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Le ministère des Finances prévoit un important ralentissement économique en 2023.
Au moment où les investisseurs s’inquiètent de la stabilité du système bancaire international, prévoir s’il y aura une récession revient à tirer à pile ou face, si on se fie aux commentaires du ministre des Finances, Eric Girard, qui maintient que les probabilités que le Québec tombe en récession sont de 50%.
«Les prévisions économiques, ça fluctue, répond le ministre en conférence de presse dans le cadre du dévoilement du budget, mardi. Il y a dix jours, je vous aurais dit que le scénario à la hausse était plus probable, car les données trimestrielles étaient plus fortes que prévu. Avec l’instabilité récente, je vous dirais que le scénario à la baisse devient un peu plus probable. »
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Le ministère des Finances prévoit un important ralentissement économique en 2023. Le rythme de la croissance du produit intérieur brut (PIB) passerait de 2,8% en 2022 à 0,6% en 2023. La croissance rebondirait à 1,4 % en 2024. «Il est indéniable que la hausse du coût de la vie, la hausse de l’inflation, le resserrement de la politique monétaire ralentissent l’économie mondiale», a déclaré le grand argentier du gouvernement.
Contre ces vents contraires, M. Girard croit que l’effet de la baisse d’impôts promise par la Coalition avenir Québec (CAQ), confirmée dans le budget, «arrive au bon moment» pour stimuler l’économie.
Prévoir si le Québec tombera en récession, qui est définie comme deux trimestres consécutifs de contraction économique, est difficile au moment où les prévisions pointent vers une stagnation de l’économie aux deuxième et troisième trimestres. La croissance économique serait «si faible» qu’il y a presque autant de chances que l’économie soit supérieure ou inférieure à zéro.
En moyenne, le ministère des Finances estime qu’un changement d’un point de pourcentage du taux de croissance du PIB nominal a un effet de 1 milliard $ sur les revenus.
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Le ministère des Finances publie également un scénario pessimiste selon lequel l’activité économique déclinerait de 0,8% en 2023. Une telle contraction ferait augmenter le déficit de 2,2 milliards $ en 2023-2024.
Le ministre estime que les provisions inscrites dans le budget éviteraient au gouvernement de reporter le retour à l’équilibre budgétaire prévu pour 2027-2028. Le poids de la dette par rapport au PIB serait toutefois de 36,5% plutôt que 35,8% dans le scénario de base.
Les prévisions du gouvernement sont légèrement supérieures à la prévisions moyenne des économistes. En moyenne, les économistes du secteur privé anticipent une croissance de 0,3% en 2023 et de 1,1% en 2024.
Au Parti libéral du Québec (PLQ), la porte-parole en matière de finances publiques, Frédéric Beauchemin, a qualifié les prévisions d’«assez optimistes». «Le gouvernement aurait dû être plus conservateur (prudent) et ne pas mettre de lunettes roses.»
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Les difficultés des banques régionales américaines et de Crédit suisse sont une source d’incertitude économique, prévient M. Beauchemin. Il craint que les banques réagissent en resserrant «massivement» l’accès au crédit, ce qui pourrait nuire aux projets de certaines entreprises.
La présidente et directrice générale des Manufacturiers et Exportateurs du Québec, Véronique Proulx, estime, pour sa part, que la vigueur des exportations anticipées (une augmentation prévue dans le budget de 3,7 % en 2024) est contradictoire. Il n’y a pas suffisamment de mesures destinées au secteur manufacturier, qui représente 86 % des exportations du Québec, selon elle.