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Politique
Chronique |

Faire du neuf avec du vieux

Priorité numéro 1: rompre avec l’ère Justin Trudeau et les déficits successifs.

«Faire du neuf avec du vieux»: c’est le défi que tente de relever le nouveau chef libéral, Mark Carney, et ce que l’on essaie d’incarner avec ce remaniement. Bien entendu, après 10 ans de règne libéral, il est difficile de renouveler complètement les visages d’un conseil des ministres, mais on a tenté d’apporter des changements stratégiques qui marqueront les esprits.

C’est le premier d’une série de gestes symboliques que le premier ministre désigné posera dans les prochains jours afin de marquer une rupture avec les années Trudeau, d’établir sa relation avec les premiers ministres provinciaux et de démontrer l’importance de ses liens internationaux face aux défis qui attendent le pays dans les prochaines années.

 

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Régime minceur au conseil des ministres

Douze ministres en moins. L’entourage de Mark Carney a clairement voulu envoyer un message de rigueur en réduisant de manière significative le nombre de ministres dans son premier cabinet. Je ne me souviens pas d’avoir vu une diminution aussi drastique du nombre de portefeuilles. Ce geste symbolise sans doute une première étape vers une réduction de la taille de l’État, qui sera au cœur de sa politique de retour à l’équilibre budgétaire.

Revoir les finances publiques

Priorité numéro 1 : rompre avec l’ère Justin Trudeau et les déficits successifs. Pour ce faire, deux décisions marquantes.

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D’abord, la nomination de François-Philippe Champagne au ministère des Finances. Celui qui s’est forgé une réputation de ministre hyperactif a siégé pendant 10 ans au sein du gouvernement Trudeau sans jamais être considéré pour ce poste, malgré sa solide expérience économique. Il semble d’ailleurs qu’il avait refusé ce rôle après la démission de Chrystia Freeland. Le voilà maintenant ministre des Finances de transition sous Mark Carney, formant ainsi un duo économique d’expérience avec son chef et incarnant le virage vers le centre-droit du Parti libéral remodelé.

Quelques autres décisions clés

Ce remaniement envoie plusieurs autres messages. Il était logique d’écarter Steven Guilbeault du ministère de l’Environnement avant d’abolir la taxe carbone, mais il demeure une figure influente dans l’entourage du chef en obtenant le poste de lieutenant politique du Québec. Chrystia Freeland, pour sa part, est nommée aux Transports et au Commerce intérieur, ce qui lui permet de conserver un lien avec l’économie, mais dans un rôle de moindre importance. Ce choix tourne la page sur la course à la chefferie libérale durant laquelle ils se sont affrontés. Dominic LeBlanc hérite du Commerce international et des Relations avec les États-Unis, un poste que Freeland avait refusé et qui avait enflammé les tensions internes.

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Enfin, même si la parité hommes-femmes parfaite n’est plus atteinte, le gouvernement demeure dans ce que l’on appelle au Québec la « zone de parité », un minimum attendu pour un exercice de cette nature en 2025.

Une semaine de symboles

Le premier ministre Carney s’apprête à poser plusieurs gestes significatifs à la suite de ce remaniement.

D’abord, une réunion du cabinet est prévue cet après-midi, où il devrait signer un document en présence des médias. Il est extrêmement rare d’inviter la presse à un tel événement, et la mise en scène rappellera inévitablement les célèbres séances de signature de décrets de Donald Trump. Il semblerait que ce document concerne l’abolition de la « taxe carbone », une mesure qui marquerait une rupture claire avec l’une des politiques les plus impopulaires du gouvernement Trudeau.

Ensuite, Carney se rendra en Europe afin de renforcer ses liens avec les partenaires internationaux et démontrer aux Canadiens sa capacité à mener une diplomatie efficace avec des alliés commerciaux essentiels pour l’avenir du pays.

Enfin, il rencontrera les premiers ministres provinciaux afin de consolider son message, d’écouter leurs priorités, de mettre à jour son plan d’action et de tenter d’endosser le rôle de « Capitaine Canada », une posture que Doug Ford a occupée depuis l’annonce du départ de Justin Trudeau.

Puis, viendra le déclenchement des élections, probablement dès la fin de semaine prochaine.

Reste une question en suspens: rencontrera-t-il Donald Trump avant de lancer la campagne électorale? Cela me semble très risqué, et je serais surpris qu’il prenne un tel pari. Mais en politique, les surprises ne sont jamais exclues. À suivre!

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