi pour jouer le prince Philip dans la saynète à son école de Longlac, en Ontario.
«Toute la communauté avait vraiment le regard porté sur cet événement –certainement à l'école – de sorte que vous ne pouviez pas y échapper, a déclaré M. Munro, aujourd'hui âgé de 77 ans. Nous étions vraiment imprégnés de la tradition du couronnement. C'était un peu comme si nous faisions partie de cette grande fête.»
Alors que les sentiments sur la place légitime de la monarchie dans la société et la gouvernance canadiennes sont de plus en plus mitigés, le couronnement offre une occasion d'informer les citoyens sur l'institution, estime Nathan Tidridge, vice-président de l'Institut pour l'étude de la Couronne au Canada.
C'est «un moment important», dont les écoles canadiennes ne profitent pas, a déploré M. Tidridge, qui est également professeur d'éducation civique en 10e année dans la région de Hamilton.
«C'est une occasion de parler de toutes sortes de choses, comme les structures coloniales, les relations Couronne-Autochtones, ce que fait la Couronne ici dans ce pays, dit-il. Malheureusement, ça ne se produit pas.»
M. Munro rappelle qu'il y a 70 ans, les élèves auraient eu du mal à éviter de parler de la monarchie. «Nous avions une photo de la reine, du prince Philip, et en fait du prince Charles et de la princesse Anne également, accrochée dans la salle de classe, se souvient-il. Nous chantions le 'O Canada' le matin, mais le soir, c'était le "God Save the Queen".»
À l'approche du couronnement de 1953, tout le monde à l'école a reçu une pièce à l'effigie de la reine. Après avoir écouté la cérémonie à la radio, «nous sommes allés dans la cour de l'école et nous avons chanté et dansé et entendu des discours de dignitaires locaux», a-t-il rappelé.
L'atmosphère de fête existait également dans d'autres districts scolaires, selon des documents d'archives et des responsables du temps. La conservatrice du musée et des archives du Conseil scolaire de la région de York, Rebekah Mitchell, a déclaré que le conseil avait élaboré une programmation spéciale pour le couronnement de la reine Elizabeth II — ainsi que pour l'accession au trône de son père, le roi George VI, en 1937.
M. Tidridge admet que le contraste avec le couronnement de Charles est frappant. C'est un problème, a-t-il soutenu, car «le couronnement et la couronne en général sont quelque chose d'intrinsèquement important pour la fédération, que les gens le veuillent ou non».
«Ce que je crains, c'est que nous allons avoir ce (couronnement) et que beaucoup de gens le regardent et ne voient aucun lien, ne le comprennent pas, même si cela touche en fait beaucoup à la vie politique, à la vie des traités, les fondements mêmes de notre fédération», a-t-il estimé.
Il met en doute par ailleurs l'utilité des sondages demandant aux gens s'ils aimeraient que le Canada demeure au sein du Commonwealth. Il croit que la population n'est pas bien informée de la fonction de la monarchie dans la vie publique canadienne ou de ce qu'implique la transition vers une république.