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Ce qui nous en a sauvé ? C’est simple : la vaccination, si on en croit l’inquiétante simulation publiée dimanche dans La Presse.
Je ne sais pas si vous l’avez réalisé, mais nous sommes passés tout près d’une situation extrêmement difficile en janvier et février 2022 : la paralysie pure et simple de notre système de santé. Avec les conséquences terribles qu’on peut s’imaginer.
Ce qui nous en a sauvé ? C’est simple : la vaccination, si on en croit l’inquiétante simulation publiée dimanche dans La Presse.
Ayant obtenu les données de risque d’hospitalisation par strate d’âge et statut vaccinal pour tous les patients hospitalisés le 15 février, quelques semaines après le pic de la vague Omicron, le journaliste Vincent Brousseau-Pouliot a reconstitué, pour chaque groupe d’âge, le risque réel d’hospitalisation, selon deux scénarios : le premier avec 100 % de personnes vaccinées (un facteur de protection majeur et démontré contre l’hospitalisation pour tous les groupes d’âge) et le second… sans aucun vaccin.
Dans le premier scénario hypothétique, un taux de vaccination de 100 % nous aurait évité environ la moitié des hospitalisations en lits généraux et aux soins intensifs. C’était d’ailleurs le principal message du texte. Mais ce qui m’a surtout frappé dans cette simulation, c’est le second scénario, la version « vague Omicron sans vaccin ».
C’est que le nombre de patients hospitalisés avec la COVID-19 aurait alors grimpé le 15 février de 1995 à 7482 — près de 4 fois plus ! Et parmi ces hospitalisés, on aurait de plus recensé aux soins intensifs, non pas 129 patients, mais bien 887 — près de 7 fois plus ! C’est à la fois énorme, mais réaliste.
Sauf que ce 15 février se situait un mois après le vrai pic des hospitalisations, survenu le 18 janvier, une journée record où on a dénombré 3140 patients COVID-19 hospitalisés, dont 285 aux soins intensifs.
Si on applique une simple règle de trois à partir de la simulation, on aurait retrouvé plus ou moins 11 776 patients hospitalisés le 18 janvier dans le second scénario, sans vaccin, et 1960 aux soins intensifs. Des chiffres bien trop élevés pour être viables. Rien de moins qu’un tsunami.
Déjà que la récente vague a considérablement ralenti les soins courants en raison de l’arrivée massive des cas de COVID-19 dans les hôpitaux et d’une baisse majeure du personnel disponible, sans vaccin, le système hospitalier aurait été submergé. Et le fameux protocole de triage pour l’accès aux soins intensifs aurait été enclenché.
Parce que, vous le savez, la capacité du système de santé est limitée. Surtout chez nous, où le nombre de lits d’hospitalisations est inférieur à celui retrouvé en Europe. Idem pour la capacité aux soins intensifs. Non seulement cette capacité est limitée, elle est variable et fonctionne selon la quantité de personnel soignant disponible, notamment les infirmières.
Quand près de 20 000 travailleurs de la santé se sont portés absents au début de 2022, affectant d’autant les possibilités d’hospitalisation, nous avons rarement été aussi démunis pour offrir les soins requis. Parce que des lits sans infirmières, ce sont des lits inutilisables. Heureusement, il n’y a pas eu plus de cas de COVID-19. Heureusement.
D’après les chiffres que j’ai obtenus, la capacité réelle d’hospitalisation durant les pires semaines de janvier 2022 serait descendue jusqu’à environ 14 000 lits, soit à peine plus que le nombre de cas COVID-19 qui auraient été hospitalisés « sans vaccin » le 18 janvier. C’est d’ailleurs bien plus bas que les 20 000 lits dont nous disposons en théorie « au permis » et même moins que les 16 000 lits officiellement disponibles en janvier 2022.
Pour les soins intensifs, c’était la même chose. Si la capacité maximale théorique tourne généralement autour de 1200 lits, elle serait parfois descendue en janvier 2022 aussi bas que 800 lits (certains experts donnent des chiffres encore plus bas) dans le plus creux du manque du personnel.
Dans ce contexte, la simulation « sans vaccin » de La Presse pour le 15 février donne une capacité occupée environ à près de 100 % par les 887 cas de COVID-19, alors qu’avec les 1960 potentiels pour un 18 janvier « sans vaccin », on la dépasse de loin.
En fait, aucun hôpital ne pourrait fonctionner avec autant de lits occupés par des cas de COVID-19 alors que pour les des soins intensifs, on ne pourrait même plus y soigner les gens.
Sauf que des malades gravement atteints ayant besoin de soins intensifs, il y en a toujours, COVID-19 ou pas. Juste pour traiter les grandes urgences courantes (infarctus, pneumonies, AVC, etc.), il faut apparemment disposer d’un seuil d’environ 300 lits de soins intensifs en tout temps.
Si on manque de lits, la solution pour soigner les plus malades, c’est de les transférer ailleurs. D’une ville à l’autre, comme quelques fois durant la pandémie au Québec. Et quelquefois, vers d’autres provinces, comme c’est arrivé à certaines provinces canadiennes (des provinces qui, sans vaccin, comme dans la seconde simulation, auraient aussi débordées que nous).
Peu importe comment on regarde ces données, nos patients et nous-mêmes l’avons échappé « belle » en ce début 2022, parce que ça aurait pu être pire : sans vaccin, nous aurions tout simplement sombré avec eux.
On peut aussi remercier « l’évolution » de n’avoir pas engendré Omicron dès 2020, parce que songez qu’alors, il n’y avait même pas encore de vaccin sur le marché : ça aurait été David contre Goliath, mais à mains nues, les yeux bandés et sans fronde. Je vous laisse imaginer ce que ça aurait pu représenter comme drame.