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Environ 30 autres personnes sur le vol auraient été déclarées positives à la COVID-19.
Une passagère du vol controversé entre Montréal et Cancun, qui a été déclarée positive à la COVID-19, croit que des dizaines de passagers qui ont voyagé avec elle ont également été infectés par le coronavirus.
Les passagers qui faisaient la fête sans masque sur un récent vol Sunwing de Montréal à destination de Cancún, au Mexique, ne sont pas les bienvenus à bord des avions d'Air Transat et d'Air Canada.
C'est ce qu'ont indiqué les deux transporteurs, mercredi, après les dénonciations publiques des actions de ces passagers captées sur des vidéos et partagées sur les réseaux sociaux.
Néanmoins, quelques-uns d'entre eux sont parvenus à se trouver une place dans un avion qui s'est posé en soirée à l'Aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau, à Dorval. Des membres des médias d'information ont assisté à leur arrivée à l'aérogare.
Parmi ceux qui cherchent un moyen de rentrer chez eux, Rebecca St-Pierre, une étudiante de 19 ans originaire de Trois-Rivières, a déclaré qu'elle se sentait abandonnée, ne sachant pas comment elle allait payer sa chambre d'hôtel alors que son séjour est prolongé indéfiniment. Elle a dit qu'elle a été déclarée positive à la COVID-19 mercredi et qu'elle est maintenant en isolement à Tulum, au sud de Cancún, au Mexique. Elle estime qu'environ 30 autres personnes sur le vol ont été déclarées positives.
Mme St-Pierre, émue, a raconté à La Presse Canadienne qu'elle ne savait pas qui parmi les autres passagers du vol étaient toujours au Mexique. Elle a ajouté que l'organisateur avait «tout simplement abandonné tout le monde».
Mme St-Pierre a dit qu'elle avait gagné le voyage dans un concours sur le réseau social Instagram et qu'elle n'avait jamais entendu parler de l'organisateur, qui s'identifie sur les médias sociaux comme James William Awad. Elle a précisé qu'elle croyait passer une semaine de détente en «faisant attention», mais que ce voyage, qui était initialement gratuit, était devenu fort couteux.
Air Transat a déclaré sur Twitter mercredi que les «passagers perturbateurs» du vol de Sunwing tentaient de rentrer chez eux sur les vols d'Air Transat, mais qu'ils se verraient refuser l'embarquement en raison de l'obligation de la compagnie d'assurer la sécurité des passagers et de l'équipage.
Air Canada a livré un message semblable par la suite.
«Avec l'information que nous détenons à l'heure actuelle relative aux évènements du vol de Sunwing, et dans la mesure où nous pouvons identifier les passagers qui font partie du groupe concerné, Air Canada refuse l'embarquement afin d'assurer la sécurité des autres passagers et de notre personnel d'équipage», ont indiqué par courriel les relations médias d'Air Canada.
Des vidéos du vol du 30 décembre partagées sur les réseaux sociaux semblent montrer des passagers ne portant pas de masques, sans distanciation, chantant et dansant dans l'allée et sur les sièges.
Dans une vidéo, une grande bouteille de vodka semble être passée parmi les passagers, et plus tard une femme semble fumer une cigarette électronique dans l'avion.
Mme St-Pierre a reconnu que les vidéos donnent une image précise de ce qui s'est passé pendant le vol de cinq heures vers Cancún. Elle a affirmé qu'il n'y avait pas de distanciation sociale et pense que certaines personnes prenaient de la drogue.
Elle a ajouté qu'avant le voyage de retour prévu, certaines personnes se mettaient de la vaseline dans le nez pour tenter de déjouer les tests de dépistage de la COVID-19.
Sunwing a annulé le vol de retour du groupe au départ de Cancún prévu pour mercredi, affirmant que le comportement indiscipliné avait enfreint plusieurs règlements de l'aviation au Canada ainsi que les règles de santé publique.
Le premier ministre Justin Trudeau a qualifié mercredi la conduite des passagers d'irresponsable et d'extrêmement frustrante et démoralisante pour tous ceux qui ont suivi les restrictions de santé publique.
«C'est inacceptable que des gens soient en train de mettre à risque pas juste les autres passagers, pas juste les travailleurs des autres lignes aériennes, mais leurs concitoyens, a-t-il affirmé dans un point de presse. En plus, quand les gens sont en train de faire des sacrifices. Les gens ont réduit leurs contacts pendant le temps des Fêtes, n'ont pas vu des êtres chers. La vaste majorité des gens dans ce pays savent qu'il faut faire des sacrifices pour se protéger les uns, les autres.»
«Quand il y a une gang de sans-dessein qui décident de partir comme des Ostrogoths en vacances, c'est extrêmement frustrant, a-t-il ajouté. C'est démoralisant et je peux vous dire que Transports Canada et le gouvernement du Canada prennent ça très au sérieux. On va faire des suivis.»
Transports Canada a annoncé mardi qu'il ouvrait une enquête sur l'affaire, les passagers qui ont enfreint les règlements du ministère s'exposant à des amendes pouvant aller jusqu'à 5000 $ par infraction. Le ministère a également averti que toute personne donnant de fausses informations à un fonctionnaire du gouvernement canadien était passible d'une amende pouvant atteindre 750 000 $, d'une peine de six mois de prison ou des deux.
Un expert en aviation a déclaré qu'il espère que l'enquête du ministère des Transports fera la lumière sur les raisons pour lesquelles le pilote n'a pas demandé un atterrissage d'urgence après que l'équipage ait perdu le contrôle des passagers.
«Nous vivons dans un monde où des pseudo-influenceurs se croient au-dessus de tout, mais un avion à 30 000 pieds au-dessus du sol peut être extrêmement dangereux», a déclaré Mehran Ebrahimi, qui dirige une unité de recherche sur l'industrie aérospatiale à l'Université du Québec à Montréal.
«Imaginez que des gens décident, pour le plaisir, de jouer avec la porte? Un avion n'est pas un chalet que vous louez où vous pouvez faire tout ce que vous voulez», a ajouté M. Ebrahimi.
L'organisateur du voyage, James William Awad, a écrit sur Twitter mercredi qu'une «simple fête» dans un avion était à l'origine de la controverse. «Je vais prendre un moment pour m'asseoir et tout repenser», a-t-il écrit. «Surtout comment je peux mieux faire les choses la prochaine fois».
M. Awad, qui exploite le «111 Private Club», a organisé le voyage en incluant un groupe d'«influenceurs» des médias sociaux et de vedettes de télé-réalités, comme Karl Sabourin de la populaire émission «Occupation Double», ainsi que Sandrine Séguin et Anna-Maëlle Laprise, qui ont toutes deux participé à l'émission «L'île de l'amour».