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Dans Père 100 enfants, on apprend que trois donneurs issus de la même famille sont les géniteurs d’au moins 600 enfants de façon artisanale par le biais d’annonces sur le web, mais aussi par l’entremise d’une clinique de procréation assistée, Procrea.
Un nouvel encadrement permettrait de serrer la vis à ces méthodes douteuses et, éventuellement, de disposer d’un levier juridique pour en contrer les effets néfastes, comme l’imposition d’un maximum de dons de sperme par homme. Ce genre de limite existe dans d’autres pays comme la France, les Pays-Bas et la Belgique, notamment.
Dans une entrevue exclusive, M. Boileau s'est avoué surpris par les informations dévoilées au grand jour par les journalistes Marie-Christine Bergeron et Maxime Landry.
«On n’avait pas vu ça arriver», avoue le Dr Boileau. «Sur la scène canadienne, personne n’a vu ça arriver non plus. C’est une situation nouvelle.»
Mais le documentaire diffusé sur Crave fait bouger les choses, puisque la Santé publique s’engage maintenant à entrer en contact avec les femmes qui ont eu un enfant issu de ces trois hommes afin notamment de réduire les risques engendrés par cette situation extraordinaire.
«Choqué» et «touché» par les informations récemment publiées, le Dr Boileau confirme que la santé publique désire encadrer légalement cette pratique. Un des aspects les plus névralgiques pour résoudre cet enjeu est le partage d’informations sur les dangers engendrer par les dons de sperme artisanaux.
Le Dr Boileau est d’ailleurs catégorique sur cet aspect: on doit «bien informer» les mères pour qu’elles puissent aborder le sujet adéquatement avec leurs enfants pour réduire les risques de troubles psychosociaux.
«Il est clair qu’il y a un groupe d’enfant qui va avoir une évolution personnelle [particulière] et un certain nombre de questionnements. Il y a des pratiques qui peuvent être meilleures que d’autres pour l’annoncer, à quel moment, comment le faire», avance le Dr Boileau.
La santé publique désire que les enfants soient conscients qu’ils sont génétiquement liés à des centaines d’autres personnes au Québec «pour diminuer les risques de consanguinité». On veut aussi rejoindre les femmes qui seraient intéressées à aller utiliser les donneurs de sperme plutôt que la procréation médicale assistée.
«On ne s’en est jamais vraiment préoccupé. On ne pensait pas que des situations comme ça arriveraient», lance le Dr Boileau pour expliquer partiellement le temps qu’ont pris les autorités afin de passer à l’action, soulignant la complexité de l’enjeu. «Il n’y a pas grand-chose qui encadre les dons de sperme dits "artisanaux". L’encadrement manifeste qu’il y a, c’est celui sur la procréation médicalement assistée qui est un encadrement fédéral.»
Une chose est sûre, la santé publique n’exclut aucun scénario. On pourrait possiblement assister à la naissance d’une banque de sperme nationale.
«Ce n’est pas une mauvaise idée. C’est une des choses qui est sur la table […] Question d’avoir un meilleur contrôle, mais d’avoir une disposition qui est plus standardisée et plus accessible», conclut le Dr Boileau.