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Le chef du Parti québécois Paul St-Pierre Plamondon a suspendu «jusqu’à nouvel ordre» le candidat dans la circonscription Rousseau pour des propos islamophobes qu’il aurait partagé sur sa page Facebook il y a quelques années.
Ce n'est pas un, mais deux candidats qu'a expulsés le Parti québécois (PQ), vendredi, pour des commentaires écrits ou partagés sur les femmes qui portent le voile et sur la religion musulmane.
Après l'avoir suspendu en attendant d'obtenir des explications, le chef, Paul St-Pierre Plamondon, a confirmé que le candidat de Rousseau, Pierre Vanier, ne pourrait pas faire partie du caucus du PQ, s'il est élu. Sa conjointe, Catherine Provost, qui se présente dans L'Assomption, est également exclue, car elle a partagé du contenu similaire, a-t-il ajouté lors d'une mêlée de presse à Tadoussac.
Paul St-Pierre Plamondon exclut Pierre Vanier (Rousseau) et Catherine Provost (l'Assomption) comme candidats pour des propos jugés inacceptables concernant l'islam. #polqc #noovoinfo
— Simon Bourassa (@Simon_Bourassa) September 30, 2022
Les deux candidats bannis ont toutefois refusé de retirer leur candidature. Leurs noms demeureront inscrits sur le bulletin de vote, mais le chef assure qu'ils ne joindront pas le PQ à l'Assemblée nationale s'ils sont élus et seraient considérés comme indépendants. «En aucun cas, ils ne pourront faire partie du caucus.»
Ils seront sur le bulletin de vote puisqu’ils ne se retirent pas personnellement. Mais s'ils sont élus, ceux-ci siégeront comme indépendants.
— Simon Bourassa (@Simon_Bourassa) September 30, 2022
M. St-Pierre Plamondon s'est fait demander s'il n'avait pas pu convaincre les candidats de se retirer comme l'a fait la candidate solidaire Marie-Eve Rancourt, dans Camille-Laurin, qui avait été filmée en train de voler un dépliant promotionnel du PQ. «Je vais le plus loin que je peux dans les pouvoirs que j'ai et dans ce que la loi dit», a répondu M. St-Pierre Plamondon.
Des questions demeurent à savoir si le PQ recevra les subventions pour les votes qu'obtiendront les deux candidats. Même si un candidat ne remporte pas son élection, chaque vote qu'il reçoit procure une subvention annuelle à sa formation politique. «Je vais m'adresser au DGE (Directeur général des élections) pour savoir comment on gère ça.»
DOSSIER | Élections 2022
«On peut débattre de la place des religions tout en étant responsable avec un ton constructif. Ce que je vois sur ces publications Facebook est absolument incompatible avec notre campagne», a mentionné M. St-Pierre Plamondon.
Plus tôt, le chef du PQ a fait part de sa frustration que sa formation n'ait pas eu connaissance des publications avant d'accepter la candidature. «Moi, évidemment je n'en avais aucune connaissance. J'avais beaucoup de difficulté à comprendre qu'on n'avait pas eu cette information-là. Je ne cacherai pas une forme de colère de mon côté», a-t-il affirmé.
À Élections Québec, on ne veut pas commenter de cas spécifique. On confirme que seul un candidat peut retirer sa candidature. Par contre, il n'existe pas de mécanisme pour se désaffilier d'un parti politique pendant un scrutin, a expliqué le porte-parole Gabriel Sauvé-Lesiège.
La réponse du chef du PQ démontre un manque de leadership, croit le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois. «Ce n'est pas une vraie décision. Soit M. Plamondon les garde dans son équipe, dans ce cas-là, qu'il s'assume [...], soit il décide de les retirer de son équipe, mais dans ce cas-là qu'il ramasse pas leur vote. Il ne peut pas faire les deux en même temps.»
Questionnée sur le sujet, la cheffe libérale Dominique Anglade a souligné que ce genre de propos font mal aux personnes visées. Ses tirs ont toutefois visé la Coalition avenir Québec (CAQ) plutôt que le PQ.
«Avec leurs propos controversés des derniers jours sur l'immigration, le chef de la CAQ, François Legault, et le ministre de l'Immigration, Jean Boulet, ont eu un effet néfaste sur le climat politique, selon elle. «C'est ça qui doit changer. Le message, il doit être un message d'ouverture.»
«Pourquoi les femmes occidentales choisissent de se draper dans ces accoutrements? Comme le disait une de mes collègues : elles manquent un 15 minutes de pas cuit dans la caboche...» affirmait M. Vanier dans une publication partagée en 2016.
Une autre déclaration, de 2015 cette fois: «Pour les personnes qui croient les musulmans au Québec quand ils disent qu'ils sont venus ici pour faire une nouvelle vie auprès de nous... L'islam c'est l'islam partout. C'est la même religion, les mêmes lois, et les même buts. Dominer et écraser les infidèles.»
Réagissant aux déclarations de M. Vanier, le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau Dubois a affirmé que ces propos sont «clairement islamophobes» et «antimusulmans».
«M. Plamondon dit souvent qu’il n’aime pas les débats de mots. Ce ne sera pas un débat de mots» a soutenu le solidaire lors d'un point de presse dans la circonscription de Verdun.
«Tout le monde qui veut être québécois peut être Québécois, peu importe leur nom», a-t-il ajouté. Il a dit comprendre que le chef du PQ veuille prendre le temps de parler à son candidat. «La question de fond demeure: est-ce que ça fait partie du projet pour le Québec de M. Plamondon, de taper comme ça sur certains Québécois, juste à cause de la religion?»
Questionnée sur le sujet, la cheffe libérale Dominique Anglade a souligné que ce genre de propos font mal aux personnes visées. Ses tirs ont toutefois visé la Coalition avenir Québec (CAQ) plutôt que le PQ.
Avec leurs propos controversés des derniers jours sur l'immigration, le chef de la CAQ, François Legault, et le ministre de l'Immigration, Jean Boulet, ont eu un effet néfaste sur le climat politique, selon elle. «C'est ça qui doit changer. Le message, il doit être un message d'ouverture.»
Plus tôt cette semaine, M. St-Pierre Plamondon a dû s’expliquer sur les dires de deux candidates sur la religion musulmane.
Des commentaires où la candidate dans Sainte-Rose, à Laval, Lyne Jubinville, critique la religion musulmane en 2011 et 2016 ont refait surface. En 2011, elle avait écrit: «Pourquoi les hidjabs envahissent de plus en plus notre paysage public?» La candidate a précisé qu’elle demeure critique de toutes les religions, mais qu’elle reconnaît le droit de chacun d’exercer sa religion.
Questionné sur les écrits de sa candidate, M. St-Pierre Plamondon avait dit que les déclarations de Mme Jubinville ne sont pas islamophobes. «On ne peut pas mettre le mot “phobie” sur toute critique des religions. Il n'y a aucune façon de viser l'ensemble de ses propos comme visant une seule religion.»
Dans une perspective féministe, faire une critique des religions est légitime, croit-il. «Interroger les religions structurées en institution sur le plan du droit des femmes, c'est une critique qui est nécessaire.»
Un point qu'il a réitéré, vendredi, et qui marque une différence entre les propos de M. Vanier et Mme Jubinville, selon lui. «Un marteau contre la démocratie, c'est vraiment antimusulman.»
Il s'est aussi porté à la défense de la candidate de La Pinière, Suzanne Gagnon, qui se demandait, en novembre dernier, sur les médias sociaux: «Pourquoi les minorités visibles résistent-elles autant lorsqu'elles se font arrêter?»
Le chef a dit que les écrits étaient «maladroits». Il répond que Mme Gagnon reconnaissait le profilage racial. «Ce qu'elle dit, c'est que le profilage racial existe. Clairement, son intention, c'est qu'elle est inquiète des blessures subies lors des arrestations des gens parmi les minorités visibles.»
Les propos de M. Vanier évoquent un problème de société plus large sur le discours politique sur les médias sociaux, croit M. St-Pierre Plamondon. «Les médias sociaux créent ces situations-là où des gens regrettent ce qu'ils ont dit, ce qu'ils ont fait. On le voit sur Twitter la quantité de haine, sur tous les sujets.»
Avec de l'information de Stéphane Rolland pour La Presse canadienne et de Simon Bourassa pour Noovo Info.