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Politique
Chronique |

Denis Coderre: cours 101 en communication efficace

Est-ce que Denis Coderre se rendra là? Peut-il rebâtir la confiance avec le peuple québécois?

Tout d’abord, par souci de transparence, sachez que je connais Denis Coderre depuis plus de 25 ans, que j’ai fait de la politique avec lui et que nous avons encore des contacts réguliers. Une fois que cela est dit, je connais aussi ses défauts et je vous avoue que j’étais plutôt dubitatif lorsqu’il a annoncé ses intentions «de réfléchir» à la chefferie du PLQ.

Pourtant, un mois après l’annonce, il ne fait plus de doutes que la précampagne de Denis Coderre a remis le mot libéral dans l’actualité politique et a fait parler de lui plus que les chefs des cinq dernières années.

La question est pourquoi? Pourquoi son arrivée profite d’une couverture médiatique aussi importante? Pourquoi réussit-il à faire bouger l’aiguille dans les sondages? 

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La réponse est simple pour moi: Denis Coderre répond aux deux principaux déficits du Parti libéral durant les dernières années, le déficit de visibilité et le déficit d’identité. 

Savoir faire la nouvelle

Si on exclut la campagne électorale de 2022 et les mauvais résultats de celle-ci, rares sont les moments où le PLQ a fait la nouvelle. Et voilà que le 10 janvier dernier, Denis Coderre débarque dans la mêlée. Un article exclusif dans un média, une chronique radio diffusée le jour même et les mots suivants: «Je vais être clair. Est-ce que j’y pense? Oui. Est-ce que c’est sérieux? Oui.» 

À partir de ce moment-là, les médias suivent pas à pas les différentes annonces (potentielles ou non) de l’aspirant candidat. Entrevue à Tout le monde en parle, entrevue et marche avec les journalistes pour aller chercher sa carte de membre du PLQ, tournée médiatique en région, mouvement fédéraliste «Non, merci» et visite à l’Assemblée nationale. Tous les moyens sont bons pour faire parler de ses intentions, et ce, avec un grand succès en termes de visibilité.

Sa force est justement de comprendre comment fonctionnent les médias et comment créer la nouvelle. Tout d’abord, des images comme cette marche pour aller chercher sa carte de membre ou le scrum avec PSPP à l’Assemblée, la main sur l’épaule du chef péquiste.

Ensuite, les fameuses «clips»: des formules de réponses simples, faciles à retenir, courtes et qui passent bien dans un bulletin de nouvelles. Est-ce qu’il en abuse un peu? C’est sûr qu’à ce rythme-là, on pourra écrire un livre de «Coderrismes» assez rapidement, mais personne ne peut remettre en question leur efficacité en termes de visibilité pure.

Il sait et on sait ce qu’il est

L’autre déficit flagrant du PLQ est celui de son identité. À tort ou à raison, Dominique Anglade a voulu donner un nouvel élan au parti en le rapprochant d’idées plus progressistes. Cependant, cela s’est fait au détriment de la vision économique du parti et de son côté centre-droite qui avait pourtant été à l’identité qui l’a amené en pouvoir de 2003 à 2012 et de 2014 à 2018. 

Face à cette transformation, il est vrai que le PLQ a fait une réflexion sur son identité, mais je suis convaincu que la majorité d’entre vous n’avez pas lu le document et encore moins saisi cette nouvelle identité. 

Pendant ce temps-là, Denis Coderre incarne une identité très claire: fédéraliste jusqu’au bout des ongles et politicien de centre-droite, la zone naturelle du PLQ au Québec. Il a même précisé cette identité durant ses entrevues: il est pour Northvolt, pour la loi 21 sur la laïcité, pour le troisième lien et contre le référendum. Voilà qui règle bien des tergiversations sur le rôle des libéraux dirigé par l’ancien maire de Montréal, surtout dans un contexte où le parti en avant dans les sondages promet une consultation populaire sur la souveraineté durant son premier mandat et qu’il exprime des positions clairement de centre gauche.

Après Compostelle

Même si le début de «campagne» à la direction du PLQ de Denis Coderre peut être vu comme un succès de visibilité et de notoriété, il reste encore du chemin à accomplir pour celui qui annoncera sa décision après avoir parcouru plus de 300 km sur le chemin «portugais» vers St-Jacques-de-Compostelle.

Tout d’abord, les libéraux sont divisés et une course est indispensable pour redonner une certaine crédibilité à ce parti. D’ailleurs, les libéraux attirés par les positions plus progressistes des dernières années cherchent certainement leur candidat. 

Ensuite, la politique est un sport d’équipe et particulièrement au provincial. Denis Coderre sera-t-il capable de partager la lumière avec d’autres aspirants politiciens qui pourraient le suivre dans cette aventure? Il est capable de briller seul, mais il devra démontrer qu’il est capable de former une équipe de gens plus compétents que lui dans plusieurs secteurs.

Finalement, le PLQ a encore des chiffres moribonds chez les francophones et ça prendra beaucoup d’idées, de temps et d’humilité pour retrouver leur confiance. 

Est-ce que Denis Coderre se rendra là? Peut-il rebâtir la confiance avec le peuple québécois? La communication sera-t-elle suffisante? Comme dirait l’aspirant candidat: qui vivra verra!