Début du contenu principal.
«Toutes ces améliorations vont être financées en réductions importantes de l'aide étrangère.»
Un gouvernement conservateur construirait une base militaire permanente à Iqaluit, au Nunavut, et la financerait en réduisant «de façon importante» le budget de l’aide canadienne à l'étranger, a promis lundi Pierre Poilievre.
Lors d’une conférence de presse à Iqaluit, M. Poilievre a indiqué que cette nouvelle base militaire au Nunavut servirait de base aux opérations de l’Aviation royale canadienne pour défendre l’Arctique canadien et aux missions de recherche et de sauvetage. Il a déclaré que cette base serait opérationnelle dans les deux premières années d'un gouvernement conservateur.
«Toutes ces améliorations vont être financées en réductions importantes de l'aide étrangère, a-t-il précisé. En fait, l’annonce d’aujourd’hui réduira en réalité le déficit, car je prévois de réduire l’aide étrangère plus que le coût total de l’annonce que j’ai faite aujourd’hui», a soutenu le chef conservateur.
Selon un rapport parlementaire déposé l’année dernière, le Canada a dépensé 15,5 milliards $ en aide étrangère au cours de l’exercice 2022-2023. Cette enveloppe comprend l’aide internationale dans les zones de conflit comme l’Ukraine, la bande de Gaza et le Soudan, ainsi que la réponse du Canada aux catastrophes climatiques à grande échelle.
M. Poilievre a critiqué lundi les dépenses d'aide étrangère du Canada, affirmant qu'une grande partie de cet argent va «aux dictateurs, terroristes et bureaucraties mondiales».
«On doit ramener notre argent ici, au Canada, pour notre monde, pour notre défense, a-t-il poursuivi. C'est fini de donner notre argent au reste du monde, c'est fini de financer les priorités des terroristes, des dictateurs et des groupes bureaucratiques du monde.»
«Nous avons nos propres problèmes chez nous. Nous avons notre propre arrière-cour à protéger», a-t-il dit.
Lorsqu'on lui a demandé ce que le chef conservateur entendait par «dictateurs» et «terroristes», Sebastian Skamski, porte-parole de M. Poilievre, a fait référence à un discours prononcé devant le caucus conservateur en janvier 2024. Dans ce discours, M. Poilievre critiquait le gouvernement pour avoir contribué au financement de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Plusieurs pays, dont le Canada, ont suspendu le financement de l'UNRWA l'année dernière en réponse aux allégations selon lesquelles certains des employés de l'agence auraient participé à l'attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
L'année dernière, l'UNRWA a enquêté sur 19 membres du personnel après que des allégations ont été soulevées concernant leurs liens présumés avec le Hamas. En août 2024, l'UNRWA a déclaré que même si les allégations contre 10 membres du personnel ne pouvaient pas être prouvées, elle mettait fin à l'emploi de neuf d'entre eux car des preuves suggéraient qu'ils «pourraient avoir été impliqués» dans l'attaque du 7 octobre.
Le gouvernement canadien avait versé 39 millions $ à l'UNRWA en 2023. Ottawa a finalement rétabli ses paiements de 2024 après la publication d'un rapport intermédiaire sur les allégations de liens présumés de l'UNRWA avec le Hamas.
M. Poilievre n'a pas fourni lundi d'estimation concrète quant à l'ampleur de la réduction «importante» du budget de l'aide internationale qu'il propose.
Le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, a déclaré dans un communiqué lundi après-midi qu'il était «encouragé» de constater l'intérêt des politiques pour l'Arctique. Mais il rappelle aussi à M. Poilievre que les décisions concernant le Nord ne peuvent pas être prises sans «une contribution significative» de ses résidants.
Au cours de sa conférence de presse, M. Poilievre a déclaré que les résidants et les groupes inuits seraient consultés sur la construction de la nouvelle base.
M. Akeeagok estime qu'il est plus important que jamais d'investir massivement dans l'Arctique, à mesure que le profil géopolitique de la région augmente, mais aussi de veiller à ce que dans tout ce processus, les besoins des communautés soient satisfaits.
M. Poilevre a précisé que l'annonce de lundi sur la base nordique n'est qu'une partie de sa stratégie arctique et qu'il abordera éventuellement d'autres questions, comme l'économie de la région.
Les Forces armées canadiennes disposent déjà de plusieurs avant-postes et centres de formation dans le Nord, ainsi que la Force opérationnelle interarmées du Nord.
M. Poilievre a aussi promis lundi de doubler le nombre de Rangers canadiens, à 4000 membres, en plus d'acheter quatre brise-glaces lourds — deux pour la Garde côtière canadienne et deux pour la Marine.
Le gouvernement libéral a déjà annoncé l'an dernier que deux nouveaux brise-glaces seraient construits pour la Garde côtière; ces projets sont actuellement répertoriés comme étant «en phase de conception». M. Poilievre a promis que s'il devenait premier ministre, les deux brise-glaces pour la Garde côtière seraient terminés d'ici 2029.
Le chef conservateur a déclaré que sa stratégie de défense de l'Arctique est motivée par un certain nombre de menaces étrangères, notamment la présence croissante d'unités militaires russes et de navires chinois dans la région.
M. Poilievre a par ailleurs précisé qu'il soutenait les initiatives actuelles de modernisation du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD) et qu'il poursuivrait ce travail si son parti était élu. Mais il a ajouté que le Canada ne pouvait plus compter sur les États-Unis pour protéger l'Arctique canadien.
«On ne peut pas dépendre des Américains pour nous protéger: on doit le faire nous-mêmes et on en est capable avec des investissements et avec un plan qui met le Canada d'abord», a soutenu M. Poilievre.