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Devrait-on créer une agence spécialisée?
Un rapport sur les objets volants non identifiés (OVNI) révèle ce que la principale scientifique du gouvernement canadien pense des observations d'OVNI et de la manière dont elles sont traitées.
Ce rapport, le premier du genre au Canada depuis des décennies, est très attendu et formule plusieurs recommandations audacieuses, notamment que les OVNI fassent l'objet d'une enquête officielle au Canada. On conclut que le pays devrait suivre l'exemple de pays comme les États-Unis et créer un «service spécialisé» chargé d'étudier les observations d'objets non identifiés et de lumières dans notre ciel.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Ces recommandations font partie d'un rapport préliminaire du projet Sky Canada, lancé en 2022 par le Bureau du conseiller scientifique en chef du Canada pour étudier la manière dont les observations d'OVNI sont traitées. Il s'agit du premier effort de recherche sur les OVNI connu du gouvernement canadien depuis près de 30 ans.
«Mon rôle est de fournir des conseils indépendants au gouvernement du Canada», a expliqué la Dre Mona Nemer, conseillère scientifique en chef du Canada, dans une déclaration écrite envoyée au CTVNews.ca. «Je suis convaincue que mes recommandations seront prises au sérieux par nos dirigeants.»
Le CTVNews.ca a reçu une copie préliminaire d'un rapport de 16 pages, qui a été publié mercredi, plus de deux ans après le lancement du projet Sky Canada.
Vous pouvez le lire ici. Une version plus longue et complète du rapport est attendue dans le courant de l'année.
«Les recommandations du projet Sky Canada fournissent un cadre pour la gestion cohérente et efficace des observations de PAN au Canada», a ajouté la Dre Nemer. «Cela présente plusieurs avantages, comme l'amélioration de la coordination nord-américaine avec nos partenaires, le soutien à la science spatiale, le renforcement de la confiance du public et la lutte contre la désinformation. Il s'agit là de questions prioritaires pour le Canada.
Utilisé tout au long du rapport, l'acronyme «PAN» signifie généralement «phénomène aérospatial (ou anormal) non identifié, qui a largement remplacé les termes «OVNI» et «objets volants non identifiés» dans les cercles officiels. Après des décennies de rejet et de déni de la part des autorités américaines, la NASA, le Pentagone et les législateurs américains ont tous rendu publics leurs efforts récents pour enquêter sur les PAN. Le Pentagone a même créé un bureau de recherche sur les PAN, le All-domain Anomaly Resolution Office (AARO).
«Notre objectif était d'identifier les ressources et les processus actuellement en place pour le traitement et le suivi des PAN, de les comparer aux meilleures pratiques en vigueur dans d'autres pays et de formuler des recommandations en vue d'améliorations potentielles», a indiqué Mme Nemer dans le message d'ouverture du rapport. «La préparation de ce rapport a suscité plus d'intérêt de la part du public que n'importe quel autre projet dans l'histoire de ce bureau.»
La recommandation la plus importante du rapport est que le gouvernement canadien «mette en place un service spécialisé» pour gérer et analyser les données relatives aux PAN. Hébergé par une entité fédérale telle que l'Agence spatiale canadienne (ASC), ce service «recueillerait les témoignages, enquêterait sur les cas et publierait ses analyses». Il serait également chargé d'informer les Canadiens sur les PAN et d'assurer la coordination avec d'autres entités gouvernementales et partenaires internationaux.
«Une approche plus structurée de la gestion des rapports sur les PAN au Canada serait bénéfique à bien des égards», affirme le rapport. «Elle permettrait d'améliorer la transparence et de lutter contre la désinformation ; elle démontrerait également l'engagement du Canada en faveur de la rigueur scientifique et de la recherche.»
Il reste à voir si l'Agence spatiale canadienne donnera suite à la suggestion du projet Sky Canada de gérer le nouvel organisme de recherche de PAN. Dans une déclaration précédente, un porte-parole de l'ASC a dit au CTVNews.ca que «l'étude des PAN ne fait pas partie du mandat de l'ASC et qu'il n'y a actuellement aucun plan pour explorer le sujet à l'avenir». Le CTVNews.ca a contacté la CSA pour obtenir un nouveau commentaire.
Comme l'AARO aux États-Unis, un bureau de recherche sur les PAN a été créé en France en 1977 sous l'égide de l'Agence spationale nationale. Connu sous l'acronyme GEIPAN (Groupe de recherche et d'information sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés), ce bureau a examiné plus de 3100 observations de PAN à ce jour, dont 99 sont restés non identifiés après enquête. Le Conseil national de la recherche du Canada, qui relève du gouvernement canadien, recueillait auparavant les rapports sur les PAN avant de se désintéresser de cette question énigmatique en 1995.
«Les données relatives aux PAN doivent être mises à la disposition du public dans un souci de transparence et pour soutenir la recherche», indique le nouveau rapport du projet Sky Canada. «L'adoption d'une approche scientifique et collaborative permettra de répondre aux préoccupations du public, de démystifier les PAN et, éventuellement, de révéler des informations précieuses sur des phénomènes aériens actuellement inexpliqués.»
Les autres recommandations du projet Sky Canada portent sur le soutien à l'engagement du public, la lutte contre la désinformation, le développement d'outils numériques tels que des applications pour la collecte de données, et l'amélioration des rapports d'aviation.
«Transports Canada devrait encourager les pilotes, le personnel de cabine et les contrôleurs aériens à signaler les observations de PAN sans craindre d'être stigmatisés », ajoute le rapport, en référence au ministère fédéral des transports. En collaboration avec les contrôleurs aériens civils, Transports Canada devrait également analyser les rapports et fournir aux pilotes des explications pour aider à « réduire les distractions pendant les vols. »
Les enquêtes précédentes du CTVNews.ca ont montré comment les observations de PAN au Canada sont saisies par grâce à des procédures de Transports Canada, de l'Armée de l'air royale canadienne et d'autres ministères et agences gouvernementales, qui reçoivent depuis des décennies des rapports de témoins crédibles tels que des soldats, des officiers de police, des contrôleurs aériens et des pilotes sur des vols médicaux, militaires, de fret, de passagers et des vols régionaux.
«Les rapports de PAN sont reçus par différents services sous différentes formes, avec peu de coordination ou de supervision, ce qui entraîne une collecte de données incohérente qui entrave les enquêtes scientifiques », indique le rapport du projet Sky Canada. « Il n'existe pas de plateforme officielle accessible aux Canadiens pour signaler les observations de PAN , obtenir des explications potentielles ou examiner des informations fiables sur les PAN. Cette situation contribue à la prolifération de la désinformation et des informations erronées.
Malgré le témoignage d'un dénonciateur américain présumé, le Pentagone et la NASA ont tous deux déclaré séparément qu'il n'existait aucune preuve indiquant que les PAN représentaient quelque chose d'extraterrestre. Le site web du projet Sky Canada précise également que son travail «n'a pas pour but de prouver ou d'infirmer l'existence d'une vie extraterrestre ou de visiteurs extraterrestres».
«En conséquence, ce rapport se concentre sur les services mis à la disposition du public canadien pour signaler les UAP, et non sur les UAP eux-mêmes», a précisé la Dre Nemer dans le message d'ouverture du rapport. «Le projet Ciel Canada n'a pas pour but d'enquêter sur ce que sont les PAN.»
Des drones aux ballons, en passant par les satellites, les météores, les fusées éclairantes, les lanternes en papier, les planètes, les phénomènes atmosphériques et peut-être même la technologie militaire expérimentale, de nombreuses observations d'OVNI pourraient avoir des explications ordinaires ou terrestres. Mais à moins qu'il n'y ait un problème évident de sûreté ou de sécurité, les autorités canadiennes ont tendance à ne pas mener d'enquête officielle ou à ne pas assurer de suivi, ce qui fait que la plupart des cas restent officiellement inexpliqués.
«Les rapports d'observations de PAN ne sont pas analysés plus avant, à moins qu'ils ne soient considérés comme posant des risques pour la sécurité», confirme le rapport du projet Sky Canada. «Les personnes qui signalent des observations font rarement l'objet d'un suivi.»
L'un des plus ardents défenseurs de la transparence des PAN au Canada, le député conservateur Larry Maguire, plaide publiquement en faveur d'un effort de recherche tel que le projet Sky Canada depuis 2022.
«Le projet Sky Canada représente la première tentative substantielle d'étudier comment le Canada peut répondre au mieux aux rapports de PAN, a déclaré le législateur manitobain au CTVNews.ca. «La nature désordonnée de notre approche actuelle en matière de surveillance et de signalement des PAN laisse trop de place à la spéculation.»
Les recommandations du projet Sky Canada ont également été accueillies favorablement par Chris Rutkowski, écrivain scientifique et chercheur sur les ovnis basé à Winnipeg, qui étudie les cas canadiens depuis plus de 30 ans.
«Que les PAN se révèlent être des drones, des avions, des étoiles ou des satellites, le fait que le Canadien moyen ainsi que des observateurs qualifiés tels que les pilotes et la police déposent des rapports sur les PAN montre qu'il est nécessaire d'étudier sérieusement, objectivement et scientifiquement ces phénomènes persistants», a expliqué M. Rutkowski, qui a également été consulté pour la rédaction du rapport. «Le rapport du projet Sky Canada jette les bases de la recherche et des enquêtes canadiennes sur la nature des PAN.»
Paul Delaney est professeur émérite de physique et d'astronomie à l'Université York de Toronto. Bien qu'il doute fortement que les PAN représentent une technologie extraterrestre, il reconnaît qu'un petit pourcentage de cas reste inexpliqué et mérite donc d'être étudié plus en détail.
«S'il est vrai que certains rapports restent non identifiés, cela signifie simplement que davantage de données sont nécessaires», a déclaré M. Delaney. «C'est la raison pour laquelle des initiatives telles que le projet Sky Canada prennent de l'ampleur. Il est très important de collecter de bonnes données et de les rendre disponibles pour un examen plus approfondi, afin d'éliminer la stigmatisation associée à de telles observations.
Depuis sa création en 2017, le poste de « conseiller scientifique en chef du Canada » est dirigé par la scientifique cardiovasculaire et ancienne responsable de la recherche à l'Université d'Ottawa, Mona Nemer. Chargé de fournir des conseils scientifiques impartiaux au gouvernement, le bureau indépendant relève directement du premier ministre Justin Trudeau et du ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie.
«Le projet a été stimulé par l'intérêt accru du public et les développements récents dans d'autres pays, en particulier aux États-Unis, où des procédures officielles de traitement des observations de PAN sont en cours d'élaboration», explique le rapport. «Les efforts visant à étudier les PAN avec une rigueur scientifique et à impliquer la communauté scientifique canadienne ont été limités au Canada.
Le bureau de la Dre Nemer a déjà publié des rapports sur des sujets tels que la COVID-19, l'aquaculture et la science ouverte. Le CTVNews.ca a signalé pour la première fois l'existence du projet Sky Canada en mars 2023. Le rapport complet devait initialement être publié en 2024.
«Il a fallu plus de recherches et de consultations que prévu pour garantir l'exactitude et la faisabilité des recommandations dans le contexte canadien», a soutenu Dre Nemer au CTVNews.ca. «Le rapport complet sera publié dès qu'il sera terminé.»
Le rapport contient également une liste d'organisations et d'experts consultés par le projet Sky Canada, notamment le ministère de la Défense nationale, Transports Canada, l'Agence spatiale canadienne, le GEIPAN en France et l'ancien directeur de l'AARO, Sean Kirkpatrick, aux États-Unis.
«En général, nos collègues du gouvernement fédéral se sont montrés coopératifs», a affirmé Mme Nemer. «Malheureusement, ils avaient souvent très peu de choses à partager.»
Outre l'Agence spatiale canadienne, le CTVNews.ca a demandé des commentaires au Cabinet du Premier ministre, à Transports Canada et à Innovation, Sciences et Développement économique Canada.
Le rapport se termine par les résultats d'un sondage d'opinion réalisé en août par Earnscliffe Strategies, une société canadienne de relations publiques et de communication. L'enquête en ligne menée auprès de 1 008 adultes canadiens a révélé que plus d'un répondant sur quatre - 27 % - avait été personnellement témoin d'un OVNI. Les résultats ont été pondérés en fonction de l'âge, du sexe et de la région, sur la base des données les plus récentes de Statistique Canada.
«Cependant, seulement 10 % des personnes interrogées ont signalé leur observation et 40 % d'entre elles ne sauraient pas à qui s'adresser pour le faire », indique le rapport. «Il est intéressant de noter qu'une majorité de répondants est favorable à la mise en place d'un service du gouvernement fédéral chargé de recueillir les rapports sur les PAN et de rendre les résultats accessibles au public.»