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L’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) souhaite mobiliser l'ensemble de l'expertise scientifique montréalaise en matière d'ARN thérapeutique.
L’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) souhaite mobiliser l'ensemble de l'expertise scientifique montréalaise en matière d'ARN thérapeutique. Pour y parvenir, il annonce la création du Pôle Sidney-Altman en collaboration avec l'Université de Montréal.
La population générale a eu l'occasion de se familiariser avec l'acide ribonucléique, ou son diminutif «ARN», au cours de la pandémie de COVID-19. Les vaccins protégeant contre le virus ont pu être développés dans un temps record en raison de cette nouvelle technologie thérapeutique.
L'IRCM a fait l'annonce officielle de son nouveau pôle de recherche mardi soir à l'occasion du gala annuel de sa fondation. On tenait également à rendre hommage au défunt Dr Sidney Altman, un grand Montréalais auréolé d'un Nobel de chimie, qui fait figure de pionnier dans le domaine de l'étude de l'ARN.
Le directeur de l'Unité de recherche en ARN et mécanismes non codants des maladies, Martin Sauvageau, explique que l'initiative vise à établir un réseau de collaboration entre divers centres de recherche.
Voyez le reportage de François Breton-Champigny dans la vidéo liée à ce texte.
Plus précisément, les établissements impliqués sont le Centre de recherche de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, le Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal, l’Institut de cardiologie de Montréal, l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie et le Centre d’innovation biomédicale.
Concrètement, on veut intégrer toute la chaîne de développement des nouvelles thérapies à base d'ARN, du design jusqu'aux essais précliniques.
«On va donner une expertise et des services pour développer ce type de thérapie-là», explique-t-il. Par exemple, un laboratoire qui aurait ciblé un gène jouant un rôle dans une maladie donnée pourrait bénéficier d'un coup de main.
«Nous, on peut les aider à développer une thérapie ciblant l'ARN contre ce gène-là», précise l'expert en microbiologie et immunologie.
Avec cette thérapie, il est possible d’éliminer ou remplacer des protéines responsables de certaines maladies ou encore l’utiliser pour créer des antigènes, comme ce fût le cas pour les vaccins créés pendant la pandémie.
«Notre code génétique va produire des ARN pour faire fonctionner des cellules et produire des protéines. On arrive maintenant à programmer la thérapie selon la séquence du gène sur lequel on veut agir.»
En plus de contribuer à développer de nouvelles thérapies, l'équipe du pôle Sidney-Altman a également pour objectif de contribuer à pousser plus loin l'efficacité de cette technologie biomédicale.
Martin Sauvageau souligne qu'il reste plusieurs défis à surmonter, dont celui de cibler des tissus spécifiques du corps.
«Beaucoup des drogues (utilisées actuellement) vont aller dans le foie. Si on a une maladie du foie, on peut très bien amener cette drogue-là dans le foie», décrit-il en entrevue à La Presse Canadienne.
«Il y a d'autres tissus aussi qu'on peut cibler, mais pour élargir l'éventail de maladies (qu'on peut traiter), il y a du développement à faire», ajoute le directeur de recherche.
En plus d'appuyer des travaux d'autres centres de recherche de la métropole, l'IRCM planche aussi sur ses propres initiatives. Cinq projets portant sur l'ARN sont en cours dans ses laboratoires.
Ces travaux concernent des thérapies visant à combattre des maladies cardiométaboliques, des maladies neurologiques et des cancers.
«On s’intéresse en ce moment aux "codes postaux" des cellules d’ARN qui peuvent être mal lus par certaines maladies. En gros, on souhaite rectifier ces défauts de transport dans le but de soigner ces maladies», a résumé Éric Lécuyer, directeur de l’unité de recherche en biologie des ARN.
Martin Sauvageau insiste sur le «potentiel énorme» de l'ARN qui permet, en théorie, de traiter n'importe quel gène du génome. «On peut enlever un gène, on peut en remplacer un s'il est manquant, ou on peut le corriger s'il est défectueux», énumère-t-il.
Si cette technologie permet de créer des remèdes rapidement, il reste néanmoins des défis, notamment quant à la fréquence des doses requises. Le pôle indique qu’il travaillera sur ces enjeux dans les prochains mois.
En créant ce réseau de laboratoires, on espère accélérer le processus de développement des nouvelles thérapies en misant sur des efforts concertés.
Avec les informations de François Breton-Champigny pour Noovo Info