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Parmi celles-ci, on retrouve les «Glock switch», de petits dispositifs en plastique ou en métal qui permettent de transformer des armes de poing en armes automatiques.
Voyez le reportage de Marie-Michelle Lauzon dans la vidéo liée à l’article.
Avec une seule arme transformée, 1200 balles peuvent être tirées en une minute. Si ces dispositifs sont désormais une menace bien connue aux États-Unis, on les retrouve de plus en plus au Canada. Et Montréal ne fait pas exception.
Le 20 avril dernier, un appel est logé au 911 concernant des jeunes utilisant une carte bancaire frauduleuse à une station-service située à Montréal-Nord. Redouane Sankhi, 19 ans, est alors arrêté alors qu’ils tentaient de s'enfuir. Les policiers retrouvent sur les lieux un pistolet avec un chargeur à haute capacité… et un «Glock switch».
«On en a saisi quelques-uns depuis deux ans», admet le commandant de la Section de la lutte au crime organisé Sud-Ouest du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Simon-Luc Tanguay.
M. Tanguay précise que des fusillades dans lesquels des «Glock switches» avaient été utilisés ont été recensées.
Selon la Gendarmerie royale du Canada (GRC), 784 douilles ont été retrouvées lors des 162 incidents impliquant des armes à feu s’étant produits à Montréal en 2022. Parmi ceux-ci, on retrouve cinq scènes, dont à Rivière-des-Prairies et Montréal-Nord, où plus de 20 douilles ont été retrouvées.
«Il n’était pas rare à l’époque de trouver une scène de crime avec une quinzaine de projectiles. Il s’agissait d’une scène importante. Maintenant, on va tomber sur des scènes où il y a 30, 40, 50 douilles», relève le procureur en chef adjoint au bureau de Montréal de l’Équipe du crime organisé et de la violence armée, Me Éric De Champlain.
Selon M. De Champlain, il faut s’attendre à assister à de plus en plus à ce type d’épisodes.
Si les «Glock switches» sont illégaux au Canada, il est toutefois facile de s’en procurer.
Un fournisseur avec lequel Noovo Info s’est entretenu confirme en envoyer par la poste au pays, et souligne même leur popularité.
«C’est trop tard, c’est déjà partout. Tu n’as qu’à aller en ligne et à taper ‘’Glock switch’’», déplore l’expert en armes à feu et policier à la retraite de la GRC Frank Grosspietsch. «Il y a tellement de marchandises qui entrent dans nos ports que c’est impossible de tout arrêter. Ça entre massivement.»
Il est toutefois impossible de confirmer combien de «Glock switches» ont été saisis aux frontières, alors que l’Agence des services frontaliers du Canada ne comptabilise pas ce genre de données, tout comme la GRC et le SPVM.
«On travaille tout le monde ensemble pour minimiser le phénomène et pour que ça ne devienne pas un fléau. Mais pour l’instant, on n’en est pas là», assure le commandant Tanguay.
Si un criminel se fait arrêter avec une arme à feu équipée d’un silencieux, d’un chargeur à haute capacité et d’un «Glock switch», celui-ci fera face à trois accusations différentes, explique Me De Champlain.
«Est-ce qu’on le fait à chaque fois, pas nécessairement. Si on parle uniquement du «Glock switch», il y a l’infraction 102 au Code criminel qui statue que si on modifie une arme pour qu’elle tire en mode automatique, on s’expose à une peine minimale d’un an», précise-t-il.
Il est toutefois impossible de confirmer combien de personnes ont été accusées en vertu de cet article, alors que le Département des poursuites criminelles et pénales affirme ne détenir aucun document relatif à la demande de Noovo Info.
Le nombre d’accusations en lien avec les armes à feu a toutefois considérablement augmenté au cours entre 2021 et 2022 dans la province, passant de 1788 à 2307 dans les districts de Montréal, Laval, Saint-Jérôme, Longueuil et Québec.
Mais pour porter des accusations, encore faut-il pouvoir arrêter les criminels. Sous le couvert de l’anonymat, des policiers ont avoué au micro de Noovo Info ne pas être suffisamment formés en lien avec les armes à feu.
La GRC propose une formation de quatre heures en lien avec les armes à feu, mais celle-ci n’est pas obligatoire. Et en raison de manques d’effectifs, tous les policiers ne peuvent pas la suivre.
Pour le reportage intégral, visionnez la vidéo.