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Harvey Satewas Gabriel estime qu'il lui a fallu environ 17 ans, par intermittence, pour terminer la traduction, dont 58 livres qu'il a traduits à lui seul.
Harvey Satewas Gabriel se souvient encore de la première fois qu'il a entendu un prédicateur lire des passages bibliques en langue mohawk, dans les années 1950. Il a vu le pasteur de l'Église Unie ouvrir le livre et traduire les Écritures en mohawk directement à partir de la page pendant qu'il lisait, des mots comme du «miel» pour le jeune homme de Kanesatake, alors âgé de 17 ans.
M. Gabriel est rentré chez lui et a demandé à sa mère pourquoi il n'y avait pas de Bible mohawk. Elle a dit: «C'est un gros projet, qui va traduire ça?»
Cette conversation a allumé une passion de plusieurs décennies qui culminera cet automne avec la publication d’une Bible complète en langue mohawk – dont la majeure partie a été traduite par M. Gabriel lui-même.
L'homme de 83 ans estime qu'il lui a fallu environ 17 ans, par intermittence, pour terminer la traduction, dont 58 livres qu'il a traduits à lui seul.
M. Gabriel a déclaré que cette première conversation avec sa mère l'avait marqué. Cependant, ce n'est que vers 1980 qu'il a commencé à traduire des passages bibliques, lorsqu'on lui a demandé de donner des lectures en mohawk à l'Église Unie de Kanesatake.
Le processus est devenu plus formel dans les années 1990, lorsqu’il a été invité à rejoindre un groupe d’anciens réunis pour traduire une partie de la Bible. Bien que ce groupe se soit dissous après quelques années, M. Gabriel a continué à travailler seul, les soirs et les fins de semaine avant de prendre sa retraite d'une entreprise montréalaise en 2005.
«J'ai continué parce que quand on commence quelque chose pour le Créateur, on ne peut pas s'arrêter», a-t-il déclaré lors d'une récente entrevue dans le jardin de sa maison de Kanesatake.
«C'est tellement intéressant. Chaque verset est différent. Je me demandais ce que dit le verset suivant.»
La Bible nouvellement imprimée a une couverture violette – la couleur du drapeau de la Confédération iroquoise – et une illustration représentant les clans des tortues, des loups et des ours. Le titre est: «Ohiatonhseratokénti», un mot qui, selon M. Gabriel, signifie «pages saintes».
Lorsqu’on lui demande ce qui l’a motivé, la réponse de M. Gabriel est simple: «la langue».
On lui a dit un jour, et il le croit, que traduire la parole de Dieu dans sa langue signifie «qu'elle ne pourra jamais être perdue». Déjà, dit-il, des jeunes qui apprennent le mohawk lui ont dit qu'ils étaient impatients d'utiliser la Bible comme ressource.
M. Gabriel, qui a également écrit un dictionnaire mohawk, n'est pas le premier membre de sa famille à prendre à cœur la préservation de la langue. Son arrière-grand-père, Sosé Onasakenrat, a traduit les quatre Évangiles au milieu des années 1800.
Sa mère, Gladys Jacobs, était une survivante des pensionnats qui a réussi à éviter de perdre sa langue en la parlant dans la cour d'école avec sa sœur et ses amis, a-t-il rappelé. Après cela, seulement la langue mohawk était autorisée chez elle.
M. Gabriel dit que même s'il n'a aucune formation formelle, traduire la Bible «n'était pas trop difficile» parce qu'il parle couramment le mohawk et qu'il avait les traductions de son arrière-grand-père comme modèle.
Grâce au financement de la Société biblique canadienne, il a travaillé avec plusieurs professeurs de langues bibliques pour vérifier l'exactitude de son travail, traduisant ses propres mots en anglais pour qu'ils puissent les comparer aux œuvres en hébreu.
Selon lui, l’un des professeurs a été stupéfait par l’exactitude de la traduction, lui disant qu’elle était «à côté de l’hébreu».
«Cela me dit que ma langue est aussi ancienne que l'hébreu», a conclu M. Gabriel.
M. Gabriel a déclaré que finalement, le financement du projet s'est tari et que sa traduction est restée sur les étagères pendant quelques années jusqu'à ce que son épouse, Susan, décide de redoubler d'efforts pour la faire publier.
Susan Gabriel, son épouse depuis 56 ans, a contacté la Fondation de l'Église Unie du Canada, qui a apporté un financement pour aider à la traduction finale, à la relecture, à la mise en page et à l'impression.
Royal Orr, membre du conseil d'administration de la fondation, a déclaré qu'il pensait que la Bible mohawk était l'une des rares traductions complètes en langue autochtone. Le fait que M. Gabriel en ait traduit lui-même environ 80 pour cent – avec le soutien de sa femme et d'autres personnes – est un signe de sa «diligence, de son dévouement et de sa foi», ainsi que de son talent artistique remarquable, a-t-il déclaré.
«Lorsque vous traduisez la Bible, il y a de tout, des textes juridiques au récit, en passant par la poésie et les lettres», a décrit M. Orr en entrevue téléphonique.
Une série d'événements auront lieu cet automne pour célébrer la publication, notamment une dédicace à l'Église Unie de Kanesatake le 9 septembre, suivie de célébrations à Montréal et à Caledonia, en Ontario.
M. Gabriel a déclaré qu'il ferait don des bénéfices des ventes de la Bible à des organisations linguistiques autochtones.