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Même des députés caquistes déplorent le manque de reddition de comptes du gouvernement.
Dans son rapport qui vient d'être publié, la Commission de l'administration publique (CAP), une commission transpartisane, laisse entendre qu'on ne lui permet pas de siéger pour accomplir son mandat.
Un des vice-présidents signataires du rapport est le député caquiste de Portneuf, Vincent Caron.
Or, c'est le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, qui orchestre les travaux à l'Assemblée nationale, qui décide de quelle commission siège et quand.
La CAP aurait pu notamment convoquer la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ) pour les déboires de son virage numérique, et ainsi prévenir les dépassements de coûts avant que le rapport dévastateur de la vérificatrice générale ne les constate récemment, dénonce l'opposition officielle libérale.
M. Jolin-Barrette a balayé du revers de la main les critiques du PLQ dans un message transmis à La Presse Canadienne.
«Déjà lors d’une de ces séances de travail, en 2019, la Commission avait demandé à recevoir un état d’avancement annuel du projet CASA (le projet numérique de la SAAQ)», peut-on lire dans le rapport.
«Avec le rythme de travail actuel de la Commission, l’examen de la gestion administrative de certains organismes remonte désormais à six ans», note-t-on.
«Nous souhaitons saisir cette occasion pour sensibiliser nos leaders parlementaires respectifs à la nécessité de trouver plus de plages horaires dédiées à nos travaux», réclame la commission.
Statistiques à l'appui, l'opposition officielle relève en effet que la commission, chargée notamment de scruter comment l'argent des contribuables est dépensé, siège beaucoup moins depuis l'arrivée au pouvoir de la Coalition avenir Québec (CAQ), en 2018.
Seuls 21 mandats ont été accordés à la CAP depuis 2018, alors qu'en quatre ans de gouvernement libéral, de 2014 à 2018, c'était 54 mandats.
Les auditions sur les rapports du Vérificateur général et du Protecteur du citoyen ont chuté de 68 %, tandis que le contrôle des ministères, lui, a été réduit de plus de la moitié, a déploré le leader parlementaire de l'opposition officielle, Monsef Derraji.
Depuis deux ans, aucun mandat de reddition de comptes n’a été accordé par le gouvernement caquiste, malgré neuf demandes formelles déposées par l’opposition officielle. Des demandes portant notamment sur la gestion de la SAAQ ou du ministère de la Cybersécurité et du Numérique.
Ces refus à répétition ne peuvent être vus autrement que comme une volonté délibérée d’étouffer le débat, juge M. Derraji, qui est député de Nelligan.
«Il y a clairement un dysfonctionnement», a-t-il affirmé dans une entrevue avec La Presse Canadienne.
M. Jolin-Barrette «fait clairement outrage au Parlement», il «n'aime pas la reddition de comptes et a peur des contre-pouvoirs».
M. Derraji estime qu'on aurait pu éviter le scandale SAAQClic et ses dépassements de coûts, si la commission avait pu convoquer les dirigeants de la SAAQ et examiner ses comptes.
La tendance actuelle est «une dérive» des institutions démocratiques qui «mine la confiance» de la population, s'inquiète le député de Nelligan.
«Simon Jolin-Barrette s’en fout, je le vois, il bloque tout», conclut M. Derraji, qui est pourtant son homologue à titre de leader parlementaire de l'Opposition, donc son interlocuteur.
«Il ne veut pas exposer la faiblesse des organismes publics parce que ça va mettre les ministres dans l'embarras, parce que d’autres scandales comme SAAQclic vont éclater.»
Dans une déclaration écrite, M. Jolin-Barrette a répliqué que la CAP a pu se réunir à sept reprises durant la session parlementaire qui se termine vendredi.
«Il est faux de dire que nous ne faisons pas de reddition de compte et nous n’avons aucune leçon de transparence à recevoir du Parti libéral du Québec», a-t-il soutenu.
Il a fait valoir que pour que la CAP se réunisse, il faut concilier l'ensemble de ses membres, qui sont issus à la fois du gouvernement, mais aussi des partis d'opposition.
«L’Assemblée nationale a roulé à plein régime et les commissions parlementaires ont réalisé des mandats importants», a assuré le leader parlementaire du gouvernement.