Le porte-parole du parti de gauche, Gabriel Nadeau-Dubois, a promis que les terres agricoles n'étaient pas visées par l'impôt additionnel réclamé aux plus fortunés, contrairement à ce qui avait été affirmé la veille.
Il y a eu «une erreur de transfert d'information», a-t-il expliqué, en marge d'un événement organisé par l'Union des producteurs agricoles (UPA), à Longueuil.
Les chefs des autres partis n'ont pas tardé à dénoncer les «taxes orange» de Québec solidaire qui nuiront aux agriculteurs québécois, selon eux. La couleur orange est le symbole de QS.
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La veille, QS avait annoncé qu'un gouvernement solidaire alourdirait le fardeau fiscal des gens mieux nantis, ayant un actif net de 1 à 10 millions $, et taxerait les successions de plus d'un million $.
«J'ai senti une certaine inquiétude avec les taxes orange qui s'appliquent à tous ceux qui ont un actif de plus d'un million $. On le sait que les terres agricoles coûtent très cher, donc il y a beaucoup d'inquiétude», a déclaré mercredi le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, à sa sortie d'une rencontre avec les dirigeants de l'UPA.
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«Je ne suis pas sûr qu'ils ont consulté grand monde du monde agricole», a ajouté le ministre de l'Agriculture sortant, André Lamontagne, en parlant des stratèges solidaires.
Plus tôt dans la journée, la cheffe libérale Dominique Anglade avait également reproché à QS de s'attaquer à la relève agricole, de passage à Saint-Jacques-le-Mineur, en Montérégie.
Elle avait fait remarquer que la moissonneuse-batteuse garée juste derrière elle valait un million de $. Les terres et la machinerie d'un exploitant agricole dépassent ainsi facilement le million de $, et pourtant les agriculteurs mènent une existence difficile, selon elle.
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«Ces personnes ont travaillé toute leur vie pour céder quelque chose à leurs enfants, a-t-elle plaidé. Quand les parents ont travaillé toute leur vie et ont décidé de transférer leur patrimoine, ne serait-ce qu'une maison, à leurs enfants, non, je ne pense pas qu'on devrait aller les imposer».
De son côté, le Parti québécois a accusé QS de mettre de l'avant une proposition «contreproductive». «Ça va à mon avis causer plus de problèmes que ça va apporter de solutions», a déclaré le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, à Carleton-sur-Mer.
Pour gagner le vote des agriculteurs, François Legault a promis 50 millions $ pour améliorer leurs pratiques agroenvironnementales, ainsi qu'une autre enveloppe de 50 millions $ pour soutenir la relève agricole.
Bilinguisme chez la CAQ
Dans un autre ordre d'idées, sur la question linguistique, M. Legault a fait amende honorable, intervenant personnellement pour faire retirer du contenu en anglais du site web de son parti.
Il a demandé à son équipe que la version anglaise du bilan de la CAQ, Now. Our record., soit retirée du site web, après qu'il eut pris connaissance d'un article de La Presse Canadienne, publié la veille.
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L'agence de presse faisait remarquer que le parti de M. Legault pratiquait le bilinguisme, alors qu'il venait tout juste de faire adopter la loi 96 pour renforcer la langue française au Québec.
Interrogé à ce sujet mercredi, en point de presse à Longueuil, M. Legault a dit regretter que son parti ait publié du contenu en anglais sur son site web. «C'est une exception. Tout le site web est seulement en français. Il y a le bilan qui a été mis bilingue. Ça aurait dû être tout en français», a-t-il déclaré.
Transport collectif et autres enjeux
Sur un autre sujet, M. Nadeau-Dubois annonçait pour sa part mercredi que son parti entamerait une «révolution transport» dans la grande région de Montréal s'il était élu. Avec des investissements de 47 milliards $ d'ici 2030, QS vise à augmenter considérablement l'offre de transport en commun dans la région métropolitaine.
Parallèlement, le chef conservateur Éric Duhaime était à Québec, lui, pour s'opposer à un projet de transport collectif, celui du tramway. M. Duhaime a affirmé que le 3 octobre constituerait un référendum sur ce projet dans la région.
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Il s'est aussi prononcé contre toute forme de censure visant à mieux encadrer la cyberintimidation.
De son côté, le Parti québécois était en Gaspésie pour annoncer des incitatifs fiscaux afin de ramener sur le marché du travail 150 000 retraités âgés entre 60 et 69 ans, d'ici 2030. Le parti prévoit diverses mesures pour y arriver, notamment un arrêt des cotisations au Régime des rentes du Québec (RRQ) pour les 65 ans et plus qui continuent de travailler.
Des excuses de Legault
En fin de journée, le chef caquiste François Legault a dû s'excuser pour des propos associant l'immigration à la violence.
«L'immigration est une richesse pour le Québec, a-t-il gazouillé. Je suis désolé si mes propos ont porté à confusion. Ma volonté, c'est de rassembler.»
Plus tôt dans la journée, M. Legault avait déclaré que la venue d'immigrants posait un «défi» pour une société. Il affirmait que son analyse était partagée par d'autres premiers ministres provinciaux.
Appelé à élaborer sur ce sujet, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) avait déclaré qu'il fallait réfléchir au «genre de société qu'on veut», à nos «valeurs», à la «laïcité» et au «respect».
«On voit, il y a une façon de vivre chez nous, et on veut la garder, avait-il affirmé à Victoriaville. Je vous donne l'exemple de la laïcité. La laïcité, ça ne s'applique pas seulement au Québec.»
«Il y a un défi d'intégration, et ce n'est pas vrai seulement au Québec, c'est vrai partout», avait-il renchéri.
Vous parlez de respect, quelle forme de respect serait menacée? lui avait demandé un journaliste. «Les Québécois sont pacifiques, ils n'aiment pas la chicane, ils n'aiment pas les extrémistes, ils n'aiment pas la violence.»
«Il faut s'assurer qu'on garde ça comme c'est là actuellement, avait répondu M. Legault. Tous les pays, le Canada, la France, l'Allemagne, tous les pays ont un défi d'intégrer les nouveaux arrivants.»
Pour la cheffe libérale Dominique Anglade, ces propos sont inacceptables.
«Si vous faites un lien entre la violence et l'immigration, je ne pense pas que ça envoie un très bon message», a-t-elle souligné en mêlée de presse à Laval.
«C'est un amalgame extrêmement dangereux. La dernière chose dont on a besoin au Québec, c'est des gens qui nous divisent. François Legault ne cesse de vouloir diviser les Québécois.»
«Je n'en reviens tout simplement pas, a-t-elle ajouté sur ses réseaux sociaux. François Legault fait un lien entre l'immigration, la violence et l'extrémisme. Ce genre de discours n'a pas sa place au Québec.»
Le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a quant à lui refusé de dire s'il condamnait ou approuvait les propos de M. Legault, prétextant qu'ils étaient trop «flous».
«Je laisse François Legault s'arranger avec des propos qui sont difficiles à comprendre, qui ne cadrent avec aucune politique publique», a-t-il lancé.