Début du contenu principal.
Les informations ont été rendues publiques presque au même moment où le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a procédé à l’annonce de financement supplémentaire afin de prévenir les surdoses liées aux opioïdes.
Les surdoses causées par les opioïdes continuent de faire rage à Montréal et Laval, où les paramédics d’Urgences-santé administrent de plus en plus de Naloxone.
C’est ce que rapporte Radio-Canada qui a obtenu, par l'entremise d'une demande d’accès à des documents, les données concernant les interventions qui ont nécessité du Naloxone, ce médicament qui renverse de manière temporaire les effets d’une surdose d’opioïdes. Les informations ont été rendues publiques presque au même moment où le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a procédé à l’annonce de financement supplémentaire afin de prévenir les surdoses liées aux opioïdes.
Vendredi, M. Carmant était de passage à Montréal afin d’annoncer une somme de 1,45 million de dollars supplémentaires «pour financer les services de consommation supervisée et de vérification de drogues dans la région de Montréal» pour 2023-2024.
Quatre organismes recevront 300 000 $ chacun, soit Cactus Montréal, Spectre de rue, Dopamine et l’Anonyme.
Voyez le récapitulatif de Véronique Dubé dans la vidéo qui accompagne ce texte.
«Un montant de 252 000 $ alloué à la direction régionale de santé publique de Montréal (DRSPM) servira également au développement de nouveaux services de consommation supervisée et de vérification de drogues à Montréal, selon les besoins identifiés par la DRSPM», indique-t-on dans un communiqué.
En 2021, 280 interventions ont nécessité l’usage de Naloxone. Ce chiffre grimpe à 291 en 2022. Pour cette année, pas moins de 163 interventions ont exigé l'usage de Naloxone. À titre comparatif, on dénombre en 2015 au moins 72 interventions d'Urgences-santé nécessitant du Naloxone.
D'après de récentes informations de la vigie des surdoses de la DRSPM, on a recensé en moyenne 14,3 décès par mois en 2022-2023. Il s'agit d'une hausse de près de trois morts par mois comparativement à l'année précédente.
La DRSPM reconnaît l’ampleur du problème. La médecin-conseil en prévention des ITSS et réduction des méfaits liés aux drogues, la Dre Carole Morissette, a affirmé il y a quelques jours que «le marché illicite est extrêmement instable et dangereux depuis la pandémie».
Lors d’une récente entrevue accordée à la Presse canadienne, la directrice générale de l’organisme Spectre de rue, Annie Aubertin, a confié avoir dû gérer de plus en plus de surdoses dans son service de consommation supervisé.
Le financement annoncé vendredi permettra notamment aux organismes Cactus et Spectre de rue de revenir à leurs heures d’ouverture régulières, qu’ils avaient dû réduire, faute de revenus suffisants.
«On revient à la situation qu’on avait avant», a affirmé Annie Aubertin lors du même point de presse.
L’annonce réjouit aussi le directeur général de Cactus, Jean-François Mary. «On était dans une situation de survie, où on coupait des heures, alors qu’autant la fréquentation que les besoins des usagers étaient en augmentation. Le fait de retourner à la normale avec une bonification en plus, pour nous ça change le jeu», a-t-il dit. L’organisme, qui offre une salle de consommation supervisée, reçoit environ 200 personnes par jour.
Aucun des quatre organismes montréalais à qui du financement a été octroyé n'est en mesure d'offrir ses services 24 heures sur 24, sept jours sur sept, pour s'assurer que les personnes consomment des drogues dans un cadre sécuritaire.
«La grande vision qu'on aurait, c'est du 24/7 pour tout le monde», a lancé Mme Aubertin.
Jean-François Mary, Directeur général chez Cactus, estime toutefois qu'«il ne faut pas brûler des étapes et amoindrir la qualité de nos services en voulant aller trop vite», précisant que le développement des services se fera en collaboration avec les usagers.
Il souligne que les centres-villes des grandes villes en Amérique du Nord connaissent une augmentation de la pauvreté extrême, de l'itinérance, de la consommation d'opioïdes et d'anxiolytiques. Et Montréal n'y échappe pas.
«C'est sûr que ce n'est pas cette annonce qui va agir globalement sur ces phénomènes-là. C'est une pierre dans un édifice, mais en même temps, c'est un travail de fond qu'il faut mener», a-t-il affirmé, disant que ce travail prendra plusieurs années.
Benoit Langevin, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’itinérance à Montréal, a critiqué l'annonce qui se résume selon lui à de la «poudre aux yeux».
«C’est des miettes quand on constate l'ampleur et les ravages de la crise de l’itinérance et des opioïdes à Montréal. Le gouvernement du Québec rétablit seulement ce qui a été coupé, il ne répond pas à l’augmentation massive des besoins», a mentionné M. Langevin.
Du côté de l'opposition, on aurait préféré que le financement annoncé vendredi soit remplacé par des «demandes claires». «Combien d’argent est nécessaire pour être en mesure d’offrir des ressources 24/7 ? De combien de travailleurs de rue et d'infirmières supplémentaires avons-nous besoin le terrain?», explique M. Langevin.
Avec des informations de Coralie Laplante de la Presse canadienne