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International

Un ministre israélien invite le Canada à accueillir des Gazaouis

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a rappelé que le Canada soutenait l'autodétermination des Palestiniens et s'opposait à leur «déplacement forcé» de Gaza.

Minister of Foreign Affairs Melanie Joly attends a luncheon with the Chamber of Commerce of Metropolitan Montreal in Montreal on Tuesday, Feb. 4, 2025. Canadian politicians are pushing back on suggestions that Ottawa accept Palestinians if they are forcibly removed from the Gaza Strip. THE CANADIAN PRESS/Christinne Muschi
Minister of Foreign Affairs Melanie Joly attends a luncheon with the Chamber of Commerce of Metropolitan Montreal in Montreal on Tuesday, Feb. 4, 2025. Canadian politicians are pushing back on suggestions that Ottawa accept Palestinians if they are forcibly removed from the Gaza Strip. THE CANADIAN PRESS/Christinne Muschi
Dylan Robertson
Dylan Robertson / La Presse canadienne

Les politiciens canadiens rejettent l'idée d'expulser les Palestiniens de la bande de Gaza, alors qu'un ministre israélien suggère que certains d'entre eux pourraient être envoyés au Canada.

«Nous soutenons le droit des Palestiniens à l'autodétermination et nous nous opposons au déplacement forcé des Palestiniens de Gaza», a écrit mercredi la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, en ajoutant: «Il n’y a aucun rôle pour le Hamas dans la gouvernance future de Gaza».

 

La veille, le président américain Donald Trump avait stupéfié le monde entier en suggérant que le territoire palestinien pourrait être évacué de ses habitants et transformé en une destination touristique de type «Riviera» appartenant aux États-Unis. 

L'organisme «Human Rights Watch» et d'autres groupes similaires affirment que le plan de M. Trump équivaudrait à un «nettoyage ethnique».

Alors que des conseillers de la Maison-Blanche et divers analystes ont suggéré d'autres idées pour une implication américaine au Proche-Orient, M. Trump en a remis, jeudi, en affirmant que «la bande de Gaza serait remise aux États-Unis par Israël à la fin des combats», alors que les Palestiniens «auraient déjà été réinstallés» ailleurs.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a écrit jeudi sur X qu'il avait demandé à l'armée d'élaborer un plan pour évacuer «tout résident de Gaza qui souhaiterait partir» afin d'être réinstallé dans des pays étrangers disposés à le faire. «Des pays comme le Canada, qui dispose d'un programme d'immigration structuré, ont déjà exprimé leur volonté d'accueillir des résidents de Gaza», a soutenu le ministre Katz. 

Le seul programme de réinstallation d'Ottawa pour les Gazaouis est limité à ceux qui ont des proches déjà au Canada, et seule une petite partie des demandes — actuellement plafonnées à 5000 — ont permis à des Palestiniens de venir au Canada. 

Le ministère fédéral de Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté n'a pas immédiatement répondu jeudi lorsqu'on lui a demandé les derniers chiffres sur la réinstallation des Palestiniens. Dans son plus récent bilan, publié fin mai 2024, le ministère déclarait que seulement 41 personnes étaient arrivées au Canada en vertu de ce programme temporaire. La CBC rapportait le mois dernier que seulement 616 personnes étaient arrivées au Canada. 

Des ministres parlent de «nettoyage ethnique»

Avant que le ministre Katz ne fasse ses commentaires, la ministre Joly avait rappelé que «la position de longue date du Canada sur Gaza n'avait pas changé».

«Nous sommes déterminés à œuvrer en faveur d’une solution à deux États, où Israéliens et Palestiniens pourront vivre en toute sécurité à l’intérieur de frontières internationalement reconnues», a écrit Mme Joly sur X, mercredi après-midi.

Le ministre du Développement international, Ahmed Hussen, le ministre de la Justice, Arif Virani, et le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, font aussi partie d'une dizaine de députés qui ont rejeté l'idée du président Trump.

Les ministres Hussen et Virani ont cosigné avec sept autres députés libéraux une déclaration qualifiant l’idée de M. Trump de «déraisonnable» et de «violation complète du droit international», affirmant même que «cela équivaut à un nettoyage ethnique».

Le Bloc québécois estime que «le contrôle de la bande de Gaza par une puissance étrangère serait purement et simplement illégal».

«Ainsi en serait-il du déplacement de plus de deux millions de Palestiniens, ce qui serait, en plus, totalement irréalisable», conclut le porte-parole du Bloc en matière d'affaires étrangères, Stéphane Bergeron.

M. Singh estime que les commentaires de M. Trump «déstabilisent» le Proche-Orient et menacent le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. «Gaza appartient à la Palestine et à personne d'autre. Les menaces de Donald Trump sont une pure folie», écrivait mardi soir le chef néo-démocrate dans un message sur X.

Le Centre des relations juives et israéliennes a renvoyé tout commentaire à l’ambassade israélienne à Ottawa, qui n’a pas fourni de réponse immédiate.

La bande de Gaza a été établie comme «territoire palestinien» lorsque des Palestiniens ont été déplacés dans toute la région au moment de la création de l’État d’Israël en 1948. La Jordanie, le Liban et l’Égypte accueillent déjà des milliers de réfugiés palestiniens et ces pays affirment qu’il serait inapproprié d’en expulser davantage de leur patrie.

Israël rejette la désignation des Palestiniens comme des «réfugiés» par les Nations unies, affirmant que ce terme accrédite une thèse illégitime de leur retour éventuel sur une terre qui est maintenant l'État hébreu. Les responsables israéliens ont également fait valoir que le peuple juif jouissait de liens ancestraux avec cette terre.

Mona Abuamara, l'ambassadrice palestinienne à Ottawa, a déclaré que les «colons terroristes» israéliens dans les territoires palestiniens occupés sont ceux qui devraient être déplacés vers d'autres pays. Elle a déclaré qu'une autre solution consisterait à faire en sorte que les Palestiniens reprennent la terre qui est maintenant Israël.

«Si vous ne voulez pas avancer, nous pouvons revenir en arrière avec plaisir», a-t-elle écrit sur X.

Fin 2023, alors que des informations indiquaient que le gouvernement israélien cherchait à envoyer des Palestiniens vers des pays comme le Canada, le ministre de l'Immigration, Marc Miller, avait écarté les rumeurs d'un «soi-disant 'transfert volontaire' de Gazaouis hors de Gaza» vers le Canada.

Dylan Robertson
Dylan Robertson / La Presse canadienne